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Le rendez-vous ouzbek
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9 mai 2007

Bichkek !

Le grand jour est enfin arrivé : celui du départ pour Bichkek ! A nous les montagnes, les yourtes, les sommets enneigés, les nomades, les chevaux et tout le tintouin ! Nous sommes impatients tant tout l'imaginaire lié à l'Asie Centrale semble nous attendre au Kirghistan ! De plus les deux derniers jours à Tashkent nous laisse espérer une météo enfin clémente de l'autre côté du Tian Shan ! Décollage étant prévu dans l'après-midi il est plus que temps de mettre à sécher le pantalon adéquat pour Marion avant de boucler nos sacs dans la matinée... On est organisé ou on ne l'est pas !!! ... Le résultat est néanmoins satisfaisant : 14,4 kg pour monsieur, 12,2 kg pour madame... Sans nourriture et sans eau ceci dit, détail qui se paiera ultérieurement comme nous le verrons...
C'est alors la routine habituelle du trajet jusqu'à l'aéroport de Tashkent : nous nous rendons au bord de l'avenue Abdulaev, tendons la main, une voiture s'arrête (probablement une Lada...), nous négocions le prix (4000 soums cette fois-ci) et il nous conduit à l'aéroport ! C'est pas plus compliqué que cela.
L'aventure commence avec les formalités de départ dont l'enregistrement est de loin la chose la plus aisée. C'est alors que nous nous rendons compte que nous avons oublié nos formulaires de douane d'entrée sur le territoire... Voilà ce que c'est que de préparer ses affaires au dernier moment ! Si le douanier a envie de nous emm..... il pourra s'en donner à coeur joie ! - Prenant cependant notre air le plus détaché nous nous y rendons et le premier indice n'est pas très encourageant. Le type qui nous précède est un jeune chinois ou coréen qui n'a pas  lui non plus son formulaire d'entrée. Le malheureux a alors le mauvais réflexe d'avouer qu'il l'a laissé dans sa valise ! Le douanier saute sur l'occasion et lui demande d'aller le chercher. Le pauvre garçon tout tremblant a gagné le droit de se lancer dans un parcour du combattant que je préfère ne pas imaginer pour récupérer son bagage en route pour la soute, d'autant qu'il ne parlait pas un mot de russe ! Il a du en baver... Aussi lorsque notre tour arrive nous déclarons tout simplement que nous l'avons perdu et on nous laisse passer le plus tranquillement du monde !!! Fastoche.
Nous attendons longtemps dans le couloir enfumé de la salle d'embarquement, mêlés aux passagers en partance pour Téhéran, jusqu'à ce qu'un type passe les mains en porte-voix en gueulant : "Bichkek ! Bichkek !"; un troupeau dont nous faisons partie se forme derrière ses fesses et nous rejoignons notre avion, un petit coucou d'Uzbekistan Airways, qui décolle bientôt. Le chinois est à bord ce qui prouve qu'il est arrivé à récupérer son bagage ou plus probablement qu'il en a été quitte pour un backshish au douanier.
Le vol se passe sans encombre et nous nous posons à Bichkek sur cette surprenante impression : c'est totalement plat !!! Nous venons dans ce pays de montagne s'il en est et nous nous retrouvons dans un endroit plus plat encore que la Beauce ! C'est quoi cette arnaque ?... J'en suis là de mes considérations lorsque nous découvrons alignés sur le tarmac d'énormes avions-cargos gris estampillés US Air Force ! Je ne vous dis pas les monstres d'avions, ils sont impressionants !!! Il faut savoir qu'à l'origine l'Ouzbékistan avait accepté d'accueillir une base américaine pour permettre à ses derniers de sévir joyeusement en Afghanistan. Mais rapidement le président ouzbek avait fouttu tout ce beau monde dehors, lesquels ont eu vite fait de retrouver un logement à Bichkek ! La petite histoire ne précise pas le montant du "loyer"... Mais je suppose que les chevrolets 4x4 utilisés par le personnel de l'aéroport sur le tarmac ne leur ont pas coûté cher.
La récupération des bagages et le passage de la douane kirghize est une simple formalité, mais nous y rencontrons un français que nous avions déjà croisé lorsque nous avions pris l'avion pour Amritsar ! Un parent d'élève de l'école bossant pour la BERD qui passe un coup de fil pour nous réserver une chambre chez Ismaïl, un algérien bien connu des expatriés de Tashkent car il tient une guesthouse à Bichkek. C'est une rencontre providentielle car les adresses proposées par le Lonely Planet n'avaient pas vraiment soulevé en nous un enthousiasme débordant. Nous passons la douane sans encombre et rejoignons l'extérieur où nous nous retrouvons immédiatement assaillis par une meute de chauffeurs de taxi qui nous proposent leurs onéreux services (tout restant évidemment relatif). L'un d'entre eux nous prend quasiment en charge pour nous amener au bureau de change de l'aéroport où le caissier débordant de malice et de sympathie me change joyeusement 20$ en déballant fièrement les 3 mots de français qu'il connait. Puis notre chauffeur de taxi nous ramène illico vers son véhicule tandis nous lui expliquons que c'est trop cher et que nous désirons prendre le bus ! Il ne nous en tient pas rigueur et, beau joueur, nous emmène au bon bus (20 soms) et nous regarde partir en nous saluant ! Fichtre ! Ils sont bigrement sympatiques ici ! Une impresion que ne se démentira jamais tout au long de ce séjour.

Les kilomètres qui nous amènent à Bichkek nous fournissent nos premières impressions : c'est moins sale, ou plutôt exactement moins triste qu'à Tashkent, et le parc automobile est très varié. A Tashkent c'est Lada ou Daewoo, ici il y a de tout : Wolkswagen, Toyota, Mazda, Ford, Fiat,Mercedes, BMW.... Ca n'a l'air de rien mais nous verront que c'est déjà tout un symbole sur l'état d'esprit et l'ouverture des deux pays. L'Ouzbékistan est un pays mou qui sommeille écrasé par un système et un régime archaïque ; le kirhistan lui vit, s'agite et dégage un dynamisme que permet un régime beaucoup plus souple quoiqu'encore largement perfectible.
Ici la circulation est dense et la ville bouge et vit, elle est propre et les enseignes lumineuses clignotent de toutes parts ! Là encore le contraste entre ces deux capitales centrasiatiques est flagrant ! Au loin nous devinons finalement les hautes montagnes enneigées qui se cachent de leur mieux derrière des brumes de chaleur. - En revanche, comme à Tashkent, la ville est constituée de larges et longues avenues soviétiques, destinées à l'origine à faciliter l'entrée et les manoeuvres des chars si besoin s'en était fait sentir !... Par contre les affreuses barres de "HLM" en béton de la capitale ouzbèke sont rares. Au contraire de nombreuses maisons ont un style russe évident avec un rez-de-chaussé en briquettes et un étage en bois parfois peint avec de ravissants balconnets plus ou moins sculptés. C'est adorable et cela fera naître quelques idées d'aménagement de notre future grange pyrénéenne. - C'est également à Bichkek que nous découvrons les premiers troupeaux de moutons avec gardiens montés sur des chevaux et kalpak sur le crâne !
Une fois descendus du bus (à Och Bazar) nous entrons enfin en réel contact avec la ville peuplée de gens souriants, joueurs, joyeux (là aussi, qu'elle semble loin la tristesse ouzbèke !), prévenants et aimables. Les regards sont vifs, ça sent la vie et la liberté ! Tant de changement en si peu de distance... Les amoureux se tiennent par le cou et s'embrassent, les enfants jouent sur les trottoires à trappe-trappe, à la marelle ou à se balancer des coups de poings... Ca vie, ça vibre ! Bichkek nous emballe immédiatement ! Mais pourquoi diable l'école française n'est-elle pas plutôt ici, à Bichkk, plutôit qu'à Tashkent ?!!
Nous cherchons notre bus et demandons à quelqu'un ? Celui-ci s'empresse de partir à la recherche de l'info pour nous ! Nous voulons aller à la rue "Kourinkieva"? Une femme aux pomettes hautes et aux yeux tirés avec son bébé dans les bras nous propose illico de la suivre puisque c'est là qu'elle se rend elle même !
C'est ainsi que nous descendons avec elle, à la tombée de la nuit, dans une ruelle sombre qui porte le bon nom. Le seul hic c'est que nous cherchons le n°195 et que nous sommes au n°16 ! 2km à pied, ça use, ça use !!!!...Pourtant la femme nous emboite le pas avec son bébé sur les bras et il faudra que nous l'invitions à rentrer chez elle pour qu'elle renonce à nous accompagner jusque là-bas ! Quelle gentillesse ! Merci encore à elle pour son aide.
Lorsque nous arrivons enfin au n°195 c'est la douche froide : c'est la Fédération Kirghize de Football ! Adieu le B&B de nos rêves ?!! Avant de nous avouer vaincus et de nous coucher dans le caniveau nous filons au resto illuminé à quelques mètres de là.... Le gîte de "Momo" ? Bien sûr qu'ils connaissent, et comment ! Momo c'est leur copain ! Et l'un d'entre eux de nous accompagner jusqu'à la frille d'entrée de cette énorme barraque qui porte le numéro 185 ! Vu la barraque, le Momo en question est tout sauf un malheureux !
Nous sonnons et c'est un type super sympa qui vient nous ouvrir accompagné par une meute de chiens joyeux dont Zozo n'est pas le moins turbulent ! C'est encore un jeune chien joueur mais il est pénible à nous sauter dessus sans discontinuer...Dans la cour trône un énorme bus 4x4 estampillé "Raid Gauloise", tout un programme et une pensée émue pour le Nem... On y trouve aussi 2 bustes de Lénine (dont l'un est coiffé d'un casque spéléo ("Ecrin Roc"pour les passionnés) sur fond de drapeau rouge à la faucille et au marteau ! Momo m'a tout l'air d'être d'un sacé nostalgique ! Pourtant il s'est magnifiquement reconverti au capitalisme si j'en juge par le prix de son gîte : 30 euros, c'est quand même très cher pour une nuit en semi-dortoir (mais nous sommes les seuls clients) au Kirghistan...
Nous apprendrons le lendemain qu'Ismaïl (Momo) est un algérien qui vit dans les ex-républiques soviétiques depuis Brejnev !!! Je me permets de supposer qu'à, la suite de l'indépendance algérienne et dans le cadre du rapprochement de ce nouveau pays indépendant avec l'URSS il a du faire partie de certains dispositifs d'échanges et de coopération entre les deux pays. Une fois l'URSS disparue, ledit Ismaïl a eu vite fait de se reconvertir et de s'adapter à merveille au système capitaliste. Dans les pays de l'ex-URSS les systèmes ont parait-il changé, mais ceux qui tirent les marrons du feu restent néanmoins les même...

Reconnaissons néanmoins que sa Guest-house est très chouette et agréable, nous y sommes très bien installés et le gardien kirghize est absolument débordant de gentillesse. Il nous accompagne d'ailleurs jusqu'au resto voisin pour nous recommander au patron ! Le resto est lui même très chouette dans son ambiance discothèque ! Nous y prenons un excellent repas kyrghizo-kazaque en nous délectant du spectacle de 3 filles qui dansent bientôt rejointes par 2 types (dont l'un a tout a fait mon style sur une piste de danse : sûr de lui, déhanché ravageur, rythme dans le sang !..... Mains dans les poches et un vague pied qui bouge maladroitement...). Ca danse ! Ca danse sec !!! sur la musique tantôt classique tantôt locale. Nos 5 danseurs sont bientôt complétés par un couple d'une 50aine d'année dont la femme semble ravi et le type est irrésistiblement drôle ! Il danse joyeusement et possède une botte secrète qui consiste en un lancé de talon dantesque, probablement issu d'une quelconque danse kyrghize traditionnelle... Bref, nous prenons un repas inoubliable ! D'autant que le patron est aux petits soins pour nous, me traînant même en cuisine pour que je puisse choisir  plus aisément ce que je veux dans nos crêpes !
Je juge prudent de demander à Marion de retenir le mot crêpe en russe : blinchis, et le hasard faisat bien les choses elle le retiendra à la première écoute !!! Allez savoir pourquoi ?... Finalement le paron nous raccompagnera jusque dans la rue en nous serrant chaleureusement la main, à tous les deux ! Ca aussi ça change de l'Ouzbékistan où seul l'homme a la paluche serrée ! - Nous rejoignons notre guesthouse où Zozo le pénible sévit de nouveau jusqu'au seuil de nos appartements ! La douche est chaude et nous nous couchons après avoir fait le tour de toutes les chambres munies de jolis tapis de laine tassée pour nous délecter des superbes photos accrochées aux murs et qui nous promettent tant d'émerveillement pour les prochains jours...

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Commentaires
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WAOUUUUUUUU !!! Nous voilà repartis pour de nouvelles aventures : ce stand-by nous a fait saliver mais je crois que nous allons en avoir pour notre curiosité....
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