Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le rendez-vous ouzbek
Derniers commentaires
11 mai 2007

De Bichkek au lac Yssik-Kul: (mar 10/04/07)

                        Quelle excellente nuit nous passons dans nos ravissants draps à fleurs, preuve qu'il ne sert à rien de roupiller sur le dernier Epéda : une planche de bois, un bloc de mousse et un sommaire matelas ouzbek et le tour est joué ! Un brin de toilette vite expédié et nous pouvons partir déjeuner royalement avec l'incomparable bonheur de nous délecter de délicieux croissants ! Les premiers depuis 8 mois ! Allah est grand !...C'est donc la panse bien remplie que nous pouvons affronter cette 1ère journée kirghize.

                     Une fois franchi l'obstacle de l'infernal et bondissant Zozo, le tenancier de la guesthouse, sympathique en diable, a l'obligence et la délicatesse de nous accompagner à l'arrêt de bus ainsi que de nous désigner le bon véhicule non sans passer les consignes au chauffeur afin qu'il nous dépose à l'endroit le plus approprié compte-tenu de nos aspirations. En effet notre objectif est de trouver les cartes qui nous permettront d'errer plus au moins au hasard une fois vers Yssik-Kul.
                   Aussitôt déposés au centre-ville, nous nous régalons de la population locale, joviale et vivante, ainsi que des nombreux IMG_1358chapeaux traditionnels kirghizes qu'arborent de très nombreux hommes ! C'est d'ailleurs assez surréaliste ! Nous croyions benoitement que le kalpak ne se rencontrerait plus guère que dans les coins reculés des montagnes kirghizes, nous sommes donc pour le moins surpris qu'il ait droit de cité en plein coeur de Bichkek. C'est un ravissement car il faut bien reconnaître le caractère pittoresque du couvre-chef en question ; en feutre, il monte haut au dessus de la tête en se rétrécissant ; un ourlet noir à la base vient lui donner un air de bonnet de Robin des bois tandis que des motifs kirghizes, toujours les même semble-t-il, sont brodés sur les côtés.(cf. photo ci-contre...)
                    Mais toujours en quête de cartes, nous nous frayons un chemin jusqu'au traditionnel « Tsoum », sorte de grande surface à la mode centrasiatique (héritage soviétique ?). En gros, le Tsoum, c'est la version kirgize des Nouvelles Galeries (autre chose que le poussiéreux et sombre bouïbouï de Tashkent) lequel est d'ailleurs muni d'un véritable rayon librairie ! Là encore c'est une révélation quand on pense à l'extrême pauvreté ouzbèke en la matière. A Tashkent, trouver autre chose que les oeuvres du président Karimov relève de l'utopie ; ici on trouve un peu de tout ! Nouveau signe de liberté et d'ouverture que leurs voisins occidentaux n'ont pas. Mais il ne fallait pas trop en demander, pour ce qui est des cartes, ce n'est pas la bonne adresse...
                        La bonne adresse en revanche, c'est GEOID, sur l'avenue Kiev ! Certes il faut trouver puisque ce bureau est situé à l'étage d'un immeuble d'habitation dans un couloir tout ce qu'il y a de plus anonyme. Seule une pancarte noyée au milieu d'autres pancartesIMG_1352 informent le passant concentré à l'extrême que c'est ici que ça se trouve ! Mais alors quel bonheur ! Des cartes ! Enfin !.... Nous sommes encore bien loin des cartes IGN au 25.000ème mais tout de même : trouver des cartes au 200.000, 100.000, et même 50.000ème pour les plus précises, c'est presque un rêve lorsqu'on arrive d'Ouzbékistan où trouver une carte au 500.000ème est déjà un exploit à la limite de l'espionnage !!! - De plus le bonhomme qui assure la permanence, seul avec sa théière dans ce minucule bureau où il doit se faire gravement chier à longueur de journée est éminemment sympathique et accueillant. Nous y achetons 3 cartes en nous promettant d'y refaire un tour au retour pour préparer notre trek de juillet. Quel bonheur ce pays où il y a des cartes !!!!

La première mission accomplie nous nous mettons en devoir de réussir la seconde : passer au Community Based Tourism (CBT), un organisme qui regroupe l'offre touristique des habitants dans les coins reculés. Une innitiative heureuse et qu'il faut encourager puisqu'elle vise à faire profiter la population locale de la manne touristique au lieu d'engraisser encore et toujours les même grosses structures internatinales... Malheureusement une fois arrivés à l'adresse indiquée par le Lonely Planet (à l'arrière d'un batiment anonyme et dans une cour transformée en décharge) on nous informe que le CBT a changé d'adresse. Gentillement une femme aux traits mongoloïdes très prononcés (très kirghize en somme) parvient néanmoins à nous communiquer la nouvelle adresse au 164 de la rue Gorki. Au prix d'une traversée de la ville en minibus puis d'une très longue marche nous nous y rendons...pour rien.... Pas plus de CBT ici que de cheveux dans ma frange !...
                    Tant pis pour le CBT (dont le site Internet s'avère en outre inaccessible), nous décidons de nous replier sur l'office de tourisme. Retour sur l'avenue principale : Chouï Prospekti que nous remontons en pasant notament sur une granbde place résolument soviétique dans la conception avec gros cube de béton d'un style très « palais de l'amitié des peuples », drapeau national fièrement dressé et gardé par deux militaires immobiles et statue à la gloire du pays qui n'a détrôné celle de Lénine que depuis 4 ans paraît-il ! L'office de tourisme de Bichkeke, il faut le savoir, n'est d'aucune utilité si ce n'est de nous donner l'adresse de CBT..... 65 rue Gorki !.... Mais zut ! On en vient ! Et ça fait 2 fois qu'on traverse la ville pour rien. Personnellement j'en ai ma claque, ras-le-bol qui aura raison de la volonté de Marion toujours partante pour abattre les kilomètres les plus pénibles..... Elle fera moins sa maline Tchonk Aak Suu !.... On y reviendra... lol !
                    C'est donc le chemin du retour vers la guesthouse que nous entamons ce qui nous amène à passer devant deux bonne-femmes qui ont étalé sur le trottoir moulte chiffonerie. Nous nous y attardons : ce sont des tissus décoratifs de yourte et autres tours de portes (double au moins !) magnifiquement brodés ! En plus ce n'est pas cher du tout. Là encore nous nous promettons d'attendre le retour pour investir car pour le moment, acheter est synonimme de porter sur son dos...

 

 

 

Le retour à la Guesthouse se fait sans encombre et cette fois-ci Ismaïl en personne, le patron est là. Un groupe de jeunes parlant tous français avec plus ou moins d'accent est là, nous apprenons que ce sont des guides et futturs guides du tour opérator d'Ismaïl qui sont en formation ! Je reste sceptique face à une espèce de cagole à la mode russe. Elle sur un sentier de randonnée ? Ca paraît hautement improbable, et pourtant !... Je discute aussi un peu avec l'un d'entre eux en parlant vaguement de mon désir de réintroduire la raquette à neige en Asie Centrale ce à quoi il répond que pour lui, la raquette et le ski de rando sont des rêves... Et oui ! Je suis un visionnaire !!! lol.
                      Puis nous montons voir Ismaïl dans son bureau où un type aussi bedonnant que sympathique lui tient compagnie (un ancien attaché français de la Défense à Bichkeke si j'ai bien compris). Notre discussion vole du Raid Gauloise qu'ils ont organisé il y a quelques années, au trek au Kirghistan (cartes à l'appui) en passant par mes idées raquettes qui me vaudront de me voir donner sa carte de visite.. Sait-on jamais même si je n'ai pas un super feeling.- Nous dérivons alors sur les mérites respectifs des 4x4 Lada (en résumé de la vraie merde...) et de l'Oural (le fourgon russe 4x4 avec lequel nous voudrions rentrer en France) qui est en revanche jugé excellent et increvable ! Tant mieux ! - Nous payons alors la douloureuse avant qu'Ismaïl nous propose gentillement de nous emmener à la gare routière.
                        Pour tuer le temps nous rejoignons les jeunes en formation qui visionnent un film sur un trek de français au Kirghistan audrapeau_kirghize mius de septembre. Une phrase revient sans cesse sur le documentaire : « il pleut et il fait froid »... Tout un programme...Mais quelle magie dans les paysages ! Nous ne pouvons cependant pas regarder jusqu'au bout car Ismaïl part et nous emmène dans son 4x4 dont le volant est à droite car « acheté au Japon », j'appends ainsi que les japonais roulent à gauche...Chemin faisant il nous parle du Kirghistan et avec une certaine suffisance pour ne pas dire mépris se gausse de la révolution prévue demain contre les dirigeants ultra-corrompus du régime ! Il nous dit que le Kirghistan est un pays libre, que la presse ne comporte quasiment que des sortes de Canard Enchaîné, etc, etc... Nous aurons d'autres sons de cloche ultérieurement.
                        A la gare routière il nous met gentillement dans le bon bus qui démarre prsque aussitôt et quitte la capitale kirghize en passant au pied d'une gigantesque usine datant probablement de l'ère soviétique et qui est dominée par une cheminée titanesque flanquée de trois autres plus petites, dressées comme des minarets au dessu de Bichkek ! Elles fument encore preuve que pour une fois elle est encore en activité.

Une fois sortis de la ville nous traversons une vaste plaine couverte de champs et de rizières qui tous sont irrigués par des conduites à ciel ouvert et des tranchées savament organisées. Partout le paysage est parcouru par des cavaliers confirmant le rôle majeur joué par le canasson dans la société traditionnelle kirghize à l'origine très largement nomade. Les ruisseaux bordés de verdure tendre accueillent les joyeux plongeons et jeux des enfants du cru et les ravissantes maisons à l'inspiration russe avec ces étages en bois finissent d'enjoliver le tableau. - Finalement nous quittons la plaine (enfin !) pour entrer dans une petite gorge pas très encaissée bordée de collines verdoyantes aux allures de steppe ! Le voyage commence ! Enfin presque car l'omniprésence des poteaux électriques empêchent encore de s'y croire vraiment !... Les paysages sont plaisants ce que ne pourra confirmer Marion qui dort sur son siège. La rivière se faufile relativement paisiblement en ondoyant entre de petites falaises blanches (ou parfois rouge vif !) curieusement érodées surmontées de étendues maintenat pelées elles même chapeautées de sommets enneigés culminants sans doute autours de 3500m et plus.
                    Et puis nous quittons le défilé, le paysage s'applatit en même temps qu'il s'élargit et nous débouchons sur l'extrémité occidentale du lac Yssik Kul aux allures de mer aux eaux sombres. Perché à 1600m d'altitude ses 170km de long, 70km de large (on y ferait tenir la Corse !) et 700 m de profondeur en fond le second plus grand lac alpin du monde après le célébrissime Titicaca ! Le paysage immédiat est curieusement tout plat même si il est bordée au Sud et au Nord par 2 très hautes chaînes trônant majestueusement au dessus de 4 et 5000 mètres. Mais le temps très brumeux nous empêche de les voir très distinctement otant sans doute beaucoup au panorama...D'autant que la nuit tombe bientôt.

Nous avions prévu de descendre au village de Tamtchi mais lorsque nous l'atteignons il ne nous plait guère : il fait noir, il n'y a rien, c'est tristounet, à tel point que la question se pose de savoir si on descend là ou pas. Et c'est finalement l'absence de décision qui fait que nous trouvons toujours dans le minibus lorsqu'il repart ! Le hasard fait parfois bien les choses car en réalité nous souhaitionsIMG_1360 tous les deux pousser jusqu'à Cholpon-Ata. Nous y arrivons peu après alors qu'il fait cette fois nuit noire et devons marcher ½ heure en arrière à travers cette ville-rue bordée de bars et restaurants (preuve de l'activité de cette station balnéaire en été)  pour trouver pension. Après de longues recherches infrutueuses pour trouver une adresse nous aterrissons sur Un B&B où nous sommes accueillis  pas une très gentille femme, Tania, qui nous fait déloger un canadien du seul grand lit du lieu et le reloger dans un petit lit dans la pièce d'à côté.
                    Nous filons estomac à terre vers le restau le plus proche et nous laisson aller à la folie d'un poisson ! Là encore, 8 mois sans poisson nous le rende succulent d'autant plus qu'il l'est ! Un repas qui nous reviendra à 600 soms soit 12 euros. Pour ce prix nous aurons droit au spectacle des 4 femmes de la table d'à côté (dont l'une avec son bébé) qui se rincent le gosier à grand renfort de verres de vodka bus cul-sec les uns derrière les autres, dont un à notre santé!... Toute une culture !...

De retour à la pension nous faisons la connaissance de Tom, le canadien délogé, et entamons la discussion avec lui tandsi que la patrone et son gosse regardent « l'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux » dans notre chambre... La petite soixantaine, pas rasé, un peu bizarre mais quand même sympathique, cet ancien patron d'usine de je-ne-sais-quoi voyage depuis 9 ans avec pour tout bagage un minuscule sac à dos ! Pour être plus exact il voyage depuis 9 ans en rentrant néanmoins 4 mois au Canada chaque année... Je suppute que c'est un de ces types qui a consacré toute sa vie au travail au point de finir seul et qui n'a pas supporté l'inactivité de la retraite... C'est en tout cas l'impression qu'il nous fait.
                    Enfin nous filons à la douche dans un cabanon au fond du jardin (qu'il ne faut pas confondre avec la cabanon suivant auquel il manque une planche au plancher pour qu'on puisse se soulager les intestins dans la fosse qui est creusée dessous !). La douche est exquise bien que le pomeau de douche refuse ostinément de rester attaché au tuyau, mais bon, on est aventurier ou on ne l'est pas !!! lol, lol,lol... Enfin nous pouvons nous coucher sur une literie datant probablement d'avant l'Antiquité mais qui ne nous empêchera pas de passer une excelente nuit. Pas avant de nous être penché sur les cartes pour nous endormir l'esprit plein de parcours imaginaires et flous. Demain lever 9h00 ! Les piétroglyphes n'ont qu'à bien se tenir...

 

Publicité
Publicité
Commentaires
K
Effectivement si vous marchez demain jusqu'à Tchonk Aak Suu il y a une trotte..... mais sûrement aussi quelques anecdotes.....
Le rendez-vous ouzbek
Publicité
Newsletter
Publicité