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Le rendez-vous ouzbek
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16 mai 2007

Cholpon Ata (mercredi)

Ce matin là, nous sommes réveillés par les allers-et-venues en plein milieu de notre chambre du gamin de Tania (la patrone). Agé d'une dizaine d'année nous l'avions retrouvé la veille au soir en train de regarder la télé avec sa mère dans notre piaule ! Et ce matin, il yIMG_0312 déambule comme dans un moulin pendant que nous tentons de dormir..... C'est quand même incroyable non ? Mais bon, ça a l'air normal... Et pour tout dire ça nous fait plus sourire qu'autre chose. Ce qui nous fait moins sourire en revanche c'est le bruit des voitures dehors : a-priori, il pleut.
Finalement Tania frappe à notre porte à 8h00, dès fois qu'on se serait rendormi, pour nous convier au petit déj' que nous avions demandé pour 9h00 ! C'est scandaleux !!! Appelez moi la Direction ! lol  - En gros blaireaux que nous sommes il nous faudra encore 4 jour pour nous apercevoir qu'il y a 1 heure de décallage horaire avec Tachkent...
Nous nous levons donc puisqu'on ne nous laisse pas dormir et je coure dare-dare vérifier : il pleut... Nous n'avons donc d'autres recours que de nous venger sur la nourriture ! (oui, bon... Toute les prétextes sont bons!) Au menu : Yssik-Kuli plov (de bon matin, ça cale le bonhomme), pain, gateau, fruits secs, biscuits au sésame, etc... Autant dire que c'est copieux et plus d'être excellent. "Petit déj' pluvieux, petit déj' heureux !" prétend un vieux proverbe personnel. Nous le faisons traîner en longueur en discutant avec Tania et Tom (le canadien) de Kirghistan et de voyages. Nous exposons d'ailleurs notre programme du jour : les pétroglyphes qui sont situées à 3 ou 4 km et la découverte de Cholpon-Ata... Tom est intéressé par le premier volet, aussi lui proposons nous de nous y accompagner.

LES PETROGLYPHES :

Heureusement la pluie a cessé et si le ciel reste menaçant on semble y deviner une amélioration. Nous partons donc tous les trois en demandant le chemin à des locaux qui visiblement ne savent pas de quoi on parle. C'est finalement un flic tout heureux de nous parler qui nous mettra sur le bon chemin, comme quoi ils sont parfois utiles ! La marche est aisée et prend une petite heure, ce qui est bien suffisant pour constater que Tom boîte poussant parfois même de petits cris.... Ca surprend !... Nous apprendrons en discutant qu'il a un problème de hanche et qu'il se IMG_0292fera opérer dans les tout prochains mois lorsqu'il rentrera au Canada. - Néanmoins, non content de boîter et de geindre, Tom a aussi l'incomparable talent de rôter comme une harde de Huns et de cracher à en faire pâlir de jalousie le lama le plus renfrogné...
Nous atteignons le site archéologique qui consiste en un vaste champs herbeux presque plat entièrement semé de rochers venus d'on ne sait où, probablement charriés là par d'anciens glaciers aujourd'hui disparus. Il doit faire pas loin d'1km2 et l'on peut voir qu'il, a anciennement été aménagé, des piliers en ciment ceinturant le site (ils ont dû supporter naguère du grillage ?) et une pancarte à moitié décrépite en marquant l'entrée. Le Lonely annonçait une entrée payante mais l'info doit dater de Manas (le héro historique kirghize) tant les maigres infrastructures semblent abandonnées. Ou alors ils mettent un type avec une casquette en pleine saison ??? - Un peu plus loin une immonde carcasse de bâtiment en béton à l'abandon depuis des lustres rappelle que les soviétiques ne s'embarrassaient guère d'esthétisme !
Notre démabulation au milieu de ce dédale de rocher est inoubliable : c'est en somme un véritable jeu de piste où il nous faut découvrir les pétroglyphes ! Et c'est l'émerveillement ! Au hasarsd des blocs nous pouvons découvrir ces extraordinaires gravures scythes (800 ans av.JC) mais les plus anciennes datant de 1500 av.JC ! Toutes représentent des animaux allant du bouquetin au chameau en passant par le loup, le léopard des neiges, les cerfs et même un chasseur tuant sa proie. On peut encore deviner des cercles de pierre, des tumulus, des sortes de cromlechs montrant que le site devait aussi avoir un rôle religieux mystérieux en des temps reculés. 
Au détour d'un talweg où serpente un minuscule ruisseau verdoyant au charme ravageur c'est le pompon : nous tombons face à face avec de petites statues-menhirs plantées au milieu de cet incroyable endroit ! Elles sont magnifiques et représentent un soldat ou encore unIMG_0298 type moustachu ou encore un personnage tenant une fleur (ou une coupe ?). Le tout sous l'oeil indifférent d'un troupeau de magnifiques chèvres aux poils longs et ondoyants gardées par un berger aux 3/4 endormi et coiffé du Kalpak. L'endroit est absolument magique.
Marion finit par disparaître je ne sais où tandis qu'avec Tom nous ratissons méthodiquement les lieux en quête des gravures les plus remarquables. - Pour achever le tableau la lumière est magnifique avec le soleil qui prend peu à peu possession de l'espace et grignote peu à peu les nuages et le lac Yssik Kul dont les eaux foncés précèdent la barre blanche de la rive opposée à plus de 80km d'ici. C'est grandiose ! Il aurait été facile de passer la journée entière en ces lieux enchanteurs mais nous avons encore tant de choses à voir... Nous partons presque à regret bien que nous ayons pris notre temps pour visiter le site.
Le retour semble éprouvant pour Tom qui boîte de plus belle et ahanne de plus en plus. Chemin faisant et tout en regardant à travers les champs les enfants qui rentrent de l'école nous discutons de ses voyages puisqu'il erre depuis 9 ans à travers le globe ! L'Iran et le Pakistan sont des pays où il est très facile de voyager et où il a eu les accueils les plus chaleureux ! Ce n'ests pas la première fois que nous l'entendons dire, nous le rangeons donc dans un coin de notre tête. Mais pour le reste Tom semble être un homme terriblement blasé qui n'arrive plus à s'émerveiller de rien. Son désenchantement nous déroute. S'il n'y trouve plus rien pour s'extasier pourquoi voyage-t-il encore ? Nous concluons qu'il doit s'ennuyer à mourir et qu'il fuit sa retraite comme il le peut. C'est fou quand même ces gens IMG_0294qui ne savent pas vivre sans se noyer dans le travail...
Nous arrivons enfin à la guesthouse. Je dis enfin, je parle pour Tom qui immédiatement se jette à corps perdu dans une petite sieste réparatrice tandis que nous nous lançons dans de grandes discussions avec Tania qui est une femme accueillante et gentille mais aussi une mine de connaissance sur la région où elle organise aussi des randonnées à cheval. Penchés sur les cartes (à l'inverse des ouzbeks il semblerait que les kirghize sachent s'en servir) ele nous donne de précieux tuyaux et nous montre des photos de chaque endroit que nous désignons sur la carte. Cest confortés par elle dans notre idée initiale que nous opterons le lendemain pour la vallée de Tchon-Aak-Suu... - Puis tom se réveille et s'en va pour Karakol non sans que nous ayons donné notre téléphone à Tachkent si d'aventure il venait à y passer.

CHOLPON-ATA :

Pour notre part nous choisissons de partir sur la plage de Cholpon-Ata puisque cette ville est  à la base une station balnéaire très prisée à l'époque soviétique et qui a su garder une certaine activité notamment avec les riches kazaks. Aussi surprenant que celà puisse paraître ce gigantesque lac perché à 1600 m constitue une véritable mer intérieure dont les eaux sont les plus pures du monde puisqu'on peut parait-il voir très nettement les fonds à plus de 20 de profondeur ! En été la température de l'eau atteint jusqu'à 24-25°C !
En route pour la plage par des chemins nous passons devant un grand mur d'enceinte enfermant de curieux et déroutants bâtiments ronds dans un style de inspiré des yourtes, tous identiques mais arborant chacun sur leur flèche des symboles religieux tous différents : la croix orthodoxe, la croix catholique, le croissant musulman, l'étoile de David des juifs et d'autres symboles non-identifiés.... Qu'est-ce que c'est que ce curieux endroit. En front de mer de cet étrange ensemble deux gros batiments cubiques et moches abritents des yourtes.... Nous ne saurons jamais ce que c'est que ce truc !
Au bord du lac dont les eaux sont bien moins froides qu'on aurait pu le penser alors qu'elles sortent tout juste de l'hiver, un ponton sertIMG_0310 de canne à un gros bateau qui a un look à promener des touristes en saison. Nous voilà donc sur la plage de cet immense lac dont on ne voit pas le bout et dont le sable subit le rythme de petites vagues qui clapotent. Il parait qu'en certains endroits et par grosses tempêtes, le lac soulève des vagues de 5 mètres !!!! C'est une vraie mer ! Jusqu'à cette plage très longue et large, semée de cabanes pour se changer, de sortes de tables-parasols et de sortes de Tchaïxhana en métal multicolores ! Nul doutes qu'en été il doit y avoir du monde. Mais là nous sommes seuls à nous prélasser sur le sable tandis que des cavaliers passent de temps à autres. Ainsi couchés sur la plage dans nos gore-tex, avec le clapotis des vagues, on pourrait réellement se croire sur un bord de mer par une belle journée d'hiver. Ne manquent que les mouettes... C'est donc tout naturellement que je me retrouve à parler longuement de la Corse : des Agriates, du Cap Corse et de la vallée du Giunssani en particulier... L'après-midi se passe ainsi, à rêver sur les bords du lac Yssik-Kul. Nous avons encore tant de rêves, grands ou petits, à accomplir !
Nous finissons cependant par partir par une sorte de parc où nous croisons un petit groupe de sportifs et sportives. Ce sont des lanceurs de javelot et de poids affutés comme des lames de rasoir avec un vieux qui est visiblement leur entraîneur. Ca n'a pas l'air de rigoler et l'aisance avec laquelle ils propulsent les poids à des distances invraisemblables laissent penser qu'ils ne sont pas là pour amuser la galerie. Passent alors plusieurs groupes d'autres sportifs qui trottinent : tous ont des équipements floqués "Russia" et tous sont taillés à la serpe. Il évident que nous avons à faire à du haut niveau ! Serait-ce carrément l'équipe de Russie d'athlétisqme qui serait en stage d'oxygénation ? Je me plait à le croire... ET puis ça ne coûte pas cher !
Plus loin nous passons devant une sorte de grand hotel pas très beau mais paisible et qui doit néanmoins être un lieu de villégiature chic compte-tenu des canons de l'architecture soviétique. Devant se trouve un groupe de vieillards qui discutent sur un banc en nous regardant passer, l'un d'entre eux en survêtement et Kalpak sur la tête est tout particulièrement amusant. Le kalpak est décidément mis à toutes les sauces : du costard au survêt, avec le kalpak tout est bon !
IMG_0420Nous arrivons ainsi à la sortie du complexe où trône une fière statue de Lénine prouvant qu'ici aussi on a gardé une certaine nostalgie de l'URSS et qu'on n'a pas brûlé les idoles d'alors. Il faut bien conclure que l'URSS n'était peut-être pas uniquement  l'enfer décrit par notre propagande occidentale ? Après tout la propagande était-elle moins forte dans notre sens que dans le leur ? - Poursuivnat notre cemin c'est cette fois ci devant une école de cirque à l'abandon que nous passons. Tout est délabré à l'exception de la structure métallique d'un chapiteau, peut-être est il encore en fonction en saison après-tout ?
Rejoignant la route principale de Cholpon Ata j'ai encore l'image d'un jardin d'enfants en parfait état (chose rare en Asie Centrale) où un vieux en kalpak surveille ses petit-enfants tandis que 2 maman se balancent à tout va sur des balançoires.

SOIR :

Une fois de retour à la Guesthouse Tania nous informe qu'elle part chez des amis et du coup nous confie les clés de la maison ! La confiance règne, c'est le moins que l'on puisse dire. Malheureusement nous ne parviendront jamais à fermer le cadenas de la porte d'entrée (probablement un modèle homologué par le KGB !) et c'est en laissant tout ouvert que nous filons nous restaurer dans une petite gargote dont la serveuse semble avoir été finie au pipi... Nous y mangeons bien sans plus tandis que Marion me met au courant de la différence fondamentale qui existe entre les "pépiotes"et les "pépinots", ceux à qui j'ajoute les "pépinoux" trop souvent négligés. - Entre temps un jeune crado et vêtu de loques entre pour mendier mais est illico vertement viré. Image fugace mais forte. C'est la première fois que je vois une telle image (digne de l'Inde) en Asie Centrale...
Puis nous rentrons à la Guesthouse pour nous passer "l'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux" que le gamin regardait hier soir. Coup de bol incroyable, le menu du CD comprend une version française ! Le film terminé c'est l'heure du tour réglementaire aux WC surréalistes de "la cabane au fond du jardin" et de la douche dont je profite pour faire ma petite lessive avant de l'étendre sur le radiateur de la chambre. Demain matin, nous quitterons Cholpon-Ata pour enfin partir dans les montagnes, mais ça, ce sera pour la prochaine fois.

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Commentaires
N
c'est un beau roman, c'est une belle histoire..... ! <br /> Comme du chocolat dit Hum ! comme du caviar oui..... lol
H
Ca se dévore comme du chocolat..... Quand c'est fini, on se lèche les babines et on en redemande....
Le rendez-vous ouzbek
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