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Le rendez-vous ouzbek
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22 mai 2007

La chevauchée fantastique de Tchonk Aak Suu !

En quittant Cholpon Ata :
Le réveil est matinal, le bouclage des sacs difficile et Marion fonctionne visiblement au radar... Je ne doute pas cependant que le copieux petit déjeuner saura la tirer de cet état d'hibernation avancé ! Je la regarde en souriant car la journée sur la plage d'hier a laissé des traces : elle est é-car-late !!! C'est bien simple, on la voyait la nuit !!! Moi même d'ailleurs je sens bien que j'ai la peau qui tire terriblement...
La première action de la journée ? La cabane au fond du jardin où, tout en usinant, je détaille attentivement comment ça a été fait pour me rendre à l'évidence que c'est du très bon boulot... J'en tire la non moins évidente conclusion qu'il faut vraiment être à moitié demeuré pour s'intéresser si intensément à la chose? Je suis très inquiet pour ma santé mentale ce matin... En guise de thérapie je décide de rendre une petite visite aux chevaux qui sont dans un enclos encore plus au fond du jardin (y'en a des choses au fond de ce jardin, pas vrai ?!!). Il y en a notamment un marron clair avec une crinière noir corbeau dressées à l'iroquoise qui est absolument magnifique ! Son distingué collègue fait piètre figure à côté de lui...
Le retour à la chambre nous confirme que nous avons vraiment bien fait de nous lever à 7h00 puisque le petit déj' ne nous est finalement amené qu'à 9h00 ! Une longue attente mise à profit pour me pencher de nouveau sur les cartes et imaginer des dizaines d'itinéraires tandis que Marion est retournée dans son coma nocturne. Nous n'attendons pas pour rien car ce premier repas du jour est absolument royal avec une mention spéciale pour un plat de patates à l'huile et à je-ne-sais-quoi d'autre mais vachement bon ! Repus comme nous le sommes nous partons le coeur léger (mais pas le ventre !) vers notre nouvelle aventure non sans avoir promis à Tania, ravie de cette perspective, de lui faire parvenir une traduction en français de sa plaquette !
C'est ainsi que nous  nous dirigeons pédestrement au bazar de Cholpon Ata pour y prendre le bus. Chemin-faisant nous observons dans un très grand arbre un type qui y est perché et coupeIMG_0348 à la tronçonneuse d'énormes branches qui s'écrasent 10 bons mètres plus bas dans un grand fracas... Nous avons enfin trouvé un maître de stage pour Francis !!! lol....(mais non je ne me moque pas !). - Une fois au bazar nous demandons un bus pour Grigorievka, aussitôt un jeune homme très avenant s'empresse de nous escorter jusqu'au bon véhicule et veille à ce que nous payions le bon prix ! Ils sont décidément débordants de gentillesse ces kirghizes !  Et illico le chauffeur prend le relai en demandant aux autres passagers (le minibus est plein !) de bien vouloir changer de places pour nous permettre de nous asseoir ensemble. Immédiatement un brave papi souriant passe de l'arrière à l'avant, les mamies se poussent, bref, tout le monde se met en quatre pour nous...

Dans le bus pour Grigoirievka :
Assis complètement à l'arrière nous avons tout loisir pour détailler le reste du convoi. Pêle-mêle j'y note : un papi complètement ravagé par le travail (ou plus certainement encore par la vodka ?) qui parle avec une voix rauque sous son gigantesque Kalpak ! Juste à côté de lui une jeune russe, blonde, minijupe, hyper toilettée comme si elle allait à un dîner parisien tranche sévèrement dans le paysage. Il y a aussi une mémère dans une tenue hautement improbable... Avec sa robe du dimanche, ses escarpins qui lui compriment les pieds à en exploser, sa quadruple couche de peinture sur la hure, elle est gratinée ! Par bonheur elle est également affublée d'un hideux chapeau à gros noeud violet dont la vue me plonge dans une hilarité intérieure rare... Je me demande bien à quel carnaval elle se rend ? (Sylvette, j'ai quelques idées de tenues pour le mariage de l'été 2008....lol)
Sur les premiers kilomètres nous doublons régulièrement des membres de notre fameuse équipe de Russie d'Athlétisme qui fait son jogging matinal le long de cette route. Puis nous roulons en longeant le lac sur notre droite, et un large replat qui précède les montagnes sur notre gauche. Ici, les maisons sont toujours à la russe avec cet étage en bois et le balcon sous le toit, certains sont d'ailleurs fort joliment découpés ce qui  n'est pas sans nous donner quelques idées peut-être pour notre future grange pyrénéenne ! Une chose saute aux yeux : même dans ces endroits reculés les maisons sont autrement mieux entretenues qu'en Ouzbékistan car ici, en plus de devoir abriter la famille, la maison doit si possible être jolie.
Mais ce qui nous captive davantage ce sont les nombreux cimetières kirghizo-musulmans que nous doublons ; sur fond de lac Yssik Kul et de montagnes enneigées ils abritent de curieuses sépultures, tombeaux et mausolées en pisé doublement sculptés : une première fois par la main des hommes et une seconde fois par les éléments et l'érosion. Ca ne ressemble à rien que nous connaissions et nous ne pouvons le rapprocher de rien que nous ayons vu à la télé, ça semble assez particulier. Malheureusement nous ne parviendrons jamais à en prendre en photo au travers des vitres cradingues du bus ! Marion remarque souvent autours de ces cimetières des petites butes. Serait-ce des tumulus ? Se pourrait-il que les kirghizes d'aujourd'hui aient gardé la tradition d'inhumer leurs morts aux même endroits que leurs ancêtres de la Préhistoire ? Ca parait dingue...
Enfin nous atteignons Grigorievka où nous descendons... pour remonter aussitôt car le chauffeur s'étant informé plus précisément de notre destination il décide de nous rapprocher encore de 1 ou 2 kilomètres. A peine sommes nous redevenus piétons que plusieurs voitures se succèdent pour nous proposer de nous emmener... Nous comprendrons vite qu'au Kirghistan, pays de cheval s'il en est, un type marche, a-fortiori avec de gros, sacs sur le dos, ça les dépasse complètement ! Ils doivent nous prendre pour des tarés je suppose ou se dire que les occidentaux sont décidément de curieuses personnes... Et s'ils avaient raison ?


Tchonk Aak Suu à pied :
Nous voilà partis pour notre première journée de randonnée au Kirghistan ! Enfin !... Nous avons choisi à cet effet de traverser la petite plaine qui nous sépare du pied des montagnes pour nous enfoincer dans la vallée de Tchonk Aak Suu et aller bivouaquer sur les bordsIMG_0408 d'un lac de montagne dans un endroit reculé et sauvage. Mais avant la partie de plaisir dans les montagne, il y a une longue et barbante traversée du vilage et de la plaine pour rejoindre l'entrée de la vallée.Dans le village encore, il y a toujours des choses à voir, de gens à saluer et pourquoi pas à rencontrer. C'est le cas d'un groupe de femmes dont une adorable et vénérable mamie qui sous son foulard nous regarde passer d'un air interrogatif. Par bonhueur nous la saluons, l'occasion est inespérée de satisfaire sa curisité ! D'où vient-on, où va-t-on ? Les questions fusent... "Tchonk Aak Suu ? A pied ?"... Elle aussi, quelqu'un qui marche semble la dépasser ! Elle essaie de nous convaincre de l'hérésie de la chose : le lac est loin, il y aura de la neige, nous aurons froid avant de se lancer dans une explication détaillée de l'itinéraire (à laquelle nous ne comprenons guère que ce qui est illustré de gestes). Il n'st pas bien difficile qu'elle connait ces endroits par coeur et qu'elle a dû elle aussi y faire la transhumance pendant des décennies pour passer la belle saison sous la yourte. Et vu son grand âge peut-être a-t-elle même connu une époque où l'on y passait aussi l'hiver ?
Une fois quitté le village nous avons 2 bons kilomètres d'une piste en ligne droite défoncée de parcoure dans le silence... Il semble clair que la journée sera rude et oserai-je avouer qu'en deux bornes mon enthousiasme s'est en bonne partie envolée d'autant que le passage d'un camion a soulevé un nuage de poussière qui n'en finit pas de retomber en nous etouffant. Heureusement nous voici au pied du mur, à l'entrée de la vallée ! C'est à la fois vert et pelé, cette couleur particulière des pentes de montagne quand elles ont perdu depuis peu leur manteau neigeux et que les premières herbes ont pointé le bout de leur nez. Partout tout n'est que moutons, vaches et équidés au milieu desquels cavalent des dizaines d'experts-cavaliers. Nous voici enfin en Asie Centrale : celle que nous rêvions lorsqu'un jour de juillet nous avons fait le choix d'y venir vivre une expérience unique... A gauche les cavaliers s'étagent tout au long de la pente, galopant à droite, galopant à gauche pour ramener l'inconscient bovidé ou le réfractaire ovin qui s'écarte un peu trop du troupeau. Les regarder évoluer est un pur régal.
C'est alors que nous suons déjà sang et eau en contemplant ces tableaux emblématiques de la région que nous voyons surgir de l'autre côté du ruisseau un jeune cavalier lancé au triple galop. Il s'rrête net devant un taillis, veut le traverser mais le cheval ne partage pas son avis, un coup vif sur les rènes et le cheval en se cabrant presque démarre au galop en changeant de direction pour contourner l'obstacle, traverser la rivière et venir à notre rencontre. Il est clair que le pilote de la bête n'en est pas à sa première heure de cheval  et l'aisance avec laquelle il a rappliqué prête à penser qu'il est né avec sa monture ! Ayons une pensée émue pour sa pauvre maman qui a du avoir les yeux qui piquent !
Aussitôt à notre hauteur il engage la conversation. Il a 20 ans, pas marié et est kirghize à n'en plus pouvoir ! Les traits de son visage souriant et sympathique sont assurément de type mongol, il porte une longue veste en peau de mouton fourrée de laine (que l'on voit aisément à travers les trous) et recouverte d'un tissu aux motifs à très petits carreaux qui ont dû être assez jolis. Elle recouvre en partie un bas de survêtemnt Nike noir qui est fourré dans des bottes de la même couleur - Le kirghize est direct et c'est donc très rapidement que nous apprenons le but de sa cavalcade en notre direction : lui aussi a une totale incompréhension de cette curieuse espèce animale : le piéton ! Et pire encore : le randonneur ! Le lac que nous souhaitons atteindre est à 25 kilomètres (la carte en montre une douzaine... Elle IMG_0349s'avèrera beaucoup plus proche de la réalité que l'estimation de notre écuyer). Aussi nous propose-t-il de nous faire seller des chevaux !
Parti pour marcher je ne suis pas très enthousiaste mais Marion croit déceler dans mon attitude que je brûle d'envie d'accepter ce changement de programme. De mon côté sachant que Marion sait faire du cheval et aime celà je suppose qu'elle serait ravie de cette randonnée équestre alors qu'en réalité elle n'est pas du tout motivée... Voilà comment alors que ni l'un ni l'autre n'en avait envie nous acceptons l'offre de Mirlan (c'est le nom de notre kirghize) poyr le plaisir de l'autre ! Quelle chance quie cette mésentente car croyez le, nous ne le regretterons pas !
D'un long sifflement notre cavalier prévient son frère :"c'est bon ! Prépare deux chevaux !". Incroyable ! Y aurait-il chez les chabanas (les bergers-cavaliers du Kirghistan) un langage sifflé à l'instar du langage sifflé des bergers d'Aas dans la vallée d'Ossau ? Le côté découverte et magie du voyage le voudrait, l'exigerait presque ! Mais la réalité je le suppose est sans doute que Mirlan venait précisément dans ce but là à notre rencontre ce que son frère savait pertinamment. Où est-il d'ailleurs son frère ? Nous avons beau scruter le paysage du côté de la ferme, nous ne le voyons guère. Mais Mirlan est affirmatif : il prépare les chevaux... S'il le dit... - Pourtant une heure plus tard nous poireautons toujours au bord du chemin malgré les piqûres de rappel de Mirlan à l'attention de son frère : de longs coups de sifflet ! Nous regardons attentivement, rien ne bouge, Miraln pourtant semble serein : "il arrive"... Bon.... Attendons alors... Et tandis que nous attendons plusieurs cavaliers curieux viennent voir les phénomènes qui marchent de plus près. L'un est un tout jeune garçon d'une douzaine d'année pour lequel pourtant le maniement d'un cheval n'a déjà plus aucun mystère ! Aucun ne nous adresse la parole, comme si nous appartenions à Mirlan et c'est donc ce dernier qui les informe de notre nationalité et de notre destination.
Nous finissons tout de même par nous ouvrir à Mirlan de notre étonnement quand au temps incroyablement long qu'il faut à son frère pour seller 2 chevaux (d'autant que nous nous doutons qu'il ne doit pas leur falloir la journée pour exécuter cet ouvrage !). Mirlan reste catégorique : avec son coup de sifflet, son frère s'en occupe !... - 1/2 heure plus tard pourtat il nous propose de marcher jusque chez lui pour aller voir. je rigole sous cape ! Il a le coup de sifflet défaillant le Mirlan ! Et je crois bien que sur ce coup là, il a l'air d'une truffe ! Une heure et demie d'attente pour rien... "c'est bien pour faire plaisir à Marion me dis-je" ; "c'est bien parce que ça fait plaisir à Stéphane" se dit-elle... - Néanmoins, après avoir traversé deux ruisseaux à tour de rôle sur le cheval de Mirlan, nous arrivons triomphalement à la ferme, une maisonette avec vue imprenable sur le lac Yssik Kul ! Inutile de préciser qu'il n'y a pas l'ombre d'un frère dans les environs et encore moins d'un cheval... Tu parles d'un langage sifflé ! Mais cette fois-ci la commande est passée et la mère de notre compagnon nous invite à entrer pour prendre le thé.
Notre première pensée est "aïe ! on va avoir droit au Kumis", le lait fermenté de jument qui a fait vomir des générations de voyageurs centrasiatiques ! Notre première vision, elle, est celle d'une assiette de crêpes ! Youpi ! - L'intérieur de la maison est pour le moins sommaire : une table, des chaises, un meuble bon marché et sans age, un lit une place occupent la cuisine où l'on trouve aussi un évier et une sorte de four à bois faite maison. je ne parle pas de la déco des murs à grand renfort d'affiches kitchissimes ! A priori la maison compte encore une pièce, la chambre, mais nous ne la verrons pas. La maison abrite ainsi les parents et les 3 enfants de la famille. - LesIMG_0321 crêpes sont grasses à souhait (d'ailleurs elles sont jaune vif !) mais elles passent finalement bien si on ne dépasse pas 2 unités, quand au thé au lait il est très bon. la conversation avec la mère est malheue=reusement limitée car notr maigre vocabulaire de russe est vite épuisé tandis qu'elle ne semble pas maîtriser très bien cet idiome. Aussi, après avoir visionné les 10 ,photos qu'ils possèdent, nous retournons dans la cour. je remarque que dans le mur extérieur est planté un bâton à un mètre du sol sur lequel est juchée une poule ; à gauche est disposé un grand four en pisé pour la cuisine puis encore un autre pour les lipiochka ; dans le pré une cabane qui est assurément un chiotte est tourné vers le lac histoire de vaquer à certaines activités dans de bonnes conditions...
Je me retourne, la poule sur le mur (qui ne picore pas du pain dur) n'a pas bougé d'une plume... Et pour cause : 1) ma poule est un faisant ; 2) il est empaillé...Cette fois, c'est moi qui intérieurement ai l'air d'une truffe ! - tandis que je digère cette humiliation intérieure c'est maintenant toute la famille qui défile (à cheval bien sûr) jusqu'à l'arrivée du père. de manière innatendue il nous faut négocier ferme ! En effet Mirlan nous avait proposé de nous fournir deux cevaux et de nous accompagnerjusqu'au lac, de dormir là haut et enfin de redescendre avec nous le lendemain, le tout pour 1500 soms (30 euros). Le père lui voudrait que nous montions à deux chevaux r(moi en croupe sur celui de Mirlan), marion sur un autre avec les sacs, que ont fils rentre le soir avec les chevaux et donc que nous redesecndions à pied (ce qui ne nous dérange pas en soi) pour 2000 soms... Ce n'est plus la même chose. Comme toujours la poire est coupée, pour 1500 nous monterons à 3 chevaux et Mirlan redescendra ce soir.C'est d'ailleurs le mieux pour nous car nous ne serons ainsi pas obligés de revenir par le même itinéraire qu'à la montée.
Les chevaux sont sellés mais nous changeaon d'accompagnateur puisque c'est Irlan, le jeune frère de Mirlan, celui là même qui était censé nous seller des chevaux au coup de sifflet qui nous guidera.

Tchonk Aak Suu à cheval :
Nous démarrons donc tranquillement au pas, je lambine un peu en arrière, quelques longueurs en retrait de Marion et Irlan tandis que Mirlan nous accompagne bizarrement à pied. Je comprends vite pourquoi ! Au bout de 500 mètres Irlan décrète que je traîne trop, qu'il va me prendre en croupe et que Mirlan va ramener mon cheval... Tu parles d'un coup monté ! malheureusement pour eux nous ne voulons pas. Et que voulez vous, 30 euros ici, ce n'est pas rien ! Nous avons donc gain de cause ! Mirlan n'insiste pas et rentre chez lui tandis que IMG_0322nous poursuivons notre chemin, sauf que maintenant, j'ai la pression ! Il faut que j'avance !
Et effectivement à grand renfort de coups de talons dans les cotes de mon canasson je parviens à avancer un poil plus vite, mais comme mes deux compagnons de chevauché ont accéléré aussi le problème reste entier... Je traine toujours derrière ! Et pourtant Dieu m'est témoin, ce n'est pas par manque de labourer gaiement les flancs de l'infortuné canasson ni de lui assèner des "tchou !"très professionnels. Mais rien à faire, il se traîne ! Et moi je sens les regards dépités d'Irlan qui se tourne sans arrêt vers moi. Illico je prends alors un air tranquille de celui qui n'est pas pressé, sans espérer vraiment la lui faire. Je suis au taquet, il faut bien se rendre à l'évidence !...
Bien sûr j'aurais bien la tentation de me décréter à moi-même qu'en guise de bourrin ils m'ont refilé un pur tocard, malheureusement c'est précisément le cheval sur lequel Mirlan était venu au triple galop à notre rencontre... L'argument ne tient pas et force est de constater que le problème vient exclusivement du cavalier.
Et là, c'est le drame ! A court de patience, Irlan décide de prendre mon fier destrier en laisse ! Me voilà donc promené comme un gros blaireau de Gavarnie ! Comment ne pas avoir l'air d'un âne tiré que je suis sur mon cheval, les bras ballant ? Non...C'est l'humiliation ! Mais heureusement mon bien aimé cheval a sa fierté et ne l'entend pas de cette oreille ! Il n'a de cesse que d'emmerder le cheval d'Irlan en lui bouffant la queue ! Irlan doit se rendre à l'évidence, ça ne peut pas aller comme ça... Abandonant cette solution dégradante, il nous fait échanger nos chevaux.
IMG_0325Ce n'est pas encore ça mais je sens néanmoins un léger mieux... Mais putain ! Qu'est-ce qu'il faut que je lui balance comme coups de lattes dans les flancs pour qu'il suive le rythme ! Si seulement j'avais les éperons de Lucky Luke il ferait moins son malin le Joly Jumper, au lieu de ça je dois m'échiner sur les cotes du malheureux animal qui doit probablement ressentir ce changement de cavalier comme une punition. - Et finalement c'est Marion qui vole au secour de son amoureux en perdition, sur le point de lancer les fusées de détresse ! Elle vient me donner quelques conseils sur la façon de tenir les rènes, sur ma position sur la bête, bref, le B-A-BA de l'apprenti cavalier. Et là, miracle ! Après quelques minutes d'adaptation et en diminuant sensiblement la cadence de savatage du canasson v'là t'y pas que je me le mets au trot ! je rebondis comme une balle mais diantre ! Ca se débloque !
Enfin je peux regarder le paysage : ce sont de petites gorges sans grande prétention quoique jolies avec une petite rivière qui serpente assez paisiblement  entre les sapins. Nous marchons sur une piste carrossable, moi toujours moins vite que les deux autres sauf que j'ai maintenant la ressource de revenir leur hauteur au trot et en anéantissant mon postérieur. Je ne maîtrise pas la vitesse du pas mais au moins je peux suivre. C'est cool ! Et en plus le trot, c'est rigolo...
Enfin nous sortons de la petite gorge. Tout à coup le paysage s'ouvre, s'élargit sur une grande prairie toute verdoyante tandis que les pics enneigés nous dominent maintenant de toute leur hauteur ! L'endroit est extraordinairement beau d'autant que pour achever le tableau une yourte, notre première yourte, nous attend de l'autre côté de la prairie ! C'est une ambiance magique pour tout le monde,IMG_0323 cavaliers et chevaux qui d'un commun accord s'emballent ! Sous l'excitation tout le monde se retrouve au galop sauf moi qui, quelques longueurs en avant (une fois n'est pas coutume) reste au trot très soutenu ! Les chevaux, les montagnes, les moutons partout, les pâturages sans fin, la yourte : cette fois-ci on s'y croit pour de bon ! Surtout Marion à vrai dire car pour ma part je suis quand même bien trop occupé à tenter de rester sur le cheval pour pouvoir tout à fait me prendre pour Gengis Khan ! Je perds un étrier, le récupère mais ce faisant je perds l'autre, le tout dans une séance de tapage de cul d'un autre monde pour le plus grand bonhuer des deux baleines qui rigolent derrière moi. Mon cheval ? Euhuuu lui il fait sa vie, il y a belle lurette que je n'ai plus le temps de m'occuper des rènes... J'essaie bien de temps en temps, lorsque je retrouve une seconde d'équilibre, de lui fouttre un coup de talon dans le vain espoir de réussir à le mettre au galop qui est plus confortable mais pfffff, en pure perte... Finalement découragé de me voir cramponné à la selle il s'arrête de lui même, j'ai maté la bête, je suis bon pour me lancer dans le rodéo !
Et c'est donc au pas que nous reprenons notre route en remontant une superbe et interminable vallée dont le fond est tapissé de pâturageIMG_0327 verts infinis et les flancs redressés vers les pics enneigés ! C'est fantastique de beauté, de beauté, de pureté. C'est une superbe traversée paradisiaque, il faudrait presque se pincer pour croiree vraiment que nous sommes ici en cet instant précis. - C'est pendant cette longue traversée qu'Irlan met pied à terre. Son cheval n'en peut plus, il va terminer à pied. Et c'est par cette curieuse ironie que les piétons finissent à cheval et que l'irréductible cavalier termine à pied le périple. Voir un kirghize à pied aurait dû nous mettre la puce à l'oreille, forcément nous n'étions plus bien loin de l'arrivée. Nous arrivons au lac qui s'avère beaucoup plus petit que je ne l'aurais imaginer, sans doute une bonne centaine de mètres de diamètre. Il est disposé là, dans le creux d'une légère cuvette au milieu de pentes herbeuses très doucs où quelques très rares rochers affleurent. Le temps de payer Irlan et de prendre son adresse et le voilà qui disparait au petit trot, un cheval en laisse et un autre à récupérer sur le chemin.

Le Bivouac :
Nous voilà tous les deux au milieu de ce nulle part, u bord de ce lac perdu au coeur d'une longue et magnifique vallée du Kirghistan. Nous réalisons que peut-être cette nuit nous entendrons les loups puisqu'ils sont nombreux dans la région, c'est même à cause des loups et autres prédateurs que les chabanas chevauchent toute la journée au milieu de leurs troupeaux. C'est en tout cas ce qu'Irlan nous a dit. - En tout cas l'emplacement de la tente est vite trouvé et la tente elle-même vite montée. La corvée de bois n'est qu'une formalité car sous les arbres tout proche nous trouvons un emplacement de yourte clairement délimité par vaste un rond de terre avec des trous, un foyerIMG_0334 devant le rond, les cadavres de bouteilles de vodka et... une réserve de bois. Tant pis pour les nomades lorsqu'ils reviendront d'ici quelques jours pour installer leur quartiers d'été, ils devront refaire le stock !
L'allulage du feu aussi est une formalité grace à des herbes sèches et chevelues qui ne demandent qu'à s'enflamer. C'est le paradis ce bivouac. Pendant ce temps, Marion la rustique file faire sa toilette du soir dans l'eau glacée (eau de fonte...) du torrent qui alimente le lac. C'est alors l'heure du repas que nous prenons en regardant les sommets enneigés s'éteindre peu à peu en même temps que s'allument les  unes après les autres les étoiles dans le ciel  d'un moir profond ! - Je vais faire un petit tour sur les berges du lac à la nuit tombante et aperçois bdes bestioles qui y nagent. Je ne sais pas ce que c'est, il fait presque nuit, je me dis que ce sont peut-êyre des loutres ? Nous verrons bien demain.
21h30, c'est l'heure du dodo et est-il besoin que c'est en silence, des images plein la tête de cette journée inoubliable que nous nous endormons dans le silence absolu de cette vallée seulement rythmé par le chant glacé du ruisseau. Et l'oreille tendue dans l'espoir (et ausi la crainte) d'entendre tout à l'heure le chant du loup.....

Ouuuuuuuuhouuuuuuuuuuu !

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Commentaires
N
On s'y croirait ! J'ai lu deux fois tellement certaines scènes sont cocasses et amusantes. A mourir de rire..... Eh !... ce n'est pas de la moquerie, entendons nous bien ! Juste des clins d'oeils bienveillants sur des faits qui colorent un dimanche quelque peu tristounet.....
M
Super cette journée, j'adore le cadre et l'ambiance..... A propos, je viens de trouver une annonce, Bartabas cherche un écuyer pour sa prochaine représentation..... A bon entendeur, salut !!!!
Le rendez-vous ouzbek
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