Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le rendez-vous ouzbek
Derniers commentaires
14 septembre 2007

Jour 1 en vallée d’Ala Archa : de l’Alplager à la station météo (29 juin 2007) :

Nous passons une bonne nuit à l’Alplager grâce à une excellente literie ce qui totalement stupéfiant dans un tel endroit. Mais lorsque parfois je me réveille au cours de la nuit c’est toujours pour entendre le déprimant bruit de la pluie qui tombe inlassablement… Ca promet pour le lendemain. Et la nuit finit bien par prendre fin et surprise : il ne pleut plus et il ferait même presque beau tandis que les arbres s’égouttent. Au chaud dans nos duvets nous nous bidonnons franchement en découvrant l’hallucinante installation électrique de la chambre qui est aussi équipée d’un le_ciel_se_d_gagesystème incendie sans âge, preuve que l’endroit a même dû être chic à une autre époque. Dans la chambre d’à côté, un type (je n’ose imaginer que ça puisse être une femme) se gargarise bruyamment en se lavant les dents.

Nous nous levons donc et nous dirigeons vers la cantoche pour le petit déj’ à la confiote de framboise (excellente) et au thé dont l’arrière goût de Cholpo laisse quelques doutes sur la méticulosité du préposé à la plonge. Dehors le soleil lutte pour se faire une place entre les nuages menaçants mais je veux croire qu’il saura l’emporter, pour l’heure il éclaire de nombreuses fleurs (géraniums sauvages, myosotis, coquelicots jaunes, fleurs mauves, en grappes ou au sol, le tableau est réjouissant ! Pendant ce temps le soleil gagne du terrain et bientôt les nuages nous offrent un spectacle sublime lorsque dans leur retraite ils s’accrochent encore aux crêtes déchiquetées et élancées qui nous entourent et dominent elles même un joli petit glacier tout sombre et craquelé. A cet instant précis je sens que notre voyage commence !arbre_votif

Le temps de récupérer nos lourds sacs dans notre chambre et nous effectuons nos premiers pas dans les montagnes kirghizes en dépassant un gros arbres votifs où d’innombrables petits rubans multicolores noués autours des branches attendent patiemment que les éléments les dénouent pour exhausser les vœux qu’ils enferment. Lorsque le goudron s’arrête nous parvenons à un immense replat occupé par le lit de la rivière qui grondait plus bas, mais ici elle s’est calmé et divisé en de nombreux bras paisibles qu’il nous faut traverser. Pas de pont en vue, pas de sentier non plus sauf de l’autre côté, il nous faut déchausser et traverser les chaussures autours du cou avant de reprendre notre chemin. Quelques centaines de mètres lus loin la rivière redevient furieuse et impressionnante qu’il faut de nouveau traverser. Heureusement cette1er_pont fois-ci un petit pont qui se balance a été bâti et c’est au dessus de flots en furie, nous profitons donc de l’aubaine et l’empruntons.

Le sentier se poursuit selon une pente toujours douce et agréable tandis que le ciel bleu semble avoir définitivement gagné la partie et que les fleurs partout jettent mille couleurs sous nos pas. A côté de nous la terrible rivière gronde férocement dans cette longue et profonde vallée encaissée comme une vallée pyrénéenne mais en 2 fois plus haut ! Tout là haut, lorsqu’on se tort le cou, on devine parfois quelques bouts de glaciers, tandis que l’impressionnante aiguille qui nous domine est fendue jusqu’en haut par un effroyable couloir de neige ! Si le Nem voyait ça… Et là, cet énorme bombement d’éboulis qui bouche un vallon adjacent, ne serait-ce pas la moraine frontale d’un glacier invisible qui serait caché derrière ?1ers_pas

Bientôt nous atteignons un nouveau pont bancal qui retraverse la tumultueuse rivière, il bouge, il penche à gauche, ses planches sont disjointes mais ça passe bien encore une fois au dessus d’un bouillon monstrueux. Quand on pense qu’il existe quelque part sur cette planète des tarés qui s’amusent en kayak sur des trucs pareil et même pires….

Nous enchaînons les kilomètres et comprenons qu’ici la difficulté ne réside pas dans la pente mais bien dans la distance et plus tard dans l’altitude comme nous le verrons. Pour l’heure nous avançons donc d’un bon pas jusqu’à ce que nous arrivions au pied de la grande aiguille au couloir de neige. Ici un ruisseau adjacent à la rivière descend comme un malade dans un bouillon et un bruit assourdissants ! Nous sommes bloqués… Nous remontons le ruisseau sans trouver de passage, nous le descendons, ce n’est pas mieux… Que faire ? J’avise un endroit où le bouillon semble moins fort et la profondeur jouable, nous devons passer là. Nous nous déchaussons et je m’engage dans les eaux glaciales bientôt jusqu’en haut des cuisses, le ruisseau pousse fort mais les bras largement écartés en appui sur les bâtons de marche, ça passe mieux que je ne l’aurais pensé, c’est alors au tour de Marion de me rejoindre sans encombre. Et nous reprenons notre chemin après avoir perdu 3 bons ¼ d’heures pour traverser un ruisseau de 5 mètres de large. C’est le Kirghizstan qui rentre !!!

Ca y est, la montée se fait maintenant plus raide à flanc du majestueux pic et le paysage de plus en plus minéral. Il n’y a plus d’arbres et les pelouses se font désormais rares tandis que de nouvelles fleurs, de rocaille, remplacent les précédentes. Soudain l’énorme rivière disparaît… Un gigantesque éboulis a eu raison d’elle et l’a ensevelie, sa vallon_bivouactraversée en est d’autant plus aisée !!! Voilà un éboulis sacrément bienvenu ! Nous gravissons ledit éboulis et la rivière réapparaît dans un paysage bucolique à souhait ! En effet nous venons d’atteindre un grand replat verdoyant où la rivière d’un vert étrange devient plate, calme et silencieuse tandis qu’un tout nouveau paysage nous saute aux yeux ! Sur notre droite se dressent les ruines d’une ancienne station météo russe ; au fond du replat vert une énorme moraine nous attend, et derrière cette moraine des merveilleux sommets étincelants étalent la blancheur aveuglante de leurs glaciers.

C’est une évidence : c’est ici que nous allons bivouaquer ! Nous rejoignons donc les ruines et installons notre tente avant de lui monter un petit muret coupe-vent sur le côté. Nous voilà installés comme de rois dans cet endroit magnifique qui n’appartient qu’à nous. Dans l’éboulis tout proche une curieuse bestiole, genre gros hamster roux et blanc nous épie effrontément en se faufilant entre les rochers. Le temps, lui, redevient incertain avec de moches nuages qui remontent la vallée et bientôt les premières gouttes nous éclaboussent. Un coup d’œil sur la carte pourmarion_et_tente visualiser la suite de l’itinéraire qui devrait nous faire passer un col demain ou après-demain et nous battons en retraite sous notre toile. Bien à l’abris (notre tente s’avèrera remarquablement étanche : bravo Quechua) nous nous la coulons douce en écoutant la pluie tomber lorsque soudain nous entendons un incroyable : «Bonjour ! Il y a quelqu’un ? »… Quoi ? Ici ? Alors que nous n’avons pas vu âme qui vive de la journée et que nous avons parcouru sans doute 15 kilomètres un type nous apostrophe en français ? Cet évènement c’est l’arrivée de Paulo ! Paulo est donc français, il est météorologue à la Réunion (y’a pire comme plan non ?). Il a vu marqué « Quechua » sur notre tente et en a tout de suite conclu que nous étions nous aussi français. Après avoir échangé 3 mots il nous demande s’il peut planter sa tente à côté puis il s’installe sous une petite pluie. Pour notre part nous prolongeons encore un peu notre somnolence sous la toile et hors de portée des gouttes d’eau célestes (c’est bien dit hein ?!!!). C’est finalement Marion qui, une fois n’est pas coutume, s’extirpe la première un peu déçue… Oui, car avouons que nous avions lâchement espéré que Paulo allumerait un petit feu… Profiteurs que nous sommes !...

C’est dans une dépendance de feu la station météo Marion rejoint Paulo pour préparer notre repas vu qu’un Paulo_8reste de toit procure un abris appréciable où je les rejoins bientôt lorsque la cloche de la cantine me tire de mon sommeil réparateur. Je m’y rends pieds nus ce que je regretterai vu qu’avec le soir le froid a pris possession des lieux et que je me gèle bien comme il faut. Qu’importe, tant qu’il y a de quoi dans la gamelle !!! C’est d’ailleurs là, en « dînant » que nous discutons vraiment et faisons plus ample connaissance avec Paulo qui se révèle éminemment sympathique. En vacances, il est seul au Kirghizstan pour une semaine avant d’y être rejoint par sa femme pour 2 semaines supplémentaires une fois qu’elle aura posé les enfants chez les grand-parents en métropole. A la Réunion il passe son temps en montagne et peut être plus encore en canyoning dont il est moniteur, il nous fera d’ailleurs quelques récits qui mettent l’eau à la bouche, qui sait, un jour sans doute nous irons faire un petit tour sur cette île paradisiaque.

Nous apprenons aussi que demain il envisage de passer le même col que nous pour basculer lui aussi de l’autre côté de cette haute chaîne de montagne et filer vers une autre vallée tandis que nous nous filerons toujours en direction du lac Song Kol, but final de notre périple pédestre.

C’est le froid qui nous fait finalement regagner nos tentes et nos duvets une fois que Marion aura été faire lavall_e_et_tente vaisselle à la rivière en contrebas. Décidément ce soir, je me suis sacrément laissé vivre ! Nous ne nous quittons néanmoins pas avant que Paulo ait sorti de son sac une petite flasque. Dedans, en bon réunionnais, il a pensé à emporter un petit rhum maison dont nous pouvons vous donner des nouvelles : un pur nectar à la mangue et au lichee. Excellent !!!

Après un petit massage aux pieds pour me les réchauffer (décidément, quel pacha je suis ce soir !) nous nous engouffrons dans nos duvets en nous demandant quel genre de nuit nous allons passer : fera-t-il froid ? La tente résistera-t-elle à une nuit entière sous la pluie ? En attendant les réponses à ces questions nous nous endormons comme des bébés ici, à 2800m, au fin creux de la majestueuse et impressionnante vallée d’Ala-Archa. L’aventure a bel et bien débuté !

Publicité
Publicité
Commentaires
N
Nous voilà repartis..... <br /> Un grand merci à vous deux. <br /> Bisous. <br /> A de suite....
.
Waouuuuuuuuuuuh, quand les fonctionnaires se mettent au travail pour raconter leurs vacances, c'est quelque chose : les écrits ne sont pas avares de détails et à chaque jour suffit sa peine. Vivement demain, qu'on continue le périple......
Le rendez-vous ouzbek
Publicité
Newsletter
Publicité