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Le rendez-vous ouzbek
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22 septembre 2007

Jour 2 en vallée d'Ala Archa : Perception Day ! (30 juin 2007)

Pour cette première nuit en bivouac à 2800m nous nous demandions si nous aurions à souffrir un peu du froid quoique question duvet nous ayons prévu l’artillerie lourde ! C’est donc avec joie que nous passons BIVOUAC_1une excellente nuit bien au chaud dans nos sacs de couchage que nous avons même du entrouvrir pour ne pas y suer comme des vaches… La tente aussi apporte toute satisfaction puisqu’elle enduré sans sourciller les averses de la nuit. Il est 7h30 lorsque nous nous extirpons de notre abri de toile, et c’est pour enregistrer que le ciel est d’un bleu sans partage ! Comment décrire à quel point l’endroit est magnifique au réveil ? Entre le vert tendre du vallon où lézarde paresseusement la rivière, le vert spécial de l’eau de fonte, le gris austère des falaises qui nous écrasent et l’éclatante blancheur des glaciers qui étincellent au fond de la vallée plus si lointain maintenant, c’est un enchantement ! Et comme le soleil a l’excellente idée de bientôt venir promener ses rayons chaleureux sur nos joues nous nous laissons aller à la contemplation !

Nous continuons d’ailleurs la chose en prenant notre petit déjeuner composé de corn flakes dégueux (moi, j’aime pasSECHAGE_BIVOUAC_1 les corn flakes de toute façon !...) tandis que nos affaires sèches de l’humidité de la nuit étalées sur tous les rochers alentour : un vrai camp de romanos ! Puis vient le temps de la toilette dans les bras paisibles de la rivière qui courent dans les bras verts d’herbe grasse de cette cuvette d’altitude, en équilibre sur un rocher branlant je manque d’ailleurs d’assez peu le plongeon involontaire dans les eaux glaciales quittant à peine leur berceau de glace ! Et tant pis pour ceux qui auraient trouvé cela amusant !!!

Pendant ce temps Paulo lui lève le camp et se jette sur le chemin 1 heure avant nous. Qui sait, comme nous partons vers le même col peut-être nous reverrons nous ? Tandis que nous voyons la tache rouge s’éloigner sur le sentier nous plions les affaires, il fait déjà très bon et c’est en short et T-shirt que nous nous lançons Ala_Archa__70_sur ses traces. Nous remontons donc notre paisible cuvette en traversant un pierrier un peu pénible juste au dessus de la rivière et atteignons un deuxième replat verdoyant aussi mais plus petit et plus austère aussi barré par le mur de pierre issu d’un gigantesque éboulement sous lequel disparaît notre rivière de nouveau en furie. Un éboulement bienvenu puisqu’il nous permettre de traverser sans encombre ladite rivière engloutie qui réapparaît 100 mètres plus haut juste avant que nous n’ayons à attaquer une grosse moraine de blocs branlants et de sédiments glissants.

La remontée de cette moraine est très pénible quoique courte mais nous réserve une rencontre inattendue : celle d’une antique dameuse de piste aux ¾ ensevelie sous d’énormes blocs rocheux ! Que peut-elle bien faire là ? C’est toutMOI_ET_MORAINE bonnement incroyable ! Ca l’est encore plus lorsque débouchant sur le fait de notre moraine nous tombons sur une piste bien visible qui trace son chemin sur cet immense pierrier… Au milieu de ce nulle part nous voilà sur une piste probablement abandonnée depuis des décennies ? Désormais les glaciers sont tout proches et déjà un beau sommet se dresse sur notre droite. Nouvelle surprise : à ses pieds gît un grand refuge complètement délabré, probablement un ancien camp de base de soviétiques. Le plus fort est qu’il ne figure même pas sur la carte malgré sa taille respectable ! Encore mieux une troupe joyeuse d’une dizaine de personnes s’y agitent et fond un potin invraisemblable, un groupe d’adolescents kirghizes qui se sont fait une petite nuit en refuge. Ils nous hèlent mais bien que le détour soit court nous nous REFUGEcontentons juste de les saluer du bras et de poursuivre notre chemin vers un tas de ferraille qui nous domine.
Marion, elle, s’amuse à observer les coccinelles et y voyant d’excellents présages pour se réconforter du mal aux pattes qui l’assaille, d’autant que devant nous tout est désormais tout blanc ce qui annonce des efforts non négligeables encore à fournir pour atteindre le col. Le tas de ferraille constitue en fait ce qu’il reste d’une ancienne remontée mécanique attestant que l’on pratiquait le ski ici ! A quelques centaines de mètres devant nous nous voyons maintenant Paulo qui redescend à notre rencontre et nous rejoint près d’un laquet grisâtre à partir duquel tout n’est plus que neige et glace, nous sommes à 3200m d’altitude.

L’ambiance étant désormais à la neige nous nous changeons pour enfiler pantalon et goretex, rechargeons nos trop lourds sacs sur le dos et repartons à l’assaut de notre col tous les trois ensemble sur une longue pente relativement douce dans une neige parfaite : suffisamment compacte pour que nous ne nous enfoncions pas, suffisamment molleCOULOIR pour que nous ne glissions pas ! Face à nous un petit sommet est fendu jusqu’au sommet par un court et splendide couloir de neige : ah ça ! si le Nem avait été là…… - Nous venons lui lécher les pieds avant de devoir tailler des marches à grands coups de pieds pour effectuer une petite et tuante traversée pour prendre enfin droit dans l’axe de la vallée.
Nous dépassons les 3400m en nous disant que nous sommes désormais plus haut que notre Aneto pyrénéen et c’est alors que nous évoluons vers 3500 que le coup de massue tombe. On a beau savoir qu’il est inéluctable, quand il tombe, il ne fait pas semblant. - Il y 2 jours nous étions à 400m et 2 jours après nous voilà à 3500, j’avais prévu de le faire en 3 ou 4 jours pour s’acclimater mais comme nous nous sentions bien… Bref, avec l’altitude la densité de l’air diminue et cette raréfaction produit ses effets ! En quelques minutes, de la forme olympique nous nous retrouvons plantés, essoufflés, MARION_PERCOITobligés de nous arrêter tous les 50 pas. Quel coup de bambou ! Je reconnais que je suis le premier à avoir flanché mais Marion me suit de près… Avec la pente faible le col semble toujours à portée de main ce qui nous motive pour surmonter la fatigue mais chaque bombement franchi débouche sur une nouvelle bosse… C’est interminable et nous avançons comme des tortues excepté Paulo qui en quelques instants nous a mis 500 bons mètres dans la vue !!!Il a la patate le Paulo ! Enfin après 1h3à à batailler contre nos jambes qui ne veulent plus avancer nous rejoignons Paulo sur le col, l’altimètre indique 3800 mètres. Et patatras….. Nous nous sommes laissé attiré par la plus faible pente, cédant à la facilité pour épargner nos jambes et si nous avons atteint la crête et un petit col c’est en vain car de l’autre côté la pente fuyante ne semble pas à proprement parler infranchissable mais tout de même assez engagée, en clair ça ne passe pas !

Nous avons eu la flemme de sortir la carte au bon moment, nous voici dans un cul-de-sac.JEU_OMBRES_NEIGE C’est d’autant plus rageant qu’avec Marion tout à l’heure nous avons longuement regardé un autre col un poil plus en contrebas et plus à droite en nous disant que c’était peut-être bien celui-là. Mais la carte est restée dans le sac et nous n’avons pas eu le courage de changer de direction pour garder notre pente bien assez raide pour aller affronter les 50 derniers mètres très redressés du bon col…. Et nous voilà comme trois imbéciles obligés de redescendre et d’effectuer une longue traversée pour essayer de rejoindre ce col !

Une traversée pénible puisqu’en plus de la fatigue due à l’altitude nous voilà cette fois dans de la neige qui tantôt cède sous le pied et nous oblige à des efforts éreintants pour nous dégager, et tantôt est durcie par leJE_PERCOIS vent nous obligeant à tailler des marches à grands coups de pieds ce qui achève de nous couper les jambes. Et alors que nous arrivons sur le dernier escarpement à franchir avant de basculer et de rejoindre la dernière et raide pente qui mène au col nous avons la terrible surprise de tomber sur une énorme et ininterrompue corniche qui ne demanderait qu’à s’effondrer sous notre poids… Il faudrait la longer pour trouver un point de franchissement. Par le haut ? Il faut avoir conscience de ses limites… Par le bas, cela nous obligerait à redescendre de 200 bons mètres qu’il faudrait remonter ensuite. Nous sommes bien trop fracassés et terrassés par les effets de l’altitude pour l’envisager sérieusement. Il ne nous reste donc plus qu’à redescendre pour aller passer la nuit au refuge !!! La descente est pénible car la neige s’est maintenant ramollie et cède régulièrement sous notre poids, la jambe s’enfonce alors jusqu’à mi cuisse et il faut faireLE_LONG_DE_LA_CORNICHE des efforts inutiles pour nous dégager. Paulo sort un sac poubelle pour tenter la descente en luge mais le résultat est mitigé dans cette neige pourrie. Heureusement la vue est extraordinaire car sur le versant opposé un fantastique glacier dégringole des sommets culminant à 4500-4800m, sa langues grise est striée de crevasses béantes tandis que sur le haut de gros séracs attendent de pouvoir s’écrouler ! C’est fabuleusement beau ! Je finis de dégringoler les pentes de neige en courant et glissant sur les semelles de mes grolles. Enfin nous atteignons le laquet et l’empilement de rochers qui succèdent à la neige. La pause est une bénédiction, on boit, on se restaure (je crevais la dalle !!!…) Il ne nous reste plus que quelques centaines de mètres à travers les éboulis pour rejoindre le refuge. Quelques crampes menacent lorsque je LE_GLACIERremets péniblement le sac sur le dos, nous sommes de retour à 3300m et les effets de l’altitude ont disparu, reste ceux des jambes qui n’en peuvent plus après une telle journée de crapahut. Le ¼ d’heure qui nous mène au refuge me semble une heure mais nous y voilà enfin. Nous entrons et découvrons un rez-de-chaussée totalement dégueulasse et limite insalubre… Nous montons, ce n’est guère mieux excepté une pièce dans un état assez correct avec des lits en bon état ainsi qu’une petite chambre. Ce n’est pas Byzance mais pour une bonne nuit de sommeil ce sera parfait ! Si l’on fait abstraction de la souris qui galope et donne d’avance des sueurs froides à Marion.

Le refuge d’Ala-Archa est en fait constitué de plusieurs bâtiments dont 2 principaux : le premier avec sa grande baie vitrée cassée est un tas de débris en tous genres au milieu duquel trône une improbable table de ping-pong avec raquettes et balles !!! Le deuxième bâtiment, le seul qui offre un minimum de confort dans 3 de ses pièces et une grande baraque triangulaire en tôle bleue. Nul doute que cet endroit a dû être à une époque un grand centre de montagne mais excepté ces 2 pièces il est aujourd’hui complètement à l’abandon. Dehors un autre bâtiment en bois héberge 4 chiottes effroyables de puanteur tandis qu’un autre contient des machines, des moteurs et des outils figés par la rouille.

AU_REFUGENous retournons à nos quartiers en en virant les immondices dans l’espoir que les souris les suivront, ce qui sera effectivement le cas. Fourbus par nos efforts du jour nous nous offrons un repas de rois : jambon, soupe aux cèpes, pâté, rôti et purée le tout arrosé d’une bonne lampée de rhum de Paulo !!! Oserons nous t’avouer cher Paulo que nous avons eu la bassesse de nous en mettre une seconde lampée dès que tu as eu les yeux tournés !!! Mais c’est ta faute, il était tellement bon !

Enfin la nuit tombant et le froid aussi nous nous couchons et avons tôt fait de nous endormir. Enfin surtout moi car Marion est un peu patraque… Nous y reviendrons…

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Commentaires
N
Moi là, je ne vous suis plus.... <br /> Ca devient du masochisme ; moi, je ne m'aventurerais pas à aller ballader avec vous par là bas.... <br /> Enfin, quand l'appel est fort, l'impossible devient possible..... <br /> "chaque instant devient bonheur à qui est capable de le voir comme tel !" H. Miller
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Ouf...... Mais quelle journée de galère !!!!! Où diable vous êtes-vous laissés embarquer ????? Heureusement, les paysages sont beaux mais j'en connais qui aurait dit : "rien à foutre des paysages....rien à foutre !!!!" Et moi, je me gratte la tête, je me dis : "mais ils seraient bien capables de nous y perdre là-bas", hi, hi, hi !!!!
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