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Le rendez-vous ouzbek
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16 janvier 2008

Une journée à Kochkor (06 juillet 2007)

(Pas de photos pour ce jour là !)

Marion a trop abusé du thé hier soir, elle le paye de multiples allers-retours nocturnes jusqu’à la cabane pestilentielle du fond du jardin confirmant que la principale différence entre l’homme et la femme est la taille de la vessie… Ca sent le prix Nobel de médecine une découverte pareille ! A 9h15 finalement nous émergeons et nous rendons au salon pour le petit déjeuner. Nos 4 compères de la veille ont déjà levé le camp, nous avons donc toute la maisonnée pour nous seuls, autant dire que nous sommes comme des rois. Au menu un riz au lait de 1ère catégorie accompagné de beurre et de confiote, nous n’en arrêtons notre consommation qu’une fois le ventre au bord de l’éclatement ! Vient alors l’heure de la toilette dans l’espèce d’évier portable en zinc de l’entrée qui est muni d’un réservoir en hauteur qu’il faut remplir d’eau chaude avant emploi… Notre toilette est une attraction de choix pour les 2 gamines dont les frimousses d’espionnes dépassent du rideau.

Nous voilà fin prêts à affronter une nouvelle journée qui s’annonce somme toute tranquille puisque nous avons tout simplement prévu de rester à Kochkor et de nous reposer. La mère du petit propose de nous accompagner et c’est donc en discutant avec elle que nous prenons les rues de Kochkor. SI la ville en elle-même est plutôt sans attrait (c’est un euphémisme) ses ruelles sont finalement assez agréables et nous y retrouvons l’ambiance découverte à Karakol à Pâques : de larges ruelles en terre rectilignes bordées de jolies maisons avec un étage en bois généralement pourvu d’un magnifique balcon plus ou moins sculpté. Des maisons qui ont indiscutablement un air de famille prononcé avec les isbas russes mais quoi d’étonnant ? Finalement ne sont-ce pas les soviétiques qui ont sédentarisé de force le peuple kirghize qui n’aspirait qu’à rester sous les yourtes ? Tout le long des rues, les lampadaires sont tous ornés de « décorations » métalliques accrochées comme des étendards et qui représentent des drapeaux rouges, des étoiles rouges ou encore des faucilles et marteaux…En chemin nous passons devant une maison particulière décorée de faucilles et de marteaux : un nostalgique sans doute ! Pile en face nous entrons dans une maison où l’on croise un vieux papi à kalpak complètement cramoisi et dont la mamie confectionne des shirdaks et autres objets en laine tassée, c’est d’ailleurs pas mal du tout et nous lui achetons quelques bricoles.

Notre guide nous emmène ainsi devant le cinéma de la ville qui bien entendu ne fonctionne plus depuis belle lurette mais dont le parvis d’entrée est constellé de bustes des kirghizes les plus célèbres : poètes, administrateurs, guerriers… Ils y sont tous à l’exception incroyable de Manas, le héro légendaire local ! – Juste derrière se trouve le musée qu’elle nous fait ouvrir tout spécialement pour nous et que nous visitons sans lumière. Un musée en état de délabrement assez avancé mais qui n’est pas sans intérêt : outre une salle de taxidermie légèrement mieux que celle du musée d’histoire naturelle de Khiva (ce qui n’est pas rien !) où nous découvrons une race de marmottes gigantesques, elles ont la taille d’au moins 3 ou 4 de nos marmottes pyrénéennes ! A cette vue nous en concluons que c’est certainement cette bestiole que nous avons aperçue une fois au loin sur un versant de montagne et que nous n’avions pu identifier. Ca explique aussi les énormes terriers que nous rencontrons régulièrement au bord des sentiers de montagne. – D’autres salles retiennent toute mon attention par leur côté nostalgique puisqu’elles sont consacrées à la gloire et à la propagande soviétique ! Affiches de propagande extraordinaires, photos de héros ordinaires que l’URSS aimait ériger en exemple, photos à la gloire du travail et de l’agriculture. Toute une époque que l’état de délabrement de l’endroit et l’absence de lumière renforce. J’adore !

Derrière le musée un parc arboré qui n’est plus guère entretenu accueille un vieux carrousel rouillé où notre accompagnatrice venait jouer lorsqu’elle était petite. La ville toute entière semble s’être figée avec le départ des russes, tout un monde s’est écroulé remplacé par rien. Et les vestiges de cette domination passée ne sont plus que des reliques qui meurent à leur place, dépouillées de leur fonction d’antan. Et c’est finalement par la rue principale et sinistre que nous débouchons sur un bazar miteux sans ambiance particulière où, sans vouloir être mauvaise langue, la moitié des personnes ont l’air franchement dégénérées, et le kalpak national n’arrange rien... C’est comme le parc automobile : un truc de fou ! Jamais vu un tel rassemblement de voitures asthmatiques (enfin pas tout à fait des voitures : des Lada) ! C’est la cour des miracles de l’automobile ! Ca couine, ça grince, ça perd des morceaux, ça roule avec un coffre ou une portière ouverte qui ne ferme plus depuis des décennies… Pas une qui fasse le même bruit, c’est proprement hilarant ! Et je ne parle même pas des bus bancals et bondés, ni des camions antédiluviens qui accompagnent le trafic. Sur les trottoirs quelques yourtes miteuses servent de bar à koumis que l’on vend dans des bidons à lait en remplissant des bouteilles en plastique et que l’on boit kalpak sur la tête !

Nous achetons 2 ou 3 bricoles et prenons le chemin du retour à la maison de Guku, nous tombons ainsi sur la statue de Lénine qui trône toujours sur une petite place ! Un Lénine dont la chute du communisme lui aura fait boire le calice jusqu’à la lie puisque dans son infortune il doit supporter l’humiliation de trôner ainsi juste à l’entrée….d’une banque !!!

Une fois de retour à la Guest-house c’est la grande lessive que nous organisons à la chaîne : Marion frotte, j’essore ! Le manège amuse les gamines qui trouvent le jeu rigolo d’arroser Marion dans son dur labeur, et elle a beau les gronder et leur faire les gros yeux ça ne les impressionne guère… Tu parles d’une maîtresse d’école !!! lol. La lessive terminée et étendue nous sommes conviés au thé dans la cuisine familiale. « D’habitude les gens ne viennent pas ici » nous dit Guku, mais que voulez-vous, elles ont craqué face à notre charme irrésistible et nous sommes dors et déjà devenus des membres de la famille ! Ce partage du thé dans l’espace familial est un pur moment de bonheur où nous pouvons discuter avec elles, ce qui nous permet de constater avec joie que s’il est extrêmement imparfait d’un point de vue grammatical notre russe a tout de même progressé et nous permet désormais de suivre quelques discussions simples hors des sentiers battus. C’est probablement aussi ce qui leur plait en nous : usuellement les touristes de passage ne parlent jamais anglais tandis qu’elles ne parlent rien d’autre que le russe et le kirghize, la communication est donc impossible. Avec nous c’est une révolution puisque les touristes baragouinent en russe ce qui leur ouvre de nouveaux horizons ! Et ce qui nous en ouvre tout autant puisque cet atout considérable nous permet de traverser les pays non plus comme de simples spectateurs contemplateurs mais au contraire en nous permettant d’entrer concrètement dans le pays en allant au contact des gens et en tissant des liens que seule l’apprentissage de la langue peut permettre. Quelle richesse dans notre voyage que cette capacité à communiquer avec les gens !!!

Cette heure du thé est aussi un moment privilégié pour partager un peu la vie de ces femmes sans hommes à l’histoire tragique. Guku avait 2 fils et un mari. En quelques mois sa vie s’est effondrée : Son fils aîné est mort de je ne sais quelle maladie laissant sa belle-fille avec 2 enfants à charge, quelques semaines plus tard son 2ème fils se tuait en voiture. Et un malheur n’arrivant jamais seul son mari en est mort de chagrin quelques mois plus tard… Voilà comment ces deux femmes se sont retrouvées à vivre ensemble avec 3 enfants et sans autres ressources que leurs 2 moutons et leur jardin… C’est le CBT qui leur a ouvert de nouvelles perspectives et leur a permis de rebondir en accueillant des touristes de passage dans leur maison et leur extraordinaire famille débordante de gentillesse et de chaleur… Décidément ce CBT, je ne saurais trop inviter les visiteurs du pays à recourir à leurs services non seulement parce qu’ils sont excellents mais aussi parce que leur objectif est tellement riche humainement.

Pour nous est venue l’heure de retourner dans Kochkor pour nous rendre au seul café Internet de la ville ! Il serait exagéré de dire que d’apprendre qu’il n’y avait plus de connexion fut une grande surprise et nous nous sommes rabattus sur la banque pour y changer 100 euros. Le taux est minable mais bon, nous sommes à Kochkor !... Le guichet est fermé mais une bonne femme m’assure que c’est ouvert… Je poireaute donc jusqu’à ce que je comprenne qu’il faut frapper au volet roulant pour réveiller la personne qui roupille derrière ! Et ça marche, le volet s’ouvre et le change est fait. On voit de ces choses tout de même… Non, le modèle occidental n’a pas encore tout conquis !

Sur la rue principale nus pénétrons dans un magasin « handicraft » extérieurement prometteur mais ce n’est qu’extérieur, à l’intérieur ce n’est pas terrible du tout et ce n’est pas l’espèce de jeune défoncé qui végète dedans qui nous fera changer d’avis. Nous ressortons et pénétrons cette fois chez « CBT Eco Plus » un organisme qui vampirise le nom du CBT pour faire du pur business… Ils ont totalement nuls, sont incapables de situer leurs propres yourtes sur une carte à moins de 20 km près (une bagatelle lorsqu’on est à pied !) et en plus évitent de répondre à toute question pour nous les vendre… Bref, une seule adresse : le CBT, le vrai, qui n’est peut-être pas sur la rue principale mais qui n’a vraiment pas de rivaux que ce soit pour l’accueil que l’on y reçoit, pour la qualité et la précision des infos que l’on nous y donne (gratuitement et avec le sourire), pour leur capacité à organiser impeccablement tout ce qu’on leur demandera, et encore moins sur le plan du projet qui sous tend cet organisme.

Bref, au mur une carte expose toutes les yourtes qui bossent avec eux que je recopie méticuleusement sur nos propres cartes avec le type du CBT derrière mon épaule pour me corriger et me préciser que cette année telle ou telle yourte a bougé de 500m ! Il nous demande notre projet et je lui explique par quel chemin nous comptons nous rendre au lac Song Kol, aussitôt il nous dit que a ne passera pas ! Le col à 4000m est encore enneigé et 2 canadiens ont du faire demi-tour il y a 2 jours, aussi nous expose-t-il plusieurs autres itinéraires possibles en nous exposant les plus et les moins de chacun d’eux, le tout gratuitement ! Certes il peut nous proposer le taxi, le guide, des chevaux mais ce n’est absolument pas une condition pour bénéficier de ses brillants conseils.

Juste derrière leur bureau nous trouvons un magasin Sheppers Life qui est une véritable mine de shirdaks, aligiyis et autres objets traditionnels kirghizes ! Une vraie caverne d’Ali Baba ! Nous y restons un long moment à nous émerveiller des magnifiques tapis que nous déroulons les uns après les autres sans rien acheter. Comment transporterait-on des trucs pareils sur un trek ? Nous verrons au retour.

Enfin pour rentrer Marion veut trouver des fleurs à offrir à Gulu pour leur extrême gentillesse mais ce n’est pas une mince affaire ! Finalement nous nous retrouvons dans une espèce de minuscule kiosque vendant les pires pacotilles et dont la tenancière extirpe de sous son comptoir d’improbables roses ! Chouette ! Gulu aura ses roses. Mais le temps de se dire cela que notre vendeuse les a aspergées de paillettes avant de les empaqueter gauchement ! Nous sommes morts de rire ! Le bouquet est parfaitement ridicule maintenant mais nous supposons que c’est dans les goûts locaux. Il ne nous reste plus qu’à l’espérer en tout cas !

Gulu est toute contente du bouquet et s’empresse de l’enfourner dans un pot qui est disposé à côté de la télé. Mais, sans doute encore un usage local, il est mis tel quel dans le pot de fleur c'est-à-dire sans en retirer l’effroyable emballage…. – Quand à nous commettons la tragique erreur de nous installer dehors sur un banc pour regarder la carte et choisir notre itinéraire. Et paf ! Gulu en profite pour nous porter….. le Grézia !!!!! pas de surprise c’est toujours aussi infect et comme hier c’est la plante qui en subira les conséquences dès que Gulu aura tourné le dos… Comment ces satanés gosses peuvent-ils la poursuivre elle et cette maudite bouteille pour en avoir encore et encore ? Mystère… Car s’il y a des choses auxquelles on peut s’habituer et même apprendre à apprécier (comme le koumis par exemple) je doute fort que le Grézia en fasse partie !!!

Afin d’éviter un possible retour du monstrueux breuvage nous nous rapatrions à l’intérieur et rejoignons la salle télé où toute la famille est captivée par un feuilleton d’aspect encore plus débile que « les feux de l’amour » ! De la pure daube que nous regardons avec amusement et intérêt puisque, nous disent-elles, toutes les télés sont allumées sur cela au Kirghizstan !

Enfin vient le repas du soir pour lequel les deux femmes nous ont concocté de succulents mantis à la kirghize…. Un pur régal dont nous nous gavons car en plus il y a la quantité. C’est donc suffisamment lestés pour ne pas craindre de tomber du lit que nous pouvons aller nous coucher

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