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Le rendez-vous ouzbek
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3 février 2008

Retour épique à Kochkor !(13 juillet 2007)

        6h30 : le coq chante ! Quand je dis le coq il s’agit en fait de la tenancière de la guest-house qui sonne le clairon car le bus pour Kochkor est à 8h00. La toilette est vite expédiée avant que nous attablions pour un royal petit déjeuner comprenant du riz au lait (mon vice !)! Cela fait nous plions les gaules et quittons nos hôtes.
        Le ciel et le soleil sont radieux sur Kyzart qui dans sa très vaste plaine barrée au loin par cette barrière de hautsVers_Kyzart__3_ sommets blancs (Ala-Archa ?) et dernière nous par cette autre barrière, verte celle là, qui cache Song Kol. Le tout offre un panorama superbe dans la lumière du matin. En nous délectant de cette belle ambiance matinale nous tombons sur une rivière qu’il nous faut traverser sur des troncs d’arbres jetés en travers tout en nous inondant les yeux d’images de cet agréable village cerné de tout côtés par de magnifiques cimetières kirghizes.
        Nous sentant hésitants un type nous fait passer dans son jardin pour que nous puissions couper à travers champs sans quoi nous y serions probablement encore tant les rues du villages ne semblent connaître qu’une seule direction… Nous arrivons ainsi à la mosquée et bien évidemment il n’y a absolument rien, pas même la moindre ménagère qui attend ce qui traduit à coup sûr qu’il n’yVers_Kyzart__1_ a aucun bus à espérer… ce que nous confirment 2 types de passages sous leurs kalpaks qui nous apprennent que ce sera au carrefour suivant ce qui commence à faire râler Marion. La route nous fait ainsi sortir complètement du patelin et nous arrivons à ce carrefour au milieu de rien et sommes immédiatement convaincus que nous avons encore moins à espérer ici ! Certes nous sommes à un endroit magnifique mais les probabilités de voir passer ne serait-ce qu’un bourricot ici nous paraissent bien maigres.
        C’est une route absolument déserte si ce n’est cette Lada orange couchée sur ses amortisseurs de gauche qui passe en trombe (pour une Lada orange en côte !). Et finalement nous sommes victimes d’un mirage : au bout de la route une forme jaune penchant méchamment sur la gauche arrive en grossissant et n’en finit plus d’arriver sur nous. Il s’avère que c’est le bus ! Un bus de science-fiction d’au moins 1000 ans dont on voit le moteur à travers une plaque ouverte, une durite débranchée étant obstruée par un bout deVers_Kyzart__5_ bois qui offre en plus l’avantage de caler je ne sais quelle autre pièce. C’est simple la mécanique ici : même moi j’y arriverais !! En clair il est évident que cet amas de ferraille totalement déglingué ne tient plus debout que par la seule volonté du Saint Esprit, et encore je suis sûr qu’il faut qu’il donne tout ce qu’il a…– Et bien évidemment la bête est archi-bondée : pour 22 places assises (en tassant) il y a pas moins de 42 passagers plus leurs volumineux bagages plus des moutons sous les sièges ! Nous entrons de notre mieux en plaçant une jambe ici et l’autre à l’autre bout, puis on se met en déséquilibre en se suspendant à ce qu’on trouve et nous démarrons. Pour ma part mon angle d’inclinaison me prive de mes jambes et je dois voyager tout sur les bras : ça c’est du sport ! Juste devant Marion un gosse n’a qu’un seul désir : gerber, pourtant l’invraisemblable ballottement du véhicule en détresse n’empêche nullement les occupants de roupiller sec. – Sur la Vers_Kyzart__11_banquette arrière j’ai pour ma part repéré une femme avec son bébé de 8-10 mois dans les bras, le gamin connaît des débuts difficiles dans la vie puisqu’à peine est-il décroché du sein de sa mère que celle-ci lui sert un gobelet de l’abominable grézia (non sans en avoir versé 3 litres sur les genoux de ses voisins dans l’opération) et lui fourre dans le bec ! Pauvre gosse… - A mes pieds une mamie monumentale a réussi l’exploit de s’asseoir par terre à grands coups de culs. C’est tout simplement dantesque !
     Suspendu sur des avant-bras qui pleurent j’essaie quand même de me régaler du paysage de collines vertes parsemées de, je crois qu’il est impossible de se lasser de ce spectacle agrémenté de l’apparition surprise d’un lambeau de roulotte pompeusement baptisé « koumis bar ». Assez rapidement nous arrivons au « Pirival Kyzart » (col de Kyzart) où nous étions descendu à l’aller pour attaquer notre marche vers Song Kol. Le bus s’arrête et tout le monde descend comme il peut, en passant dessus, dessous ou les deux à la fois. Dehors des vendeuses de lipiochka, de poissons séchés, de samsas, et bien sûr de koumis et de grézia se jettent sur les passagers tandis que dans le bus vide les moutons bêlent sous les sièges. Les roulottesVers_Kyzart__6_ pourries, elles, font office d’épiceries fines. – je profite de cet instant pour balancer mon volumineux sac à dos sur un tas de bagages dans l’espoir que je pourrais bouger les pieds lorsque nous repartirons.
        Le réembarquement est épique ! Tout le monde passe par dessus hommes et bagages pour regagner sa place sous les bêlement affolés des passagers animaliers : quelle mêlée incroyable ! Nous sommes chahuté comme en plein milieu du pack springbok. Marion se retrouve transportée en plein milieu du bus tandis que pour ma part je me retrouve coincé à l’avant, plaqué contre 2 femmes et un homme eux même écrabouillés contre la porte ! La route défoncée cède la place à une route effroyablement défoncée et provoque désormais l’ouverture spontanée de la porte du chauffeur à chaque virage serré à droite, chauffeur qui se cramponne sec à son volant qui seul semble le maintenir à bord ; à l’inconfort se rajoute le fait d’être secoués comme des pruniers et propulsés les uns contre les autres dans la Vers_Kyzart__8_limite du mouvement encore permis par notre conditionnement. Un  voyage que nous ne sommes pas prêts d’oublier mais hautement pittoresque et rigolo… - J’ai oublié de préciser qu’au col chaque passager s’est embarqué avec au moins 5 litres de koumis (l’endroit doit être réputé ?) auxquels il a bien fallu trouver un espace de stockage, c’est dire si nous sommes entassés comme jamais. Qu’importe le chauffeur s’arrête encore pour faire monter 3 types et le pire c’est que ça arrive encore à rentrer au prix d’une compression empirée, nous sommes 49 !… Dans cette lutte j’ai quand même le temps d’apercevoir le paysage, des sommets de plus de 4000 mètres couverts de glace qui nous écrasent (eux aussi) derrière la première barrière verte, un pont de pierre hallucinant au milieu d’un pré et qui n’enjambe rien du tout, dans ces paysages et ces pentes herbeuses j’imagine une gigantesque station de ski ! Quel sacrilège !
        Enfin les premiers passagers descendent et l’étau se desserre un peu. Le paysage a changé, il est désormais pelé dans les tons blancs (calcaire ?), puis ocres, puis jaunes, puis oranges, puis noirs, puis rouges, c’est fantastique ! Tout cela fait successivement penser à la Capadoce, aux Bardenas, aux sierras des westerns, aux canyons américains, auretour___Kochkor__2_ Nouveau Mexique, sauf que derrière trônent toujours d’immenses espaces verts  et des barrières glacées étincelantes. – Enfin tout s’aplatit, le goudron fait son apparition, les nids de poule s’espacent : nous arrivons à Kochkor qui est à cette heure-ci très animées, ça doit être jour de grand marché je suppose. Nous y retrouvons les hilarants troupeaux de Lada toutes plus pourries les unes que les autres qui subitement nous donnent presque l’impression que notre bus sort juste de l’usine.
        Au bazar nous en profitons pour acheter des pommes et de la farine car nous avions promis une tarte aux pommes à Guku et Gulnara pour notre retour. Il fait très chaud et nous filons à notre guest-house où nous sommes accueillis à bras ouverts tandis que les 3 gamins galopent partout en gueulant joyeusement : « les touristes ! Les touristes ! ». Le thé nous est illico servi avec ce délicieux pain de la mort qui tue, quel régal ! Puis nous sommes conviés à partager une émission de télé ridicule tandis que la gamine de Gulnararetour___Kochkor__1_ (3 ou 4 ans) nous fait une désopilante démonstration de danse kirghize où elle se trémousse et se tort les poignets comme une vraies… Quel numéro celle-là avec ses dents pourries ! Nous apprenons qu’elles n’ont pas eu d’autres touristes depuis notre départ, preuve que le tourisme est encore loin de connaître un développement optimal bien que nous soyons au pied de la piste qui monte à Song Kol.
         Après une grande lessive sous une chaleur accablante durant laquelle la petite danseuse joue avec les cheveux blonds de Marion, nous nous rapatrions dans notre chambre pour une longue sieste éminemment réparatrice. Lorsque nous émergeons à 15h30 nous rejoignons Guku et Gulnara dans la cuisine où d’ordinaire les touristes ne pénètrent pas mais nous sommes les chouchous de tous les chouchous et nous avons même le droit de partager le secret et de participer à la confection des « pilments »,retour___Kochkor__13_ raviolis fourrés à la viande et à je ne sais quoi puis cuits à la vapeur et en tant que chouchou je suis élu meilleur préparateur de « pilments » que Marion mais je doute de l’impartialité de Guku qui m’a à la bonne ! Une fois fait Marion passe à la préparation de la tarte aux pommes dont l’annonce provoque l’euphorie chez les bambins qui filent se défouler dehors ! Si j’ai été jugé au top pour les pilments, Gulnara semble me trouver au taquet sur l’étalage de la pâte puisqu’elle me propose de me remplacer dans cette tâche ingrate, je prends sur moi et lui cède la place pour constater qu’effectivement j’étais bel et bien au taquet… Allez hop !
        Après quelques instants à feuilleter un antique bouquin de propagande soviétique sur le Kirghizstan c’est le retour à la sieste dont Gulnara nous tire dans la soirée pour passer à table. Il faut croire que nous avions accumulé pas mal de fatigue ! A la salle à manger nous nous retrouvons avec un japonais qui vient de débarquer et qui évidemment parle retour___Kochkor__14_très bien anglais et avec qui nous parlons longuement de la France qui l’attire et du Japon et en particulier de Kyoto et des montagnes du centre dont il nous donne sacrément envie ! Et allez ! Une destination de plus dans nos projets ! On ne s’en sortira jamais !!! Quand à lui il en avait marre d’avoir si peu de vacances (15 jours par an) car ça ne lui donnait pas assez de temps pour voyager, alors un beau jour il a plaqué son boulot, fait ses valises et est parti à la découverte du monde… Ca parait tellement simple…
        Nos raviolis sont succulents mais pas plus que notre royale tarte aux pommes dont tout le monde se régale, en particulier les enfants ! Et malgré nos deux siestes de l’après-midi il n’est que 21h30 lorsque nous regagnons la chambre pour éteindre les lumières…

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