Yssik Kul, la fin d'un séjour grandiose (14 au 18 juillet 2007)
Lorsque nous quittons Guku, Gulnara et kochkor, sur un dernier et débectant coup de Grézia, c'est avec la promesse dans le coeur de revenir et ce dès l'été suivant ! Quelle joie cela sera de les revoir ! Mais les vacances tirent à leur fin, et après tous ces efforts à travers les montagnes kirghizes enchanteresses nous n'aurons pas volé le repos que nous nous programmons. En effet nous filons sur le lac Yssik Kul pour nous poser paisiblement sur ses immenses bords, sur une plage déserte. - De Kochkor c'est un taxi complètement barjot qui roule comme un tabanar avec des pneus sous gonflés qui manquent de nous envoyer dans le décor à chaque virage ! A 140 il coupe ses virages à la corde, double sans visibilité... Bref, nous ne sommes pas malheureux de descendre de son cercueil à Balikchi, extrêmité ouest du gigantesque lac.
Balikchi est réellement un bled épouvantable. Moche à souhait on y vend de grandes quantités de poissons séchés qui sont de manière amusante suspendus aux arbres en guise d'étalage : l'arbre à poissons !... Mais c'est avant tout une ville au taux d'alcoolémie monstrueux ! 2 hommes sur 3 déambule en zigzagant, l'haleine chargée de vodka, une vraie visions d'apocalypse... Nous y sommes très mal à l'aise et ne sommes pas malheureux, après bien des péripéties, de monter dans un minibus qui nous emmène loin de ce bled infâme.
1h00 plus tard nous descendons au bord de la route au milieu de quelques maisons perdues au milieu de nulle part, près d'une roulote qui fait office de relais routier ! L'endroit a néanmoins un nom : Chor Boulak. Première chose nous nous restaurons d'oeufs au plat, la seule chose dont la femme dispose avant de couper à travers la pampa pour rejoindre les rives du lac à 30 minutes de marche de la route. Yssik Kul est toujours auss beau avec sa couleur bleu profond et son diadème de sommets enneigées qui le cernent ! Il est toujours aussi immense aussi !Avec ses 180km de long et 70 de larges il est le second plus grand lac alpin du monde après le Titicaca et l'on pourrait y ranger la Corse...
Derrière nous
une frange plate de quelques kilomètres coupée par endroit par des petites
sierras nous sépare d’une nouvelle haute barrière de sommets élancés et barrés
de magnifiques glaciers. En un mot le cadre est sublime. Mais les montagnes
sont rapidement conquises par des orages d’un rare noirceur que nous entendons
gronder furieusement alors que nous nous dorons au soleil ! Et il est
assez extraordinaire de contempler ces déluges et leurs colonnes noires qui tombent
du ciel zébrées d’éclairs sur les montagnes des deux rives ou même sur le lac
lui-même tandis que nous sommes en plein soleil et en pleine bronzette !
Puis les orages se retirent laissant place à la lumière rasante d’un soleil de
fin de journée, une lumière fantastique qui nous offre des photographies
magnifiques !
Nous plantons notre tente dans ce cadre enchanteur. Le soir venu des pêcheurs arrivent, démêlent leurs filets, montent sur
leur barque et la mette à l’eau tandis que nous regagnons notre tente pour la
nuit sous laquelle Marion se livre à un véritable génocide sur la population de
moustiques qui s’y était traîtreusement réfugiée !
Nous passons une nuit magnifiquement douce et bonne, c’est tout juste si nous n’aurions pas pu
nous contenter de notre seul drap de soie pour avoir assez chaud. Ce matin là
nous traînons au lit jusqu’à ce que les rayons du soleil atteignent la toile de
notre abris en le transformant en fournaise, nous nous levons sur un temps
magnifique et un paysage toujours aussi spectaculaire où que nous tournions les
yeux. Pas de bain ce matin encore car l’eau me semble trop froide, un prétexte
à mon manque d’envie qui n’empêche pas ma belle de s’y glisser, elle. La
matinée tire à sa fin lorsque nous nous mettons en route pour le village dans
l’espoir d’y trouver une épicerie ouvert mais c’est peine perdue. C’est donc
dans notre restau roulotte que notre sympathique femme nous sert… des œufs au
plat mais cette fois ci avec une saucisse, on s’embourgeoise !…
Lorsque nous
regagnons notre plage nous y trouvons un troupeau de vaches occupées à faire
trempette dans les eaux du lac tandis que leurs gardiens, deux jeunes garçons
de 15 ou 16 ans débarquent en pleine séance de tartinage de crème solaire. Ils
nous posent quelques questions, s’intéressent à nos bâtons de marche puis se
retirent de quelques mètres pour squatter comme 2 cons qui ne savent pas quoi
faire de leurs 10 doigts. Ils sont pénibles ! Ils ne peuvent pas aller un
peu plus loin et nous laisser peinards ? Finalement ils s’en vont mais
c’est pour mieux revenir avec des chevaux entravant le désir de bain de la Sirène : ils veulent des
photos ! Puis sans autre forme de procès vont se jeter à l’eau. Quand ils
se cassent enfin il se met à pleuvoir et nous n’avons plus qu’à nous réfugier
sous la tente en attendant que ça se passe. Ca ne les arrête pas, le revoilà
qui se pointent et tapent à la toile : cette fois-ci ils veulent l’heure…
Tout semblent indiquer que ces deux là sont les fils à casse-couilles !
Ils sont pires que la gale !
Enfin l’orage
étant passé et le soleil revenu Marion peut enfin prendre le bain dont elle
rêve depuis ce matin ! Mais pour tout dire nous ne sommes plus au
Kirghizstan mais maintenant complètement en France. Nous sommes certes sur les
bords du merveilleux lac Yssik Kol, nous nous dorons certes au soleil tandis
qu’elle se baigne dans les eaux transparentes du lac mais en réalité nous ne
faisons plus qu’attendre que le temps se passe pour sauter dans l’avion. Nous
sommes trop impatients maintenant pour pouvoir pleinement profiter de l’instant
présent. Nous discutons de ce retour en France et de la surprise de notre
arrivée prématurée que nous préparons à maman pour son anniversaire, et aussi
nous parlons et programmons nos prochaines vacances… De vrais enfants
gâtés ! La dessus les orages repointent leur nez et nous contraignent à
une nouvelle retraite sous la tente qui semble durer bien longtemps. Mais la
récompense est fantastique puisque lorsque nous ressortons nous bénéficions
d’une lumière divine et mitraillons à tout va avec l’appareil photo.
Nous avons
alors juste le temps de puiser l’eau du lac pour préparer la soupe, de manger
et de faire la vaisselle avant que la pluie ne reprenne et que nous ne nous
réfugions de nouveau et définitivement pour aujourd’hui sous la tente et dans
les duvets.
La nuit a été
un peu plus fraîche et cette fois-ci le duvet n’a pas été superflu. J’émerge
vers 6h00 et passe de longs moments à contempler non sans une certaine
jouissance sadique des dizaines de moustiques prisonniers entre la moustiquaire
et la toile, m’amusant en outre à les exploser les uns après les autres avec de
petites chiquenaudes. Boudha ne serait pas très fier de moi et je crains fort
qu’il décide de me réincarner en moustique pour m’apprendre ! Puis je sors
me balader dans les environs laissant dormir Marion jusqu’à 10h00. C’est cette
fois l’heure de plier la tente et nos affaires avant de rejoindre notre
roulotte pour de nouveaux œufs au plat, puis de sauter dans le premier minibus
qui passe à destination de Bishkek.
Un trajet qui
semble interminable, sans doute parce que nous sommes désormais pressés de
prendre l’avion, nous n’avons plus que la France et nos retrouvailles avec nos familles et
nos amis. Rien de spécial sur ce trajet durant lequel nous somnolons à moitié
de toute façon. – Une fois à Bishkek nous regagnons notre habituelle
guest-house décrépite mais peu onéreuse et y récupérons les effets que nous y
avions laissé en pension, nous y passons aussi la nuit.
Le dernier
jour au Kirghizstan est une journée de remise en condition des hommes et du
matériel : longue douche, lessive, confection des sacs pour l’avion de
Tashkent et finalement shopping ! D’abord des cochonneries à avaler
(viennoiseries notamment), puis des magasins de montagne où Marion me gatte,
enfin les magasins de souvenirs ou d’artisanat local. Un dernier repas au
restaurant et nous rentrons à la guest-house pour notre dernière nuit ou
demi-nuit puisque nous devrons nous lever à 3h00 pour filer à l’aéroport (le
patron de notre pension nous a affrété une voiture et son chauffeur !).
C’est ce soir là que nous apprenons l’épilogue de l’histoire du chat volant.
Vous vous
souvenez sans doute comment j’avais balancé par-dessus bord le chat voleur de
victuailles qui venait nous dépouiller en pleine nuit avant notre départ pour
la vallée d’Ala Archa. Nous apprenons que le chat en question est une chatte et
qu’elle a refusé de s’alimenter pendant plusieurs jours avant d’accoucher
prématurément de 4 chatons… Comment ne pas y voir un rapport de cause effet ! Je suis du coup tout honteux de
cette expulsion un peu virile que je lui avais impulsivement infligé !
Heureusement que tout se finit bien puisque les chatons vont bien, que la mère
s’en occupe et qu’elle se réalimente…
La nuit est
forcément bien courte lorsque nous devons nous lever et sortir avec nos lourds
sacs. Nous sommes néanmoins contraints de réveiller la fille du proprio car
nous ne parvenons pas à ouvrir le portail, en fait il y a un système où il faut
pousser ou tirer sur la poignée pour pouvoir la tourner… Bref, j’ai pas tout
compris. Dans la rue notre Mercedes nous attend et nous conduit à l’aéroport
dans Bishkek endormie. Les formalités kirghizes n’ont rien de comparable avec
le parcours du combattant ouzbek, notre avion décolle et nous quittons le
Kirghizstan au terme d’un voyage d’une richesse et d’une beauté inouïe,
convaincus que nous y retournerons encore une fois et ce dès l’été prochain
accompagnés nous l’espérons de tous ceux qui voudront nous suivre ! Car le
Kirghizstan c’est sans doute comme le Népal, quand on y va une fois, on est
obligé d’y revenir !