Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le rendez-vous ouzbek
Derniers commentaires
10 février 2008

Découverte de Darjeeling (21/12/2007)

        Réveil tardif à Darjeeling puisqu’il est 9h00 lorsque notre courage daigne nous laisser quitter la chaleur douillette de nos duvets. Dans la chambre il fait un froid de deux canards ! Et comme l’eau chaude c’est seulement entre 16h30 et 18h00 la toilette est vite expédiée.Rue_de_Darjeeling De toute façon et comme toujours ce sont nos estomacs qui commandent et nous ordonnent de nous ruer sur un petit restaurant tibétain pour le petit déj’. C’est une toute petite gargote sur la porte de laquelle il nous faut bourriner pour pouvoir entrer. Nous y sommes accueillis par le Dalaï Lama en personne… souriant dans son petit cadre accroché en haut du mur de face ! Le patron a tout du vieux sherpa reconverti, le teint buriné, la grosse doudoune Salewa et le vieux pantalon de montagne que j’aime voir comme des cadeaux d’expéditions étrangères vers quelques sommets himalayens ! Avec un copain du même acabit  et le jeune cuistot il discutent longuement et calmement de sujets qu m’échappent, le sikkimais, le tibétain ou le népali n’entrant pas dans le champs de mes compétences linguistiques. - Tandis que Marion se laisse aller au délice d’un succulent muesli j’ai opté pour la découverte du pain tibétain. Ce n’est pas mauvais mais ce n’est pas terrible non plus, sa principale qualité tenant probablement au fait que c’est un véritable étouffe-bouddhiste dont chaque bouchée a la consistance d’un repas complet de réveillon !
Kanchenjunga       L’urgence du jour étant l’obtention de nos permis pour le Sikkim nous filons au bureau miteux d’enregistrement des touristes, en fait une vaste pièce décrépie dotée de 4 guichets dont l’un est réservé aux tibétains témoignant que l’exil des tibétains ne concerne pas uniquement le Dalaï Lama et que l’ampleur de la question justifie l’ouverture d’un guichet spécial. Pour notre part des flics hyper agréables, gentils et avenants nous font remplir un papier que nous devrons faire tamponner au « District Government Office » qui est malheureusement fermé aujourd’hui car c’est l’Haïd, fête musulmane fériée ce qui est pour le moins surprenant vu qu’il n’y a pas l’ombre d’un musulman à 200 km à la ronde !!! Si l’Inde célèbre les fêtes musulmanes, hindoues, bouddhistes, chrétiennes, sikhs et autres jaïns, ils ne doivent pas bosser souvent ! - Il ne nous reste donc plus qu’à errer dans cette sorte de capitale mondiale du thé. Darjeeling s’avère être une ville décevante et sans rien de transcendantal, ça a son charme mais ce n’est pas Venise bien que la ville offre une vue magnifique sur le Kanchenjunga et ses gigantesques voisins qui ne semblent cependant pas spécialement effrayants vus à cette distance. porteuse
        Perchée sur une crête qu’elle squatte sur ses deux versants la ville est bâtie en gradins articulés sur des rues parallèles qui la traversent plus ou moins en courbes de niveau reliées entre elles par d’autres ruelles ou des escaliers extrêmement pentus. Le tout est hérissé de maisons et d’immeubles sans charme particulier menant tout en haut à une vaste place principale qui n’en n’a pas davantage avec ses chevaux sur lesquels pour quelques roupees les touristes bengalis font monter des enfants ravis, mais il est vrai que les enfants se contentent toujours de peu... Pour nous, nous sommes quand même un peu déçus car à nos oreilles Darjeeling sonnait comme une sorte de destination légendaire et devait nous réserver bien des merveilles ! Son seul nom nous a même fait faire un détour qui ne s’imposait pas.
        A deux pas de la place principale l’Observatory Hill est bâti d’un Gompa mais celui-ci n’a rien d’inoubliable. A l’exception d’un hallucinant enchevêtrement de milliers et de milliers de drapeaux à prières multicolores accrochés aux petits temples, aux stupas et à toutes les branches de chaque arbre à travers gambadent des ribambelles de macaques dictant leur loi BB_Gompay compris aux visiteurs dont ils volent avec gourmandise les paquets de chips. Si l’endroit n’offre rien d’exceptionnel il baigne néanmoins dans une ambiance finalement très plaisante. En revanche l’Observatory Hill mérite bien mal son nom car quoique situé au sommet d’une colline, le arbres et les drapeaux à prière ensevelissent tout embryon de point de vue. C’est seulement en redescendant de l’autre côté, sur le versant opposé au cœur de la ville que la chaîne du Kanchenjunga se dévoile et étale toutes ses glaces pour un panorama somptueux !
        Il est très agréable de déambuler au hasard de l’autre côté de la ville dans ce qui constitue le Darjeeling non touristique. Les maisons les plus rustiques se succèdent au milieu de quelques autres qui ont du être en leur temps plutôt classes ? En contrebas les champs de théiers s’étalent à perte de vue vers les fonds de vallée. Et c’est finalement sur ce versant que nous plongeons sur le Darjeeling indien, celui des gens vivant chichement dans des ruelles sales et des ruisseaux débordant d’immondices, mais c’est en réalité là qu’est le voyage. C’est également dans cette zone que nous tombons sur notre premier monastère bouddhisto- sikkimo-tibétain : le Buthian Busty Gompa, superbe bâtisse rouge sur fond de kanchejunga éclatant de blancheur. Le portail d’entrée est orné d’affreuses sculptures des monstres à dents de sanglierd_tail_BB_Gompa aux couleurs criardes dans les bleu et vert, mais le gompa, célèbre pour abriter l’original du livre des morts des tibétains, est très beau avec ses superbes fresques encadrant sa double-porte d’entrée dont les anses sont prolongées de tresses de tissu coloré. Les murs intérieurs sont également couverts de fresques servant d’écrin à un portrait du Dalaï Lama. A la fenêtre de l’étage un moine prend l’air et nous restons un bon moment à profiter de l’endroit sans oser pénétrer à l’intérieur… Je le regrette encore !
        Un peu plus loin le centre des réfugiés tibétains n’est pas aisé à trouver et nous devons plusieurs fois demander notre chemin et passer par des sentiers en terre pour l’atteindre. Nous espérions tomber sur un grand centre artisanal mais nous avons fait fausse route : c’est un vrai centre de réfugiés où l’on entre par une allée de moulins à prière, les premiers que nous tournerons (dans le sens des aiguilles d’une montre comme stipulé !) pour atterrir au centre d’une vaste cour au milieu duquel des enfants jouent sur un panier free_tibetde basket fracassé, la cour est entourée de baraquements plutôt glauques et dans laquelle stationne un bus tout neuf « offert par Taiwan ». D’ici se dégage une langueur, une tristesse et finalement un certain malaise. Nous faisons un tour à la boutique d’artisanat qui ne propose rien de palpitant mais dont il est difficile de sortir les mains vides pour venir en aide à ces gens chassés du Tibet par la barbarie chinoise. Une pièce abrite un petit musée racontant l’invasion maoïste et les mille et un méfaits commis par la Chine : 1 million de tibétains seraient morts et le Tibet aurait également été transformé en poubelle nucléaire de la Chine. De nombreuses affiches dénoncent également l’enlèvement et la séquestration par le régime communiste d’un jeune enfant reconnu comme la réincarnation de je ne sais quelle très haute personnalité du bouddhisme tibétain et de toute sa famille. – Amamies côté, dans une pièce minable des vieilles assises par terre dans un dénuement total font de la broderie avec un air de tristesse poignant tandis qu’un autre fait des miniatures. Sur les fenêtres de nombreuses inscriptions faites au feutre réclament la liberté du Tibet et le départ des troupes de la Chine rouge… Plus loin encore un grand hangar abrite une dizaine de métiers à tisser sur lesquels les réfugiés réalisent quelques tapis que d’un point de vue personnel nous trouvons hautement laids. Une simple visite en ce lieu d’une infinie tristesse suffit à vous rendre instantanément solidaire de la cause tibétaine. – C’est seulement à la sortie du centre que nous tombons sur 3 mamies magnifiques et à l’age visiblement canonique que nous tombons sur un sourire, celui de la seule réfugiée qui n’a pas l’air abattue et discute gaiement avec nous toute heureuse de nous voir ingurgiter du Butha_Busty_Gompapain tibétain !!!
        Filant par la route nous remontons le flanc de colline avec toujours les hauts sommets himalayens pour toile de fond et rejoignons la place principale. Là se trouve une grande librairie dans laquelle, selon le Lonely (on va vraiment croire que je fais une fixation !), on trouve toutes les cartes qu’on veut ! De superbes bouquins je ne dis pas, mais pour ce qui est des cartes je me marre ! Un peu jaune quand même car comment allons nous marcher sans carte ? Il commence à faire un peu frais, pour nous en tout cas car pour les indiens on croirait que c’est carrément le pôle nord ! Non habitués à des températures inférieures à 10 °C ils sont emmitouflés dans des doudounes hilarantes et des cagoules ridicules.
        Ne sachant plus trop quoi faire nous battons en retraite à l’hôtel d’autant que c’est l’heure de l’eau chaude qu’il ne faut rater à aucun prix ! C’est pas la douche du siècle mais c’est quand même mieux que le baquet ! – Par contre nous ne parviendrons jamais à comprendre comment ils se débrouillent pour avoir des habitations où il faitpeinture_BB_Gompa plus froid dehors que dedans !!! A quoi bon habiter dedans dans de telles conditions ? C’est pourtant une réalité que nous verrons se confirmer partout, aussi comprendrons nous mieux pourquoi ils s’échinent à la nuit tombée de se réchauffer autour de feux allumés sur les trottoirs ! N’ayant pas cette possibilité nous nous réfugions à la salle de restaurant du haut et ne décollons plus nos fesses du poêle à bois en lisant des guides touristiques en anglais en essayant d’y trouver des informations intéressantes sur le Sikkim.
        Puis nous nous décidons à aller nous réchauffer dans la rue pour rejoindre un restaurant appelé « The Park ». Plus qu’une découverte : une révélation ! Un endroit miraculeux ! dans un cadre accueillant, avec des serveurs débordant de gentillesse et pour 500 roupees à deux (9 euros) nous prenons un repas inoubliable ! drapeauxJe me demande même si j’ai déjà mangé une seule fois aussi bien dans ma vie ! Un feu d’artifice gastronomique ! Le poulet au Curry est certes d’enfer mais lorsque nous passons au poulet aux noix de Cajou c’est une apothéose que vient dignement coiffer une mousse au chocolat divine le tout coiffé d’un merveilleux thé local ! A pleurer de bonheur !!! A lui tout seul ce repas valait le détour à Darjeeling ! Or c’est bien connu chez nous, quand l’estomac va, tout va ! Nous pouvons alors rejoindre la glacière qui nous sert de chambre pour nous réfugier profondément dans nos chauds duvets et avec nos bonnets pour une bonne nuit douillette.

Publicité
Publicité
Commentaires
Le rendez-vous ouzbek
Publicité
Newsletter
Publicité