Gangtok : capitale du Sikkim (24/12/2008)
Nous passons
une bonne nuit même si j’ai dû lutter toute la nuit, attaqué que j’étais par
des tigres et des ours !!! Il faut vraiment que j’arrête les zoos moi…Mais
nous dormons jusqu’à ce que…« POOÊÊÊT ! Boôôôôô.
Ouin-ouuin-ouiiiiiinnnn… » Nous sommes réveillés en sursaut par un vacarme
assourdissant : celui du chant des cors tibétains, des conques, des
trompettes et des cymbales. Un coup d’œil à la montre : il est 5h00 du
mat’… Mais ils sont dingues ces types !!!
Le temps de
nous remettre de notre surprise en nous délectant de l’extraordinaire de
l’instant : il est 5h00 au coeur du Sikkim et nous sommes réveillés
par toutes les sonnailles d’un monastère bouddhiste ! « Merde !
Ils commencent sans nous !!! » - Ni une ni deux nous sautons
directement de nos duvets à nos vêtements si vite que je ne suis pas sûr
d’avoir eu le temps de toucher le sol. Déjà nous sommes dans la rue en quête de
l’Enchey Gompa, un monastère qui domine la ville juste à côté de l’antenne de
télé que nous prenons pour point de repère. La montée est raide et nous prendra
45 minutes au cours desquelles nous croisons de nombreux types qui font leur
footing. Inattendu, surtout à une heure pareille ! Nous sommes contraint de
demander plusieurs fois notre chemin et toujours des gens chaleureux et
sympathiques nous expliquent le cheminement à suivre. Nous tombons notamment
sur un monsieur adorable et content de rencontrer des français d’autant qu’il a
visité Paris tout récemment, apparemment notre bonne vieille capitale lui a
fait forte impression ! Plus loin un militaire de garde devant je ne sais
quel bâtiment et qui doit se geler là depuis des heures n’en perd pas pour
autant sa gaieté et nous salue chaleureusement en nous souhaitant une bonne
journée tandis que quelques longueurs après nous tombons sur un homme aux
cheveux longs assis en position du lotus et plongé en pleine méditation en
plein milieu de la route… Etonnant…
Par contre le
tintamarre qui nous a réveillé est terminé depuis longtemps signe que le
monastère n’est pas du tout en ébullition comme nous l’espérions. Nous serons
nous levés en trombe pour rien ? Oui et non. Oui parce que de cérémonie
nous ne verrons pas. En revanche ce réveil ultra matinal nous permet d’assister
à un lever de soleil exceptionnel sur la chaîne du Kanchenjunga. C’est tout
d’abord la pleine lune qui projette sa faible lumière bleutée sur les glaces
himalayennes, puis le ciel s’éclaircit jusqu’à ce que les premiers rayons de
soleils orangées viennent embraser le 3ème sommet du monde et peu à
peu tous ses acolytes, c’est exceptionnellement beau !
Enfin nous
franchissons le porche d’entrée du gompa et remontons une allée de 171 moulins
à prière agrémentés de chortens et drapeaux à prières et arrivons au gompa
lui-même. Ceinturé de moulins à prières le bâtiment est superbe de couleurs
vives à base de rouge et de jaune comme tous les gompas que nous verrons. Et
toujours le spectacle du lever du jour sur les hauts sommets en toile de
fond ! Superbe. Pendant ce temps des types tournent déjà autour du temple
en faisant virevolter les moulins qui grincent sur leurs axes, et en jetant des
poignées de riz sur les murs. Les premiers moines apparaissent à leur tour dans
leurs toges bordeaux sur chemise jaune-orangée, le plus vieux entreprends à son
tour de dérouiller les moulins à prières tout en balançant un encensoir, le
plus jeune lui est de corvée de balayage des marches du gompa tout en jouant
lui aussi de l’encensoir.
D’un bâtiment
un annexe s’échappe une musique claire accompagnée de coups de gong et d’un
chant caverneux. Comment résister ? Nous osons entrer en ôtant nos grolles
et découvrons 2 pièces pleines de fidèles au milieu desquels 2 moines assis en
lotus récitent des tas de paroles sacrées et jouant du ouin-ouin. Un autel
déborde de bouffe et de billets (tous les mêmes !). Pas convaincus de
n’être pas indésirables nous ne nous attardons pas et les laissons en paix.
Entre temps le soleil est venu allumer le gompa, plus beau que jamais, dans
lequel nous pénétrons après en avoir demandé l’autorisation. Le sol est glacial
et accueille un jeune homme assis en tailleur qui psalmodie tout ce qu’il peut
les mains ouvertes devant le nez tandis que le jeune moine déballe l’argenterie
qui accueillera les offrandes du jour. – Les murs, eux sont entièrement peints
d’hommes bizarres et de monstres effrayants qui tuent en copulent à tout va sur
un fond rouge ! L’un est bleu, a une couronne de crânes et des crocs de
Dracula, ventripotent, plus griffu qu’un tigre du Bengale, il écrabouille des
hommes et porte une ceinture faite de têtes humaines sanguinolentes… il n’a pas
l’air commode le type ! – En face une statue de Buddha se teint
paisiblement assis en pleine méditation. Nous prenons quelques photos pirates
et ressortons.
Nous attendons
un moment dehors, au soleil, espérant qu’une cérémonie se déclenche. C’est
alors qu’un type en jaune s’approche de nous et nous offre à manger en nous
expliquant que c’était pour les dieux mais qu’il lui en reste ! Non loin
des moines passent avec le portable à la ceinture tandis qu’au loin un très
vieux moine se dandine sur un banc en chantant et priant, et en tapant dans ses
mains probablement pour mettre en fuite quelques démons qui rodaient dans le
coin, les fourbes ! Nous profitons de ces instants de magie un long moment
avant de nous en retourner sur Gangtok.
Chemin faisant
nous jouissons encore de vues fantastiques sur les montagnes géantes et
blanches avant de tomber sur une serre d’orchidées que nous visitons
rapidement. A un chemin un soldat en faction nous salue gaiement ; plus
loin une jeune fille nous salue également, nous demande d’où nous venons et
nous quitte en nous souhaitant une « merveilleuse journée ». Ils sont
plus débordants de gentillesse les uns que les autres ! C’est ainsi que
nous atterrissons à un resto où nous engloutissons un plat de pâtes en guise de
petit déj’ tandis que je m’invente un passé de moine tibétain au monastère de
Rumtek pour la plus grande hilarité de mon amoureuse…
12h30, nous
sommes à la sieste quand le tintamarre de 5h00 reprend ! C’est une
conspiration ma parole ! je file dans la rue pour voir, rien… C’est le
gérant de l’hôtel qui m’explique alors que ce sont tout simplement des voisins
tibétains qui font leur prière sur le toit de l’immeuble voisin !!!
Incroyable ! - Puisque nous sommes réveillés autant reprendre notre visite
de Gangtok. Ni une ni deux nous filons vers le palais royal mais pour rien,
l’entrée est interdite comme nous le stipule une femme flic assise par terre et
occupée à tricoter ! Nous passons donc notre chemin en frôlant un
monastère où des moinillons torses nus sont de corvée de lessive. – Sous la
gare supérieure du téléphérique nous trouvons un sentier qui traverse un bois
enseveli sous les drapeaux à prières pour rejoindre la 2ème partie
de la ville en contrebas et la gare de départ cette fois-ci.
C’est là que
nous entrons à l’institut de Tibétologie, sorte de musée du bouddhisme tibétain
aménagé dans un gompa. C’est endroit superbe mais également extrêmement intéressant.
Nous y apprenons ce qu’il faut savoir de la vie de Bouddha et des grands
principes de cette religion himalayenne, la signification de la gestuelle de
Bouddha et de ses potes, etc… En outre des centaines d’objets et oriflammes
anciens sont exposés, c’est saisissant. Nous sommes tout particulièrement
fascinés par des fluttes taillées dans des fémurs, des bols rituels taillés
dans des crânes humains, de la monnaie ancienne, divers ustensiles sans age et
surtout une fantastique collection d’antiques manuscrits bouddhistes !
Ah ! Maman, si tu avais vu ça !!!
Dans un
pavillon annexe est installé un petit musée de photos du 19ème-20ème
siècles sur le Sikkim et le Bouthan. Il faut voir la tronche des anglais qui
découvrirent cette fascinante région du monde, quel choc culturel ça devait
être alors, tant pour les visiteurs que pour les visités ! Le roi du
Bouthan évolue avec le temps, les premières photos le montrent pieds nus et en
tenue traditionnelles, mais petit à petit il se couvre de médailles britaniques
et finit avec des chaussures…
En quittant
cet incontournable endroit nous filons au Do Drul Chorten tout proche. C’est
fastoche, il suffit de suivre les moines ! Nous débouchons ainsi sur un
immense chorten blanc entouré de moulins à prières qui grinces furieusement sur
leur axes ! ici, il y a des centaines de moines, « moinesses »
et moinillons qui déambulent dans une grande décontraction ! L’immersion
est totale ! Les femmes, dont une bigleuse, tournent sans jamais s’arrêter
autour du chorten ; un moine n’en finit pas de faire le tour de son
nouveau 4x4 ; les moinillons jouent comme des gosses ; quand aux
moines des cuisines ils sont plongés en plein fou-rire ! L’ambiance est
surprenante ! On s’attendrait à une grand austérité, à un calme olympien,
à une grande ambiance mystique ! Rien de tout cela, c’est un endroit plein
de vie. Certains prient, d’autres s’amusent ou discutent… le contraste et
étonnant.
Mais tout à
coup tous les moines se mettent en marche comme un seul homme pour rejoindre
une grande salle de prière, profitant au passage pour transformer en toupie
tout moulin à prière qui se met en travers de leur chemin. Avec notre art
consommé du camouflage nous nous mêlons à cette foule jaune et bordeaux, nul
doute que nous passons inaperçus ! Néanmoins nous nous arrêtons à la salle
de prière et regardons la cérémonie par la fenêtre grande ouverte. Nous sommes
étonnés de constater que de nombreux moines n’y assistent pas et continuent à
divaguer dehors. Je crois en fait que c’est pour les moines non confirmés car
une sorte de maître d’école erre entre les rangs, semblant mettre des
notes ! Ce qui n’empêche nullement les plus jeunes de bavarder dans les
rangs, de ricaner, de jouer en cachette avec les portables ou de se balancer
des boulettes de papier… La grande sagesse et la représentation mythique que
nous nous faisions de ces moines constamment à le limite de la lévitation en
prend un coup !
Néanmoins dans
l’ensemble ça se dandine, ça chante, ça récite ses tantras, le tout étant
rythmé par le ouin-ouin des cors, gongs et cymbales, et le bom-bom caverneux
des tambours. Nous tombons quand à nous en pamoison sur un adorable et
minuscule moinillon (il doit avoir 5 ou 6 ans) qui s’emmêle les prières, se
mélange les tantras, mais fait montre d’un sérieux imparable malgré son air
facétieux. Une sorte de mentor dévoué est chargé de l’aider à s’y retrouver
dans ses prières et dans son livre tibétain. – Nous craquons pour lui. Nous
nous disons néanmoins que comme toute religion celle-ci n’est ni plus ni moins
que du bourrage de crâne commencé au berceau… Mais bon, il a l’air heureux ce
gosse, comme ceux qui jouent dehors, et puis au moins il ne vit pas sous une
tente en immondices de Delhi ou de Siliguri. C’est toujours ça !
C’est en taxi
que nous regagnons la partie haute de la ville où nous nous immergeons dans le
bazar, pas terrible, de Gangtok, aménagé dans une sorte de grand parking à
niveaux. Puis, comme c’est Noël, nous filons sur Internet histoire de nous
manifester à nos proches qui s’apprêtent à bâfrer sans nous ! Y’a pas de
raison, nous optons pour le resto le plus chic de la ville : nous aussi
nous réveillonnerons ! Et je profite de ma fuite aux toilettes, à l’étage,
pour faire l’andouille et faire glousser Marion toute seule à sa table… Elle
doit passer pour une débile !!! lol… Nous nous régalons de cuisine
indienne fine et pas trop épicée pour une fois. Nous pouvons alors rejoindre
paisiblement notre hôtel pour une bonne nuit de plus.