De gangtok à Ravangla (26/12/2007)
6h00, notre
lever met fin à une bien sale nuit que j’ai passé à me réveiller sans cesse.
Variante au traditionnel tintamarre de cors tibétains et autres instruments à faire du
raffut du matin nous avons eu en sus comme un type qui passait dans la rue en
faisant tinter une cloche à tout berzingue. J’ouvre les volets : c’est
tout gris. Pffffff… Une demi heure plus tard nous sommes avec armes et bagages
à la gare routière, aujourd’hui nous quittons Gangtok et prenons la direction
du Sikkim profond avec une première étape à Ravangla. – Notre jeep est prévue à
7h00 mais elle est introuvable ! Nous stressons grave et personne ne
semble en avoir rien à fiche. L’explication surgit, le chauffeur se pointe avec
30 minutes de retard, nous pouvons embarquer sur les sièges avant que nous
avions expressément réservé la veille pour que Marion ne soit pas malade cette
fois-ci.
Pourtant nous
ne verrons pas grand-chose au seul motif que nous sommes fracassés et somnolons
au ¾ malgré une route toujours aussi sinueuse et défoncée, si ce n’est
plus ! Mais forcément somnoler dans ces conditions c’est ne jamais trouver
de position adéquate : la tête brinqueballe en tous sens et je me fais
labourer la cuisse à grands coups de levier de vitesse toutes les 30 secondes.
– Nous cheminons ainsi et sans fin au dessus de ravins insondables et à travers
une végétation aussi drue et inextricable que possible ! J’adore cette
ambiance de jungle épaisse où vivent encore léopards, ours, pandas roux, singes
divers et toute une faune encore que nous ne soupçonnons même pas. La
végétation occupe et étouffe tout, dégoulinant des parois abruptes et
dégueulant même dans le vide sur des dizaines de mètres.
Nous franchissons
des rivières en furie haut perché sur des passerelles suspendues limitées à 1
véhicule à la fois et à 5 tonnes, ça se balance dans tous les sens, c’est la
foire du Trône, mais ça passe ! La pente que nous grimpons sur l’autre
versant et effrayante. Tous les 50 ou 100 mètres elle est
coupée par un glissement de terrain ! L’Himalaya est un massif jeune qui
n’a même pas finit de pousser, l’érosion y est donc extrême et à chaque période
de mousson toutes les routes sont emportées en plusieurs endroits. Heureusement
nous sommes là par temps sec mais c’est quand même impressionnant. Aussi
y-a-t’il toujours des chantiers partout pour refaire la route un peu plus haut,
un peu plus bas, où on peut en fait en fonction du morceau qui a été emporté ou
enseveli!
Bon gré mal
gré nous parvenons néanmoins à Ravangla, agréable village perché sur un petit
col à 2000 mètres
d’altitude. De ce fait la vue est ouverte des 2 côtés de la montagne ce dont
nous ne profitons pas car le ciel est bouché. Remontant la sympathique et large
rue principale du village bordée d’échoppes et d’enfants jouant au badminton
nous parvenons à un ravissant petit hôtel : le Melody. La chambre y est
absolument nickel avec une salle de bain propre et en état de marche ! Le
patron a l’air un peu renfrogné mais qu’importe, d’ailleurs il nous sert un
petit déjeuner tardif mais salvateur dans une salle à manger
glaciale avant que nous ne nous offrions une petite sieste indispensable
dont nous n’émergeons qu’au milieu de l’après-midi.
Il est l’heure
de partir faire un tour, nous enquillons une rue-escalier qui part en face de
l’hôtel et s’élève au dessus du village nous offrant une petite vue d’ensemble
très agréable. Bientôt l’escalier se borde d’une forêt de lukpas (je crois que
ça s’appelle comme ça ?), ces magnifiques drapeaux à prière (souvent en
soie) tout en hauteur accrochés à des mats de bambou, puis débouche sur un
porche bancal : nous arrivons à un mignon gompa, rouge et jaune bien sûr,
dont la porte d’entrée et encadrée par 2 énormes moulins à prières que l’on
meut avec peine pour faire sonner une petite clochette à chaque tour. L’endroit
est en grands travaux car on construit un nouveau gompa juste derrière. Dommage
d’ailleurs qu’il ne soit pas achevé car il promet d’être magnifique ! En
effet il aura l’originalité d’avoir une base en pierres apparentes (un travail
magnifique) surmonté d’étages en bois qui sera probablement peint de rouge et
de jaune. Le tout est déjà encadré d’un jardin de murs en pierre et de plaques
de gazon. Et sans compter qu’avec un temps dégagé la vue y sera sans nul doute
splendide. A coup sûr l’endroit vaudra le détour ! Les ouvriers nous
l’annoncent achevé pour la fin de cet été !
L’intérieur du
gompa actuel fait penser à une de nos églises de village de part sa modestie.
Il est sans doute moins beau que bien des gompa mais en revanche il est chargé
d’un charme propre aux lieux simples. Quelques bouddhas, un gong, un tambour
mais aussi quelques masques en bois, un arc et des flèches assurent la déco. Le
temple de l’étage quand à lui semble avoir été converti en dortoir pour les
ouvriers. Je m’intéresse d'assez près au travail du bois pour réaliser les
magnifiques encadrements de fenêtre des gompas tibétains, qui sait si je ne
saurais pas en tirer quelques idées lorsque viendra le jour de retaper une
grange pyrénéenne ? – Autre curiosité des environs : un terrain de
badminton entouré de gradins comme une sorte de stade de foot local, avec 2
cabanes branlantes en tôles pourries en guise de vestiaire ! Après le
cricket le badminton semble être le sport favori des indiens, tous les gosses y
jouent dans les rues entre 2 passages de jeeps.
Nous
poursuivons notre inspection vers un hameau construit autour d’un chorten et continuons sur la piste par laquelle nous atteignons l’entrée du
« Sanctuaire de Maenam », une zone naturelle protégée qui sera notre
point de départ de la rando de demain matin. – Nous pouvons donc faire
demi-tour et rejoindre le centre de Ravangla pour y effectuer 3 courses pour le
lendemain dans une petite échoppe.
A l’hôtel nous
sommes victimes d’une coupure de courant. Pas grave direz-vous ? Puisque
le patron accoure avec une chandelle… Sauf que le cumulus pour l’eau chaude se
retrouve en carafe. Nous tuons le temps Marion à lire, moi à prendre quelques
notes pour le blog jusqu’à ce que le patron finalement très sympathique vienne
sonner la soupe. Retour à la salle à manger qui est un véritable frigo et où un
couple de bengali a attaqué le repas avec doudoune sur le dos et cagoule sur le
groin ! Ca doit être pratique pour bouffer la cagoule ! Mais il faut
dire qu’il fait vraiment très froid… Pas de douche ce soir ? Et merde, si ! A l’eau
froide !... Nous nous jetons alors sous les draps et les couvertures qui pour la
première fois ont une propreté nous permettant de laisser les duvets dans les
sacs à dos. Que demande le peuple ?