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Le rendez-vous ouzbek
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29 septembre 2007

En route pour la vallée de Shamshi (2 juillet 2007) :

C’est vers 8h00 que nous ouvrons les yeux après une nouvelle nuit à la Guest-house, mais seulement après une heure d’étirements et de bâillements divers et variés que nous nous décidons et descendre l’échelle qui monte à notre couche pour aller ramasser notre linge sec. Et décidément ce gîte est un vrai dépotoir ! La maison elle-même n’est pas très clean mais alors l’extérieur est effarant ! Diverses remises branlantes sont encombrées d’un bric à brac indescriptible et décorés d’immondes lambeaux de tissus crades et pourris, des cartons jonchent le sol cernés de ferrailles et autres bidons en plastiques… Le jardin est une friche où trône un antique frigo rouillé, des portes Shamshi__10_cassées, des vieux pneus et d’autres remises décrépites. Pour couronner le tout une bande de poivrots entre et sort comme dans un moulin et déambule au milieu des touristes qui ont trouvé refuge ici en quémandant de la bibine...

L’intérieur est mieux, certes, mais où est le mérite ? C’est moche, triste, gris et d’une propreté toute relative. Les chambres ont été astucieusement aménagées (mais quand même à la « one again ») pour pouvoir y entasser un maximum de monde dans un minimum de place, la salle de bain offre une baignoire douteuse quand aux WC il ne faut vraiment pas être regardant et avoir perdu l'odorat. Bon, ça tombe bien nous ne le sommes pas, regardant, mais quand même, c’est un peu limite comme endroit. Et pourtant je ne saurais pas dire pourquoi mais j’aime bien. Peut-être justement à cause de cette ambiance complètement loufoque et pour les gens que l’on y croise ?… Un lieu de routards mais pas de routards trous-du-cul...

En attendant nous filons sous la sympathique tonnelle au milieu de la friche pour prendre notre petit thé et dévorer les pains aux raisinsShamshi__15_ dégôtés par ma gourmande pour son goinffre au Rumstore ! Et tandis que Marion fait sa toilette je fais la connaissance de 3 jeunes de Singapour qui ont vaguement appris le français à l’école et sont particulièrement intéressés par l’apprentissage des gros mots, jurons  et autres insultes de notre belle langue. C'est d'ailleurs sans honte particulière que j'avoue m'être montré un professeur zélé et efficace ! Ils sont désormais parés pour affronter les bouchons des grands villes françaises ! L’Angliche qui fait du vélo, lui, attend depuis 5 jours qu’on lui délivre un visa kazakh pour reprendre son périple qui le ramènera à Londres. – Paulo quand à lui nous tire sa révérence : il file sur Balikchy d’où il rejoindra Kochkor pour remonter la vallée de Shamshi par l’autre versant et venir chercher sa femme qui le rejoindra à Bishkek avec un ravitaillement de rhum ! Nous sommes donc appelés à nous croiser encore sur un sentier dans les prochains jours, probablement vers le jailoo de Saralaa Saz puisque nous ferons exactement le chemin inverse…

L’endroit étant agréable c’est encore sous la tonnelle que nous bouclons nos sacs. Nous sommes prêts pour notre nouveau départ et Shamshi__5_sautons donc dans un taxi qui nous déposera à la gare routière de l’Est pour y trouver un bus pour Tokmok d’où nous chercherons un taxi pour la vallée de Shamshi. A peine sommes nous arrivés à la gare routière que quelqu’un nous appelle ! C’est Paulo !!! Nous sommes décidément inséparables…2 heures qu’il attend. Par chance nous sommes les 2 qui finissent de remplir son bus et nous partons illico pour arriver 1 heure plus tard à Tokmok qui il est vrai n’est qu’à une 40aine de kilomètres de la capitale kirghize. Tokmok semble être une ville sans attrait dont l’entrée est marquée par l’exposition d’un vieux MIG de l’armée rouge. Adios Paulo et à bientôt !

A peine le temps de poser un pied par terre que nous sommes assaillis par les taxis curieux de voir arriver des touristes ici. Sur la carte nous montrons où nous voulons aller ce qui provoque de sensibles divergences d’opinion puisque les tarifs varient de 400 à 2000 soms !!! Personne ne sera surpris de notre choix : nous prenons celui à 400. Et c’est parti, nous passons par une vieille et tristissime zoneShamshi__1_ industrielle soviétique (verre, pare-brises nous dit le chauffeur) comme en témoignent encore les faucilles et les marteaux qui décorent encore les grilles d’entrée. Marion aperçoit le fameux minaret de Burana mais pour ma part je scrute le paysage en vain.

La météo n’est guère encourageante… Si ici dans la plaine le soleil est radieux et chaud, dès l’entrée de la vallée ça se gâte et c’est de plus en plus noir ! Il nous sera difficile d’échapper à l’orage pensons nous. En tout cas ça sent la saucée à plein nez !!! Mais du coup les paysages baignent dans une lumière splendide : cette lumière des jours d’orage quand le soleil inonde tout et que le ciel est noir. Rapidement la route devient ultra défoncée et nous comprenons mieux les avis divergents des chauffeurs sur le prix de la course car le trajet n’est pas une sinécure pour les bagnoles ! Le chauffeur nous dit que c’est la première fois qu’il vient ici, je crois que si il avait su… Shamshi__6_Finalement vers 1500m nous avons pitié pour la voiture (qui touche parfois) et pour son propriétaire, nous le stoppons, le payons et le remercions chaleureusement. Nous aurions voulu le payer un peu plus (500) mais il n’a pas la monnaie sur 1000. Dommage car il l’aurait bien mérité…

Ca y est, nous voici donc de retour sur nos pieds et les sacs sur le dos, le trek reprend donc dans cette ambiance orageuse. Cette vallée ne ressemble en rien à celle d’Ala Archa. Ici c’est un paysage des grosses collines verdoyantes aux pentes assez douces comme on les imaginerait en Mongolie. Sauf qu’en ce départ de vallée de nombreuses fermes sont plantées dans le décor avec leurs troupeaux respectifs. Plus loin nous devrions rencontrer nos premières yourtes ! En attendant cet évènement nous regardons le ciel de plus en plus noir, c’est imminent ! Aussi aux premières gouttes nous jetons les sacs à terre et montons la tente pour laisser passer leShamshi__2_ déluge au sec… Mais à peine la tente est-elle montée que la pluie s’arrête ! On a l’air malin nous !... Nous n’avons plus qu’à remballer et reprendre notre chemin sous un ciel qui se dégage peu à, peu. L'orage est passé à un kilomètre maximum de notre position : nous sommes vernies !

C’est pour l’instant une large piste et y marcher est un peu chiant. Coup de pot une Lada remonte la piste et s’arrête à notre hauteur parce que nous voulons lui demander confirmation de notre cheminement. Sympa, non seulement le type nous confirme que nous faisons bonne route mais nous propose en plus de nous prendre à son bord. Nous gagnons ainsi 4 ou 5 kilomètres de marche peu attractive. Notre très sympathique et extrêmement gentil serviteur est fier de nous annoncer qu’il est tchétchène, il vit dans cette vallée et aujourd’hui il était à la pêche. Je suppose que c’est lorsqu’il est arrivé à son coin favori qu’il nous arrête et prend la pose pour la photo devant sa voiture avant de nous saluer gaiement lorsque nous nous éloignons.

Nous voilà donc de retour sur cette piste de terre rouge dans un paysage de verdure et le long d’une grosse et jolie rivière… Mauvais présage ça ! Faudra-t-il la traverser cette rivière ??? Ici encore ça va, c’est un peu plat et le courant n’est pas insurmontable, mais plus Shamshi__4_haut ? - Notre première rencontre avec le monde kirghize que nous attendions se produit ici lorsqu’un troupeau de chevaux guidé par un cavalier se jette dans la rivière pour la traverser. Une scène simple, banale, et pourtant elle nous plonge dans l’imaginaire que nous sommes venu chercher ici, cette imaginaire de chevaux, bientôt de yourtes, de cavaliers, de grands espaces et de liberté !

L’instant de contemplation passé nous poursuivons notre chemin toujours dans les mêmes paysages verts même si petit à petit la vallée se fait plus haute et moins large. Sur un replat nous traversons une sorte de ferme en dur avec de l’autre côté de la piste une grande étable en self-service : le bétail entre et sort à sa guise ! Les chiens nous regardent passer avec curiosité et se couchent sous un gros camion bleu sans âge. Enfin 2 yourtes viennent compléter le tableau, nos premières yourtes même si ce ne sont pas encore tout à fait celles queShamshi__9_ nous attendons, question d’ambiance…

Nous atteignons cette fois une ferme équestre située à une patte d’oie. Elle tombe opportunément car nous y trouvons une femme qui vient à notre rencontre et nous confirme que la bonne piste est celle qui s’enfonce dans l’étroit vallon de gauche, ce que nous pensions d'ailleurs mais sans en être fermement convaincus. Et c’est parti ! Cette fois nous quittons le monde des pistes et attaquons une raide montée sur un large sentier où nous croisons bientôt 4 hommes (piétons !!!) heureux de nous voir et curieux de connaître notre provenance et notre destination. Comme toujours lorsque nous annonçons que nous allons à Song Kol à pied nous nous heurtons à un mur d’incompréhension amusée. Au pays du cheval, le piéton passe immanquablement pour un débile !

Nous voici à 2000 mètres et nous commençons à scruter les environs pour nous trouver un chouette emplacement de bivouac. Et paf ! Shamshi__11_Nous rencontrons un cavalier qui vient illico satisfaire sa curiosité avant de me tracer sur le sol et avec un bâton un incompréhensible plan de l’itinéraire qu’il nous faudra suivre. En gros c’est tout droit ! Comme dirait le Nem : ça passe ! – Serviable, il se fait alors un devoir de nous conduire à un bon emplacement pour la nuit et nous le suivons donc tout en discutant. Il vit ici à l’année et travaille dans le bois (je n’ai pas bien compris s’il était garde forestier ou bûcheron) : « ce n’est pas très dur mais c’est mal payé ! » estime-t-il. Il a 2 enfants et aussi des vaches qu’il va d’ailleurs chercher. Pourquoi ne voyage-t-on pas avec une agence demande-t-il ? – Finalement il nous largue près d’un petit pont de planches (encore !) que nous traversons avant de poursuivre mais nous nous retrouvons bloqués par une grosse rivière… Le cauchemar recommence ? C’est ici qu’il voulait qu’on dorme mais c’est un véritable gisement de caillasse. Les kirghizes sont sans doute des rustiques mais nos pauvres petits dos occidentaux ne s’en remettraient assurément pas ! C’est en faisant demi-tour que nous découvrons opportunément un nouveau pont … Enfin… je veux dire 2 troncs d’arbres trempées et couverts de mousse glissanteShamshi__18_ jetés en travers de la rivière quoi. C’est un peu chaud mais ça passe pour tout le monde non sans appréhension ! Oh… Si on était tombé ce n’était pas des flots déchaînés, mais se tremper ici, dans cette vallée humide et froide avec l’orage qui menace, la nuit aurait été un véritable calvaire !

Enfin après 15 minutes de marche supplémentaires nous arrivons à un très joli replat assez éloigné et en surplomb de la rivière pour nous mettre à l’abri de l’humidité nocturne. C’est décidé, nous dormons ici ! Nous nous installons donc tranquillement avant de faire un sort à une plaque de chocolat qui pensait imprudemment pouvoir nous narguer plus longtemps ! Nous avons tôt fait de lui rabattre son caquet avant de nous acharner sur un porridge aux petits oignons… Une conclusion s’impose : nous n’aurons jamais assez de gaz pour tout le périple !

Il commence à faire franchement frais dehors, nous nous réfugions donc bien au chaud sous la tente et dans nos duvets et pouvons nous laisser aller dans les bras de morphée.

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Commentaires
N
Un peu tristounet.... franchement, si vous étiez tombés à l'eau, nous aurions eu un peu de distraction...<br /> Mais qui est cette Nana railleuse et sarcastique ????.....<br /> Il pleut aujourd'hui, ici aussi...... Vive le chocolat !
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Un kilomètre à pieds, ça use, ça use<br /> un kilomètre à pieds, ça use les souliers<br /> Mais ça n'use pas, la plume , la plume<br /> mais ça n'use pas la plume de Stéphane !!!!!
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