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Le rendez-vous ouzbek
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14 octobre 2007

Franchissement du col de Shamshi et arrivée au Jailoo de Sarala-Saz (04 juillet 2007)

Shamshi__35_C’est d’une manière incompréhensible que nous passons peut-être notre meilleure nuit en bivouac de tout le séjour ! Après la sale de journée de la veille et le montage de la tente sur une herbe trempée je m’attendais au contraire à une nuit apocalyptique ! Malgré l’herbe mouillée et la forte pluie de la nuit, pas la moindre trace d’humidité sous la toile au matin : comprend qui peut !!! Mais bon, on ne va pas s’en plaindre non plus, mon humeur avait bien besoin de cette bonne surprise.

En attendant je remonte la fermeture éclair du nylon et découvre ce que le mauvais temps de la veille ne pouvait pas nous faire soupçonner : d’abord il fait grand beau, mais surtout le paysage qui nous entoure est somptueux ! Derrière nous plonge à perte de vue une interminable vallée verdoyante sur laquelle le jeu des nuages et du soleil offre des contrastes saisissants propres à l’Asie Centrale ; devant nous, presque à portée de main s’étalent de majestueux sommets entièrement couverts de glaciers d’un blanc immaculé qui dressent une longue barrière à travers laquelle il est difficile de voir où nous franchirons.Shamshi__37_ Peut-être ce col enneigé là-bas sur la droite ? Mais non, un coup d’oeil sur la carte semble indiquer que nous contournerons tout cela par la gauche par un cheminement qui nous est masqué par un mouvement de terrain. Nous restons un long moment à nous délecter de ce spectacle extraordinaire qui nous accueille au saut du lit (si j’ose dire !).

Mais en souvenir de la veille et des résolutions prises, pas question de s’éterniser : aujourd’hui on démarre tôt ! Non loin de notre installation coule un mince filet d’eau qui nous prête fraîchement son eau claire pour la toilette intégrale : celle qui réveillerais tout un cimetière !!! Le tout est suivi du rituel habituel consistant en la prise du petit déj’ dégueu (je ne m’y ferais pas à ces céréales !) puis au pliage des duvets, tentes, barda et à la confection des sacs. Le temps est radieux, la température agréable, le départ se fait donc en short et Tee-shirt pour continuer de remonter la pente herbeuse qui Shamshi__42_semble cette fois toucher sa fin, le tout face à ces faces totalement blanches qui descendent dans le paysages au fur et à mesure que nous montons.

Ca y est ! A la première bosse la dernière barrière nous apparaît dans son intégralité et de manière surprenante le vert de l’herbe semble céder la place au blanc des glaces et des neiges sans la moindre transition ! Bon j’exagère un peu mais vraiment à peine ! Comment des si gros glaciers peuvent-ils être chaussés d’une zone morainique si retreinte ? Comme il n’y en a quasiment pas, nous n’avons donc pas de moraine à franchir (excepté une minuscule petite bosse) et filons à flanc et remontant quelques gradins faciles dans des paysages toujours plus grandioses au fur et à mesure qu’ils se dévoilent à nos yeux. Chaque pas dévoile une nouvelleShamshi__44_ crête, un nouveau pic étincelant de blancheur avec plus loin ces montagnes vertes infinies où la lumière extraordinaire aime à jouer avec la course ombrée des nuages. Des moments et des images inoubliables ! Nous atteignons bien vite les 3300m, les nuages commencent à se faire plus nombreux et un léger vent nous incite à remettre le pantalon et à sortir la Gore-Tex pour couper le vent.

Toujours à flanc nous nous retrouvons cette fois dans une zone de toute petite pierraille qui glisse sous le pied mais offre en contrepartie un certain confort de marche d’autant que la pente n’est pas trop raide. Nous avons d’ailleurs la surprise d’y trouver des crottins et des empreintes de sabots de cheval décidément omniprésent dans les montagnes kirghizes ! Sans compter qu’ils nous assurent que nous faisons bonne route. Dans cette zone de Shamshi__48_pierraille grise foncée nous pouvons deviner 3 cols distincts séparés les uns des autres d’environ 500 mètres. Sur une carte au 1/200.000ème, difficile de choisir aussi choisissons nous de nous laisser guider par les empreintes de sabots qui nous emmènent évidemment vers le plus loin…. Et l’altitude qui commence à se faire sentir !... Pas longtemps cependant et s’il faut d nouveau puiser un peu dans les réserves nous atteignons sans trop souffrir le col à 3570 mètres.

Un col sinistre, noir, pelé….. Mais alors quelle vision !!!!!! Derrière nous les pics et les glaciers jouent avec les nuages qui projettent leurs ombres magiques sur les crêtes vertes un peu plus bas. Face à nous nous découvrons une petite vallée verte et encaissée avec quelques névés qui fuit sous nos pieds dans le vallon que nous avions hésité àShamshi__53_ remonter la veille… Nous avions fait le bon choix car de toute évidence nous en aurions sacrément bavé en passant par ces très raides pentes là !!! Sur la droite enfin part une sente dans la caillasse mène à second col pas très éloigné en traversée un peu descendante avant de plonger en direction de Kochkor, ‘est notre chemin.

Nous avons tôt fait s’atteindre ce 2d col et entamons notre descente d’abord dans cette même caillasse qui roule sous le pied et sur laquelle nous perdons vite de l’altitude en trottinant pour nous laisser glisser confortablement. A cette caillasse succède… l’herbe, encore et toujours bordés sur notre droite par une très austère crête grise striée de raides couloirs squattés par de sombres névés gris eux aussi. Et comble du bonheur : les ruisseaux Shamshi__55_s’enjambent ici sans avoir besoin de sauter et encore moins d’enlever les chaussures ! Finalement nous retrouvons un bon petit sentier dont le cheminement évident nous mènera tout là-bas, dans la plaine que nous devinons surmontée de nouveau par de lointains sommets enneigés. La route est encore longue et même si c’est en descente, la journée s’annonce encore fatigante d’autant que Marion commence à se plaindre d’une mystérieuse douleur au tibia.

Après 2 bonnes heures de marches nous dépassons un troupeau de vaches visiblement interloquées de voir passer des piétons avec un œil con qui nous engage à nous en méfier… Mais tout se passe sans charge et nous pouvons contourner une large croupe sur laquelle nous voyons détaler un renard et se prélassé des bestioles indéterminées de la taille d’un beau blaireau… Cette fois c’est une très chiante zone de caillasses dissimulées sous de l’herbe haute qu’il nous faut traverser, on ne sait jamais où on pose le pied, ça ripe, ça glisse, ça se dérobe… C’est un coup à se foutre une cheville en l’air des trucs pareils !Shamshi__64_ Mais non, nous nous en sortons sans bobo pour atterrir sur un beau replat herbeux sur lequel sont disséminés les restes de vieux murets. Un endroit qui du haut de ses 2835m s’avère idéal pour se laisser aller à une petite sieste car la fatigue est désormais bien présente : Déjà 7 heurs que nous marchons… Tandis que Marionnette ronfle, je jette un œil sur la carte et me rend compte qu’il va nous falloir remonter de 15 bons mètres pour contourner un chicot, franchir un petit col et basculer enfin sur le Jailoo de Saralaa-Saz, l’objectif de notre journée… Pffffffffffff… c’est que j’en ai plein les bottes et je doute que Marion n’en ait pas autant. Lorsqu’elle ouvre les yeux je propose donc de passer la nuit ici mais non, elle se le sent et veut repartir. Qu’à cela ne tienne nous reprenons notre effort où nous l’avions laissé.

J’avais tort de ne pas la sentir car cette remontée se fait sans aucune difficulté et nous conduit à un grand replat couvert d’Edelweiss à Shamshi__68_l’entrée duquel nous quittons la vallée de Shamshi et à l’extrémité duquel le paysage change du tout au tout pour nous administrer une nouvelle claque inoubliable. Là, juste sous nos pieds s’étale enfin l’immense jailoo de Saralaa-Saz ! Cet immense pâturage semble irréel tant le spectacle est saisissant : large de plusieurs kilomètres et long d’au moins 15 ou 20 kilomètres, c’est une immense tâche verte et plate qui s’étale entre deux crêtes vertes aussi. Une tâche couverte de troupeaux énormes et parsemée de tâches blanches et fumantes : des yourtes ! Enfin nous voici au dessus du mythe que nous sommes aussi venu chercher dans les montagnes kirghizes... Certes être ici nous a coûté bien des efforts mais quelle récompense. Nous restons là de longues minutes, silencieusement perchés sur un rocher à observer les course vert sombre des nuages sur le vert lumineux de ces pâturages enchanteurs… Une image de paradis ! Sublime ! fantastique ! Merveilleux ! Le superlatifs manquent… D’autant que pour achever le tableau nous bénéficions encore en toile de fond une nouvelle barrière blanche qui précède etShamshi__69_ domine probablement notre but final : le lac Song-Kol…

Allez ! Un dernier effort à fournir ! Et c’est parti pour la dernière descente sur un sentier raide et pierreux qui n’arrivent pourtant pas à nous faire détacher les yeux du jailoo et de ces cavaliers qui cavalcadent en tous sens au milieu des troupeaux ! Est-il réellement possible que nous soyons là ? C’est de la pure magie. Presque sans nous en rendre compte nousarrivons au fond d’un ravin qu’il va encore nous falloir remonter de l’autre côté. En attendant nous en profitons pour faire le plein d’eau au ruisseau qui s’y écoule, nous remontons l’autre côté et enfin nous prenons pied sur le jailoo !!!!

Mais là, franchement c’est trop fort ! Mais vous attendrez bien le prochain épisode !!!

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Commentaires
N
Nous sommes en haleine.... <br /> L'altitude du récit et des mots nous coupe le souffle ! Magique ! <br /> Aucune fatigue ou douleur ; nous en voulons encore.<br /> Merci !
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