Arrivée à Delhi (19/12/2007)
Aéroport de
Tashkent et comme toujours maintenant c’est avec inquiétude que nous faisons la
queue au premier poste de contrôle ouzbek, l’expérience nous ayant appris que
c’est à la sortie d’Ouzbékistan que les voyageurs sont attendus de pied ferme
par des fonctionnaires ultra corrompus devenus tatillons à l’extrême dans une chasse effrénée au
bakchich ! (Voir ici : ). Pour
cette fois-ci je suis amené dans un petit bureau discret pour une fouille approfondie
à la recherche de dollars non déclarés, mais le type en est pour ses
frais : c’est Marion qui a le magot et il se trouvera tout maris de ne découvrir
sur moi que 4000 malheureux soums (2 euros) dans mon porte monnaie …
Reste à ne pas
louper l’embarquement car l’affichage c’est du grand n’importe quoi, il faut
tendre l’oreille pour entendre la bonne femme qui traverse la foule en
annonçant une destination, les sourds n’ont qu’à pas voyager ! Nous
finissons néanmoins par embarquer pour 3h30 de vol mais le temps se couvre et
nous ne voyons guère qu’une mer de nuage qui se dissipe au dessus du Pakistan
ou de l’Inde ? - L’arrivée sur Delhi n’a pas besoin d’annonce, l’épais nuage
brunâtre et poisseux annonciateur de l’extrême pollution qui règne sur cette
mégalopole agitée ne laissant aucun doute à ce sujet. Une fois au sol le nuage
de pollution ne nous accordera guère que 200 ou 300 mètres de visibilité :
c’est réellement effrayant !
Le
franchissement de la douane indienne ne nous pose pas de problèmes particulier,
un papier à remplir, un tampon apposé par un fonctionnaire plus intéressé par
ce qui se passe à la télé que par le contenu de notre formulaire, et nous
sortons pour être aussitôt assaillis par des types qui s’annoncent chauffeurs
de taxi. Nous cédons à l’un d’eux pour un bon tarif non sans avoir bien insisté
pour qu’il nous amène à Main Bazar (où nous avons repéré un tas d’hôtels pas
chers sur le Lonely Planet) et non à une quelconque agence de voyage comme le
veut une arnaque courante.
Comme partout
en Inde, mais a fortiori à Delhi, quitter l’aéroport, c’est quitter une zone
protégée, celle de l’Inde financièrement capable de prendre l’avion. De l’autre
côté de ce miroir que se trouve l’autre Inde qui aussitôt nous assaille dans
son incroyable grouillement, dans un trafic infernal où règne en maître
l’insupportable dieu klaxon censé régler une pagaille et une anarchie sans
borne. Pourtant, et sans que l’on puisse jamais s’expliquer comment, ça avance !...
Lentement (la vitesse moyenne d’une voiture à Delhi est de 15km/h…) mais
sûrement. Et au milieu de cette terrible pagaille la misère déjà nous
« agresse » ! Les premières heures en Inde sont toujours je
pense des heures de malaise.
Au milieu d’un
invraisemblable enchevêtrements d’autoroutes, de bretelles, de ponts, sur des îlots
perdus au cœur de la circulation et des gaz d’échappements de gens ont bâti des
tentes faites de bouts de plastiques et autres détritus, et vivent là avec
femme et enfants dans un état de crasse et d’hygiène abominables… Ce sont des
visions épouvantables rehaussées d’images tragiques comme celle de cette femme
qui au milieu des bouchons déambule en brandissant un sanguinolent et purulent moignon
de main enveloppé dans un bandage d’une rare saleté en quête d’une aumône. La
lèpre sans nul doute, ou une saloperie dans le genre... Lâchement, pour fuir
cette réalité qui nous dérange et à laquelle rien ne prépare nous faisons mine
de ne pas l’avoir vue implorant à notre fenêtre et essayons d’avoir l’air de
discuter, plongés que nous sommes dans ce malaise poignant qui nous étouffe.
« Mais qu’est-ce-qu’on fait là ? »…
Pendant ce
temps là notre taxi ne nous emmène dans une ruelle où il veut me faire entrer
dans une… agence ! Le cuistre ! Comme je refuse de descendre et réclame
d’aller directement à notre hôtel c’est un type de l’agence qui vient à la
voiture tandis que je m’énerve rapidement, clamant qu’on ne leur a rien demandé
en faisant mine de récupérer nos bagages et menaçant de ne pas payer la course
en taxi ! Et ça marche : le type de l’agence bat en retraite en
ordonnant au chauffeur de nous emmener à bon port. Une heure que nous sommes en
Inde et déjà ils ont réussi à nous foutre en boule ! Ils sont
forts !... M’enfin, nous finissons tout de même par être déposés à
l’entrée de Main Bazar et c’est bien l’essentiel après tout.
Main Bazar c’est
avant tout une ambiance, une sorte d’île à part dans la ville en particulier le
soir lorsque, comme c’est le cas au moment de notre arrivée, la rue est
interdite à la circulation. Elle est bordée le multiples échoppes et de
restaurants bas de gamme surmontés d’hôtel de la même catégorie où déambulent
les routards (aux looks les plus…extravagants !) en visite ou en transit à
Delhi. Toute la soirée nous nous délecterons du défilé de babas sur le retour et
de néo-babas qui tous ont adopté la panoplie de circonstance : sandales et
châle indien en passant par les amulettes en couilles d’écureuil et le sac baba
en bandoulière qui abrite sans nul doute des cigarettes au contenu qui ne
laisse guère de doute ! Nous décernons sans l’ombre d’une hésitation la
palme à un occidental de 55-60 ans pieds nus, tenues indienne, cheveux longs et
gris tenus dans un bandeau rouge à la Geronimo, look total du gars de 68 qui n’est
jamais revenu, assis par terre dans un bistrot miteux et planté devant
son….ordinateur portable ! J’en ris encore.
Pas étonnant
qu’en cet endroit propice aux commerces les plus douteux je sois accosté à
plusieurs reprise par des indiens qui ont des « produits de Manali »
à me proposer ! Pour les innocents cette ville des montagnes indiennes est
LE grand centre de production et donc de trafic de cannabis indien, il faut
croire que j’ai la tête de l’emploi et j’ignore comment je dois le
prendre… J’aurais au moins pu avoir la curiosité de m’informer sur le
prix !
Le temps de
poser les sacs dans notre hôtel à la propreté douteuse (mais bon, c’est
l’Inde…) que nous devons nous rendre à l’évidence : nos estomacs hurlent
famine ! Nous pénétrons donc dans le premier restau un peu crade qui se
présente (l’Everest je crois qu’il s’appelle) où nous nous régalons néanmoins
de la merveilleuse et épicée cuisine indienne en observant le manège d’une
souris qui galope sous les tables pour y récolter des miettes. Marion surtout
ne la quitte pas des yeux prête à sauter sur la table et à hurler à la mort si d’aventure
elle venait à viser nos chaussures ! – Détail amusant, à la table voisine est
installé un groupe de russe dont nous comprenons désormais un peu la
conversation ! Ils picolent comme des… polonais ! Et le patron
multiplie les aller/retour pour leur porter des choppes roulées dans du papier
journal car comme il n’a pas le droit de vendre d’alcool il dissimule le
contenu des chopines. Il nous avait d’ailleurs annoncé d’entrée qu’il pouvait
nous servir de la bière si on le voulait.
Le ventre
dignement lesté nous pouvons vaquer alors à nos déambulations à travers Main
Bazar où toute boutique justifie une halte de Marion : sandales, tissus,
objets à la noix, bijoux, etc… Heureusement il y a aussi de vraies boutiques
intéressantes et notamment 2 cavernes d’Ali Baba ne proposant quasiment que des
objets en bois : assiettes et bols, statuettes, cadres, meubles, tabourets
hyper bas, nous n’arrivons pas à en sortir et nous promettons déjà d’y faire
une razzia à notre retour ! Lorsque finalement nous partons c’est pour
tomber nez à trompe avec un éléphant et son cornac ! Vision surréaliste
dans cette mégalopole de plus de 10 millions d’habitants que de tomber sur une
scène aussi décalée. Que diable fait ce pauvre pachyderme ici ? C’est là
toute la magie d’un pays où à chaque instant et où que l’on soit peut toujours
survenir la choses la plus invraisemblable ! Amusé un touriste crie à
l’adresse du cornac « taxi ? », celui-ci ne se démonte pas et le
fait grimper sur l’animal ! En voilà un qui va faire une arrivée remarquée
et triomphale à son hôtel !!!
Soûlés du
grouillement, du bruit et de la crasse nous retournons à l’hôtel et commandons
un seau d’eau chaude pour nos ablutions ! Car si nous n’avons quasiment
rien fait et si nous n’avons passé que 2 ou 3 heures sur Main Bazar, la saleté
de Delhi et son extrême pollution a déjà pris possession de nos corps désormais
tout crados et poisseux, comme tout le reste. Mais c’est récuré que nous nous
glissons dans nos duvets pour notre première nuit qui sera calme une fois main
Bazar endormi.
Malheureusement
une mauvaise manipulation lors du chargement des photos nous a fait perdre nos
premières photos de cette première journée à Delhi…