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Le rendez-vous ouzbek
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24 mai 2008

Un réveillon inoubliable à Kecheoplari Lake (31/12/2007)

Aujourd’hui est le dernier jour de l’année ! Une année exceptionnelle encore une fois qui attend déjà avecsikkim_593 impatience sa petite sœur qui s’annonce plus mouvementée encore ! Hasard de nos pérégrinations nous avions passé le premier jour de l’année à danser autours du feu, en Inde déjà, c’est également en Inde et toujours dans l’Himalaya que nous l’achevons, et là encore ce sera autours d’un feu...
        En attendant le bruit léger de l’agitation matinale qui anime Yuksom nous tire délicatement des bras de Morphée. Premier coup d’œil à travers la buée de la fenêtre : il fait beau ! Je me précipite et reçois l’image magistrale d’une immense paroi glacée dans l’œil ! Quelle beauté ! Le temps d’aller prendre quelques photos que déjà nous quittons l’hôtel dont le jeune ne sait bientôt plus comment s’excuser de notre mésaventure de la veille (le vol de notre chargeur de piles), sikkim_667nous expliquant qu’il ne surveillait pas car il faisait le ménage à la maison. Il est gentil mais nous voilà comme 2 ronds de flanc. Il va falloir rationner les dernières ressources des piles qui sont dans l’appareil. Salauds !!!
        Petit déjeuner copieux et plein de délicieuses mauvaises choses au Gupta Restaurant et nous endossons nos sacs pour une avant dernière journée de marche. Nous revenons d’abord  sur nos pas pour rejoindre la sortie du village où des jeunes jouent au foot sur le stade municipal – en fait un vaste espace plat en terre flanqué de deux assemblages de bois se faisant plus ou moins face qui doivent être des buts ? – Mieux encore :  voilà le Post Office, une piteuse cahute branlante équipée d’une chaise et d’un pot de cire dégueu tandis que dehors un cylindre rouillé muni d’une fente et d’un cadenas est probablement ce qu’il reste de la boite à lettres municipale !sikkim_684
        Yuksom c’est le Pérou ! puisqu’à la sortie du village (au niveau de la Poste donc) il y a même un panneau (certes un peu ambigu, cf. photo) indiquant le sentier de notre destination : le Kecheopalri Lake ! Ca descend raide et (Ô joie !) sans escaliers pour rejoindre une piste qui n’existe pas sur la carte : nous apprendrons qu’ici elle porte le nom de « nouvelle route »…Ben oui ! Suis-je bête ?  Juste le temps d’apercevoir un oiseau tout vert avec le dessous des ailes rouge et nous quittons la piste pour emprunter un nouveau sentier qui chemine à travers une jolie forêt rafraîchissante, les maisons y sont rares et nous n’y croisons donc que très peu de monde ce qui nous permet de préserver notre réserve de « namasté ». En revanche pas un qui oublie de nous saluer tandis que les marmots sont aux anges ! Diable ! Ce n’est pas sikkim_696tous les jours qu’ils voient passer un tel équipage !!! Les « namasté » fusent précédant de près les cris d’excitation qui tournent immanquablement aux fous rires si nous avons l’idée de les prendre en photo et de leur en montrer le résultat sur l’écran LCD qu’ils peuvent alors saloper de leurs petits doigts tout crados !  C’est le cas de cette marmaille pouilleuse que je mitraille à Ramgaythang : 3 baraques plantées au milieu d’une pente interminable loin de tout et proche de rien où il nous a fallu franchir quelques murets entre les terrasses de blé qui étalent leur vert tendre entre les bananiers et l’odeur des sous-bois.

        De sentiers en escaliers nous finissons par tomber sur une route en fond de vallée que nous suivons un peu pour franchir la rivière sur une passerelle suspendue à côté d’un pont en fer en construction etsikkim_697 déjà tout rouillé… De l’autre côté est Lethang où je suis accueilli par un type attendant je ne sais quoi au bord de cette route déserte. Sa curiosité satisfaite il coupe court à la conversation et m’invite à repartir… Sympa l’accueil ! A Lethang nous décidons de zapper les chutes du Kanchenjunga arguant qu’une chute d’eau c’est une chute et qu’on en a plein les Pyrénées ! Argument qui nous arrange surtout pour éviter l détour préférant nous engager résolument sur le raide escalier bétonné et pentu qui s’enfonçe dans une épaisse et grasse forêt. Le cheminement est très agréable, à l’ombre et pas trop raide. - Et hop ! Là, une baraque toute seule à flanc de montagne au milieu de quelques terrasses. C’est fou ! Un jour un type est venu ici avec femme et enfants ; il a défriché un morceau de jungle, remué des tonnes de terre pour monter sikkim_707ses terrasses, planté des trucs et des machins, et il vit ici ! Quand on y penses ça parait insensé !
        C’est un peu plus loin que nous croisons un couple d’anglais qui ont couché au Kecheopalri Lake chez un vieux lama dont ils ont un souvenir enchanté ! Ce sont les 2ème à nous en parler, nous retenons l’idée et reprenons notre chemin sur une pente désormais beaucoup plus exigeante pour les mollets ! Tout ça pour redescendre aussi sec et perdre tout le bénéfice de la montée et rejoindre une passerelle au pied de laquelle 2 femmes sont occupées à…. s’épouiller !!! Notre passage ne les émeut guère et ne change rien à leur occupation – C’est une passerelle. Enfin… Ce fut une passerelle en bois ! Car elle est en piteux état la pauvre... Branlante, penchée, ses câbles de suspension ont depuis longtemps dépassé la date de péremption. Quand aux lattes desikkim_703 bois sur lesquelles il faut poser les pieds il ne doit en rester environ qu’une sur deux, les survivantes étant d’ailleurs à l’article de la mort, moisies ou se dérobant sous le pied. Néanmoins nous nous engageons et tout se met à tanguer d’avant en arrière mais aussi de droite à gauche ! Le jeu est rigolo, je suis aux anges tandis que Marion se cramponne à mon T-shirt et c’est ainsi amarré que nous parvenons de l’autre côté.
        Mais la récréation est de courte durée car une pente très sévère et bien longue nous attend. Elle se radoucit à l’approche d’un chouette petit hameau paisible planté au milieu des blés jaunes. Un gamin de 3 ans à peine, seul et livré à lui même, joue sur un muret tandis que le son de quelques voix travaillant probablement dans un champ nous parviennent.
        De pentes en pentes nous atteignons enfin un nouveau village un peu plus actif bordé de drapeaux à prière, signe que nous devons approcher du lieu sacré. Et effectivement après avoir traversé ce joli village sikkim_729nous tombons sur la route qu’il nous suffit de remonter sur un kilomètre pour arriver au parking du lac où attendent taxis et gargotes miteuses. C’est d’ici aussi que démarre le court sentier du Kecheopalri Lake, un lieu hautement vénéré par les bouddhistes sikkimais vu qu’il serait né de l’empreinte de pied de je ne sais quel Dieu au court de je ne sais quelle histoire abracadabrantesque.
        Le petit chemin passe devant quelques temples et chortens et rejoint les rives du lac pour atteindre un petit temple en bois sans aucun intérêt particulier mais à parti duquel la vue s’ouvre sur l’ensemble du lac. Il est charmant, enchâssé dans une cuvette boisée, et cerné de drapeaux à prières qui reflètent leurs couleurs dans les eaux du lac. Face au temple en bois, un ponton bordé de deux rangées de moulins à prières permettent de rejoindre la rive sans s’embourber dans le marécage et d’y déposer dessikkim_727 offrandes. Nous n’avons ni offrandes ni prières mais décidons quand même de retirer nos godasses pour aller faire valser les moulins et sonner les cloches ce qui a pour effet de faire débarquer les nuages. – Il est alors temps pour nous de faire demi tour au milieu des touristes hindous qui se disputent quand au sujet qui doit être celui de leurs prières…
        C’est alors que nous nous restaurons de délicieux chopchuey dans une des gargotes du parking que nous sommes abordés par une jeune fille qui se présente comme étant la fille du lama (première nouvelle !) et nous explique quel chemin il nous faudra prendre pour atteindre le village et dormir chez lui ! Si c’est pas un coup de bol… Le chemin nous empruntons. La cache ! Qu’il est raide ! Tout en terre, sans escalier, glissant, arriver au monastère se fait au mérite ! sikkim_730Nous montons le plus lentement possible pour essayer de ne pas transpirer comme des bœufs et nous y parvenons presque. En haut du sentier la fille nous attend et finit de nous accompagner jusqu’à destination.
        Ce n’est pas un monastère, c’est un village d’une vingtaine de maisons sommaires , complètement paumé et moyenâgeux juché tout en haut d’une crête. On y trouve un gompa de taille normale devancé d’un grand chorten peint en blanc avec le traditionnel œil en haut. L’endroit est merveilleusement paisible, le gens tous souriants et amicaux. Immédiatement nous tombons sous le charme. Pala nous accueille donc chez lui. Et l’entendre il est un ancien lama bouddhiste rentré au village à la mort de ses parent pour être plus proche d’eux. Mais auparavant il a été le cuisinier attitré du Dalaï Lama en personne qu’il a accompagné dans de nombreux voyages à travers le monde entier. D’ailleurs le Dalaï Lama lui-même serait venu un jour lui rendre visite en hélicoptère, la légende voulant qu’à son arrivée l’attendait déjà son plat préféré car Pala l’avait vu dans un rêve ! – Si je n’ai guère desikkim_787 doute sur le fait qu’il ait été l’un des cuisinier de ce bon vieux Dalaï, je suis en revanche plus circonspect sur son passé de lama, la marmaille dont il se revendique le père, sa jeune épouse (il dit avoir 80 ans) et son affection prononcée pour la bouteille n’étant guère en adéquation avec l’emploi… L’explication viendra plus tard.
        Mais pour l’heure, après le traditionnel thé de bienvenue nous partons explorer le village, son monastère banal avec sa forêt de chortens couverts de mousse, son hallucinante école : en fait un baraquement en bois avec des tableaux, et quelques bancs grossiers… Tut ici a un air de bout du monde ! Les maisons sont faites de planches et d’osier tressé, porcs et chèvres râlent dans leurs enclos, les enfants sont de corvée de bois, une femme fait sa toilette dehors avec son gamin, les tout sikkim_755petits déambulent culs nus au milieu de tout cela, une fillette joue avec…. Une machette !!! C’est un endroit enivrant, enchanteur et serein à la fois. Je déambule au milieu de cette micro société qui vit, je suis ailleurs et partout à la fois… Ces quelques heures dans ce village dont j’ignore même le nom (mais en a-t-il seulement un ?)) resteront gravées à jamais.
        A notre retour à la « guest-house », en fait une pièce en osier tressé et un lit de planches, la nuit tombe et un népalais installé au village depuis 2à ans est occupé à allumer un grand feu. Plus doué que moi en la matière, il a tôt fait de tirer de 4 brindilles un vrai feu de la Saint Jean ! Pala, lui, nous préparé un délicieux repas avec ce qu’il avait sous la main et que noussikkim_770 dégustons dehors, les assiettes sur les genoux, assis en tailleur autours du feu. L’ambiance est merveilleuse, la bonne humeur de mise, et les rires fusent au gré de ce que racontent les uns et les autres. Même les enfants les plus jeunes ne sont pas tentés de s’évader pour jouer… Chez nous, on pourrait toujours essayer !!! La télé ou la Playstation auraient vite fait de mettre leur patience à l’épreuve !
        Pala nous raconte ses épopées dans le cortège du Dalaï Lama, il y aurait gagné assez d’argent pour revenir au village et vivre de ses rentes. Nous discutons longuement sur l’Inde ? l’Asie Centrale, l’Europe avant que Pala ne se montre fasciné par une carte du ciel que possède Adélaïde (une autre française, sculpteuse déjantée échouée ici avec son copain allemand). Immanquablement nous voilà plongés dans une exploration des étoiles dans un ciel d’une incroyable sikkim_732limpidité couvert de tant d’étoiles que le noir de la nuit peine à s’y faire sa place ! C’est le 31 décembre et nous passons probablement le plus mémorable réveillon de notre vie, assis là autours d’un feu, profitant de la plus opportune des coupures d’électricité, en compagnie de gens fabuleux que nous ne comprenons même pas (excepté Pala qui parle anglais), une soirée d’un extrême simplicité à regarder les étoiles et à chanter chacun une chanson de chez nous…
        Lorsque nous nous couchons nous sommes déjà en plein rêve. Nous entendons encore tard dans la nuit les cris des enfants qui jouent et les chants qui montent des autres maisons du village.

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