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Le rendez-vous ouzbek
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23 janvier 2007

D' Amritsar à Dehra Dun (25 et 26 décembre 2006)

Amritsar, 3 heures du matin et la montre sonne déjà le réveil... Vive les vacances ! Mais dure est la condition d'aventurier n'est-ce pas ? (lol) C'est avec 1000 peines que nous nous extrayons de nos douillets duvets tandis que nos paupières refusent obstinément de rester ouvertes. Il nous faudra faire preuve de beaucoup de persévérence pour finir de les convaincre. La toilette est sommaire et les sacs bouclés en deux temps trois mouvements. Nous descendons les escaliers le plus silencieusement possible et bien entendu, comme toujours en pareil cas, je fais claquer la porte !... (Nous découvrirons vite qu'en Inde, être discret dans les couloirs de l'hôtel est un comportement hautement anormal ! lol ) Arrivés dans le hall d'entrée nous découvrons deux types inconfortablements couchés sur les bancs de la réception, ce sont les employés de l'hôtel dont l'un nous ouvre la porte... Nous ressentons une sorte de honte coupable à l'idée qu'ils aient été contraints de dormir ainsi uniquement à cause de notre départ ultra matinal... Mais une fois dans les rues vides d'Amritsar  nous constatons vite que des types dorment de la même façon dans quasiment tous les hôtels !

L'ambiance de la ville est surprenante lorsqu'on a connu l'infernal grouillement des même lieux au coeur de la journée, cette fois-ci tout dort ! Quel contraste ! Nous tombons pourtant assez vite sur un rikshaw dont nous acceptons les services pour aller à la gare routière. Nous démarrons, quittons les ruelles et c'est le choc ! Partout dans les rues des gens dorment à même le sol, à peine recouverts par quelques couvertures élimées... Nous nous attendions à de la misère, mais ce spectacle désolant dépasse tout ce que nous avions pu imaginer. Nous faisons le trajet en silence, consternés, dramatiquement éberlués et rendus muets par l'étendu de toute cette misère humaine qui dort répendue sur le sol crasseux d'Amritsar. Nous voyons des chiens qui se sont réfugiés au sommet d'un étalage lui même perché sur une charrette, Marion suggère que c'est pour que les rats leur foutent la paix. Et le plus affreux c'est que l'hypothèse est hautement probable ce qui rend la situation des personnes en haillons à même le sol encore plus révoltante ! Comment peut-on encore trouver le moyen de se plaindre dans nos pays occidentaux ?

Pendant ce temps notre chauffeur nous arrête à la gare.... Oui, mais ferrovière ! Il n'a rien pipé cet apôtre ! Nous lui expliquons que c'est le bus que nous voulons, il a l'air de comprendre cela aussi bien que les logarithmes népériens... Nous lui montrons un plan mais il ne comprend toujours pas et nous sommes donc obligés de le guider à tâton avec le plan du lonely planet sous les yeux ! Et miracle : nous arrivons à la gare routière...Et v'là-t-y pas que le type gonflé, non content d'être nul, de ne pas connaître les endroits les plus élémentaires de la ville et de nous avoir fait perdre du temps décide de nous faire également perder de l'argent : 100 roupies ! C'est vrai que ce ne sont que 2 euros mais pourtant c'est au moins 3 fois le prix normal d'une si courte course... Conclusion : toujours négocier le prix avant de monter !!!
La gare est un grand bâtiment relativement propre qu'est d'ailleurs en train de balayer une équipe de nettoyage. Le bâtiment est entouré de quais numérotés au dessus desquels sont écrits les destinations. Nous trouvons donc sans trop de mal le quai de Dehra Dun. Il n'y a pas un chat, nous commençons à douter de l'exactitude de nos informations horaires. Mais finalement quelques personnes finissent par arriver...Toujours aussi fascinantes entre cette femme aux couleurs châtoyantes et ces sikhs aux turbans décidément surprenants. Nous découvrirons qu'ils ne se le nouent pas sur la tête mais le mettent et l'enlèvent comme un chapeau ! -  Il y a bien une guitoune de réservation derrière nous mais évidemment personne dedans à cette heure-ci ! Sur un banc un type est couché et ronfle sans retenue comme un bienheureux, un peu plus loin un sikh ne nous lache pas des yeux mais à la dérobée, et il suffit que je tourne les yeux vers les siens pour qu'il fasse mine d'examiner le plafond, ses chaussures ou Dieu sait quoi d'autre... Visiblement nous l'intriguons ! Que peuvent bien faire deux occidentaux à la gare ferrovière à cette heure-ci ? Le petit jeu m'amuse beaucoup et jouer avec son regard qui se dérobe m'occupe un bon moment ce qui est bienvenu puisqu'effectivement les infos de l'office de tourisme sont bidon et ce n'est que vers 6h30 (au lieu de 4h) que le bus partira.
Mais finalement notre bus finit par pointer son nez, s'accule au quai et un type installe illico le guichet de vente de billets c'est à dire une chaise sur laquelle il s'installe... C'est évidemment un bus tout pourri mais le contraire eut été décevant. Celà fait tellement parti du voyage dont nous rêvons... Comme tous les bus indiens celui-ci comporte une banquette dans le sens de la longueur à l'avant (à côté du chauffeur quoi...). C'est la place que nous choisissons car elle permet d'étendre les jambes et que le voyage sera long...

Enfin nous 082_Le_chauffeur_est_un_mollardeur_de_premi_re__démarrons et première constatation désagréable : le chauffeur conduit fenêtre ouverte afin de pouvoir se râcler fort discrètement la gorge et de pouvoir mollarder à loisir tous les 10 mètres ! N'empêche que du coup on se caille grave au point que nous finirons par sortir un duvet pour nous rouler dedans... Très vite Marion choisit de terminer sa nuit sur mon épaule tandis que moi, n'y arrivant pas, je regarde ce qui s'offre aux yeux par la fenêtre. Pendant des dizaines de kilomètrres c'est apocalyptique ! Les bas côté ne sont qu'un dépotoir ininterrompu, un tas d'immondices répugnant avec des poches plastiques plein les arbres et les herbes ; le tout est bordé de cloaques infects, petites marres d'eau croupie et surcroupie, verdâtre, et dans lesquels pataugent quelques charrognes de vaches, de chien, de tout... Et c'est dans ce cadre, ces conditions monstrueuses que sont établies sur des kilomètres et des kilomètres de abris, des tentes, des barraques dont les murs sont d'immondices et les toits de morceaux de bâches plastiques récupérés je ne sais où... Des milliers et des milliers de gens vivent la dedans, lavant leur vaisselle, leur linge ou leurs gosses dans l'eau des cloaques ! Tous ces gens vêtus de haillons, des enfants culs nus les cheveux dressés092_Mis_re_habituelle_de_l_Inde_urbaine droits sur la tête raidis de crasse... Je savais qu'il y avait de la misère sur terre, mais comment imaginer celà ? C'est tout simplement monstrueux. J'envie Marion qui en dormant échappe à ces images et desquelles pourtant je suis incapable de me détacher... Comme si je n'y croyais pas.

Finalement nous finissons par quitter cette zone de "bidonvilles" et nous retrouvons à travers le Punjab rural, des rizières à perte de vue qui offrent de magnifiques verts tendres et lumineux ! Un changement radical en somme. Il est vrai que le Punjab est la région la plus fertile d'Inde d'après les guides... Nous traversons de temps en temps des "villages" qui toujours nous rappellent que la misère est partout même si 088_Le_grouillement_d_une_ville_indienne_sur_la_route_de_Dehra_Dunmoins marquée que dans les faubourgs d'Amritsar. Parfois ce sont des petites villes dans lesquelles nous retrouvons toujours un bordel hallucinant : des véhicules dans tous les sens, ce grouillement humain, le bruit, les cris, le concert de klaxon, les vaches, les chars à boeufs.... Quel dépaysement ! Et ce déferlement de couleurs : celle des hommes, des véhicules, des tissus, des étalages. C'est fascinant. - Et puis voici les premières montagnes : nous entrons dans les premiers plissements himalayens et tout de suite quelque chose est frappant : nous ne sommes encore que dans de hautes collines et des vallées plus ou moins encaissés et pourtant le lit de la rivière à sec est énorme ! Nous pouvons deviner alors les crues terribles, impressionantes, dévastatrices que doivent connaître les rivières himalayennes soit lors de la mousson, soit lors de la fonte des neiges de ces gigantesques montagnes que nous ne voyons pas encore. Que nous ne voyons pas encore mais que nous devinons déjà et je suis pour ma part en alerte permanente espérant à chaque virage découvrir ces monstres blancs auxquels je rêve !

Et puis sur ces premières routes de montagne nous avons soudain la surprise de découvrir... des hardes de singes ! Je dirais des macaques mais je ne suis pas primatologue... Ils attendent au bord de la route nullement impressionnés par le traffic ou effrayés par les camions ! Qu'attendent-ils ? Je crois qu'ils doivent être habitués à ce que les indiens jettent tout et n'importe quoi par les fenêtres des véhicules, sans doute y trouvent-ils leur pitance ? Les singes se font omniprésents, ils sont partout et je suis surpris de ne pas en voir un seul écrasé au bord de la route, j'en conclus que le macaque est plus futé que le hérisson européen ! Là encore c'est incroyable : je nous n'avions pas pensé que nous verrions de singes et en voilà des centaines, en liberté... Je ne peux m'empêcher de songer que c'est la première fois que j'en vois en dehors d'un zoo... Deux jours de voyages et déjà des images, des impressions, des émotions et des surprises plein la tête ! Quel bonheur...

094_Gargote_de_maraicher_au_bord_de_la_route_de_Dehra_DunNous franchissons un petit col et basculons sur Dehra Dun. Petite déception personnelle : il me faudra encore attendre un peu car les hauts sommets ne sont pas encore là ! Les montagnes s'élèvent mais je ne crois pas qu ça dépasse encore 2500 à 3000m. Dehra Dun est une grande ville et nous y retrouvons donc l'habituelle saleté urbaine, les échoppes misérables. Ca en deviendrait presque banal ! Après 10 heures de bus nous descendons pour grimper immédiatement dans un rikshaw qui nous emmène à l'hôtel que nous lui avons indiqué. Une fois arrivés le chauffeur descend et va à la réception pour raconter qu'il nous a emmené ici et demander une commission ! Je crois qu'il obtiendra gain de cause... Mais nous ne le verrons pas puisque nous suivons un groom jusqu'à notre chambre en suivant de longs couloirs ornés de photos magnifiques de l'Uttaranchal : la suite du voyage s'annonce splendide ! Notre chambre est correcte sans plus même si nous désespérons de trouver un jour des couvertures et draps non douteux. A croire que les poils de cul sont vendus avec les couvertures !!!! (lol) En tout cas il faut bien reconaître que pas une seule fois en 15 jours nous ne regretterons d'avoir fait suivre les duvets. Le groom n'en finit pas de partir en nous montrant bêtement comment on se sert d'un interrupteur puis en zappant pendant 2 minutes sur la télé des fois que nous ne saurions pas nous servir d'une télécommande...Il est à peu près aussi ridicule que le rabougri de la gare d'Amritsar.  Je crois qu'il voulait un pourliche mais après 10 heures de bus je ne suis pas d'humeur et j'ai surtout envie qu'il nous fiche la paix. Il repartira bredouille... Pas terrible de ma part...

Nous décidons alors de partir à la découverte de la ville et il nous faut remonter une longue avenue des plus désagréables ! C'est très moche et sans aucun charme, et la circulation dense est une menace permanente dont nous avertit un assourdissant concert de klaxons ! En Inde on klaxonne pour tout mais principalement pour prévenir les piétons qu'on arrive puisqu'ici c'est au piéton de faire gaffe à ses miches. Et vu la densité de population, forcément cela signifie que la main ne quitte jamais le klaxon !

106_Echoppe_du_bazar_de_Dehra_DunNous finissons par atteindre les rues dites "piétonnes" du grand bazar de la ville. Un grand bazar où il aurait sans doute été très agréable de déambuler si les cyclo-pousses et les motos incessants ne gâchaient pas complètemet l'ambiance en nous klaxonant perpétuellement à bout portant dans les tympans et en nous forçant de nous tasser sur les côtés toutes les 5 secondes. Nous trouvons néanmoins dans une ruelle un petit temple oublié dans une cour intérieure bordée de quelques maisons décrépies où des indiennes étendant leur linge sur des toits tandis qu'un gamin curieux nous observe depuis l'encadrement d'une porte. Il finira d'ailleurs par procéder à une grande manoeuvre de contournement pour nous épier un peu mieux. Le templion n'est évidemment sur aucun guide et donc forcément, les touristes n'y sont pas légion ! Nous sommes donc une attraction pour le moins inhabituelle ! Il est vrai qu'en dehors de son aspect très simple et peut-être très "vrai", le temple en question  n'offre aucun attrait architectural. En revanche sa simplicité et son air "à l'écart de tout" lui donne un charme terrible.

Chemin faisant nous dégottons un petit cyber-café et décidons d'envoyer un petit mail pour donner de nos nouvelles ! Nous y passons une heure à taper le message car l'ordinateur s'éteint tout seul 3 fois nous obligeant à tout recommencer ! Et pour terminer il n'y a plus de connexion au moment de l'envoyer ! C'est donc raté et nous ne payons pas. - Nous nous contentons de traverser la rue pour entrer dans un petit resto. A l'apéro on nous apporte une petite assiette d'en-cas. Courageux j'en goute un : la vache, c'est épicé ces trucs !!!! Mais étant de caractère joueur je fais le gars surpris que ce soit très doux... Ca ne rate pas ! Marion en prend une bonne bouchée et vive les piments ! Tout à ma joie débile et à mon hilarité j'avise un haricot vert et le croque négligemment presque entier...... C'est l'enfer ! Ce n'est pas un piment, c'est une fournaise ! Marion est bien vengée et ne se prive pas de se gausser de ma tête qui appelle les pompiers ! Je dois passer par toutes les couleurs, c'est horrible. Le repas est un supplice car à chaque fois que je mets quelque chose dans la bouche (fut-ce du pain ou de l'eau) c'est comme si on soufflait sur des braises posées sur ma langue........ Oh la vache !!!....

Nous rentrons à pied à l'hôtel par l'avenue désagréable et nous préparons à la nuit. D'abord : prendre une douche ! Deuxième désillusion, le pommeau de douche ne marche pas et l'eau est à peine tiède. Marion se lave à l'arrache quand moi j'ai un peu plus de chance puisqu'à force l'eau a finit par chauffer. - en Inde il n'y a usuellement pas de papier toilette qui est avantageusement remplacé par un robinet placé à hauteur de hanche destiné à se laver le derrière à la main... Ragoûtant n'est-ce-pas ? Le pommeau de douche ne fonctionant pas c'est accroupi sous le "lave-cul" que je prends ma douche... Un vrai bonheur tant nous nous couvrons de crasse dans les bus et villes indiennes.

Nous passons une bonne nuit et nous levons un poil tard. Direction "l'English book" un super salon de thé / boutique de livres en anglais pour y prendre le petit déjeuner ! Nous arrivons à la boutique avec bonheur car celà nous permet de décrocher de nos manches une femme qui mendie avec ses enfants... C'est avec honte que nous engloutissons avec délectation de succulents gâteaux au chocolat !!! Puis nous fouillons la boutique en quête de cartes de randonnée que le Lonely Planet promet de trouver ici... Que dalle ! Rien de plus prècis que du 1/500.000... Nous prenons néanmoins quelques guides de l'Uttaranchal et une  carte car c'est toujours mieux que rien. - Qu'importe nous prenons un rikshaw pour aller à "Survey of India", un institut public où, toujours selon le Lonely Planet, nous trouverons des cartes... Oui, il y en a plein. Sauf que du fait de la proximité des frontières chinoises et népalaises il nous est impossible de les acheter ni même de les consulter....

Je me souviens d'un indien qui nous racontait que l'Inde est entourée d'ennemis : le Pakistan et le Bangla-Desh musulmans, le Népal et sa guérilla maoïste, la Chine communiste, et même le Sri Lanka... L'Inde est en froid avec  tous ses voisins... Peut-être qu'à un moment l'Inde devrait se demander si elle n'y est pas aussi pour quelque chose ?  Mais non, l'Inde n'a pas l'air décidé à procéder à son auto-critique.

Bref... Pas de cartes... Toujours suivant le Lonely Planet il y a une super boutique d'artisanat indien, une véritable merveille, nous nous y109_Cariole_de_maraicher_a_Dehra_Dun rendons donc. C'est nullissime ! C'est affreux, peu varié, pas toujours de très bonne qualité ! Nous en sortons au bout de 2 minutes... Puisque c'est comme ça nous décidons d'aller chercher le matériel de montagne "de bonne qualité" que (toujours selon le Lonely Planet) nous trouverons au bazar. Nous trouvons les boutiques en question : que du matériel complètement naze !!! De la pure camelotte... Seul point positif : nous y trouvons des bouteilles de gaz coréennes pour notre réchaud. Pour le reste....

Ah je les retiens le Lonely Planet ! Quelle nullité ce guide ! Pas un seul tuyau qui ne soit pas percé ! Mais bon, ce n'est pas grave. Notre voyage est ailleurs !!!!

Cette fois-ci nous retournons à l'hôtel, récupérons nos sacs qu'un groom m'aide à porter. Je suis sans doute de meilleure humeur et il y gagne un pourboire de 20 roupies. J'ai honte d'un si petit pourboire mais les sourires radieux et ses remerciements sans fin semblent signifier que j'ai été généreux... Quelle HORREUR!

Nous filons prendre le bus pour Haridwar...

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Commentaires
R
A Dehra Dun, une pensée sympathique pour le coiffeur du quartier qui à coup sûr m'aurait convaincue de me tailler les cheveux de quelques centimètres.....
Le rendez-vous ouzbek
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