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Le rendez-vous ouzbek
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26 janvier 2007

La "pochta" et nous...

Mais qu'est-ce que la "pochta" me direz vous ? Fastoche, c'est tout simplement la Poste ouzbèke qui mérite à coup sûr un petit post de présentation.
Tout a commencé la semaine dernière lorsque le téléphone sonne. Je décroche c'est l'angoisse : je ne comprends rien ! Une rapide analyse de la situation s'impose, elle conduit à cette conclusion : quelqu'un a l'outrecuidance de croire que je pipe quoi que ce soit à l'ouzbek... J'ai tôt fait de lui prouver le contraire mais elle n'abandonne pas la lutte la bougresse et v'là t'y pas qu'elle m'essaye au russe ! C'est mieux... Mais alors vraiment de très très peu ! Par bonheur j'ai capté le mot magique de "pochta" ainsi que celui de "pakiet"... Bingo ! Le colis de papa est arrivé ! Ô joie !... Mais pour le reste je n'ai pas d'autre choix que de leur demander d'appeler l'école française parce que "oni gavariat i panimaïout pa rouski" (ils parlent et comprennent le russe).
C'est donc Marion qui en rentrant m'apporte les détails de l'histoire : nous devons aller récupérer un colis à la Poste n°52 de Tachkent c'est à dire à 2 ou 3 kilomètres. C'est par un petit footing que nous nous y rendons et donc en sueur que nous arrivons au comptoir.
Le bureau de poste est un long comptoir en bois avec des guichets (en bois aussi), un peu comme dans les banques il y a 25 ans... Ca doit d'ailleurs dater de la même époque si je m'en réfère à l'état de décrêpitude avancée du lieu. Derrière le comptoir règne un bordel invraisemblable de lettres, paquets, sacs de jute en tous genre dont certains ont le privilège de trôner sur des étagères faites maison par le petit frère je pense. "Frantsuskaïa skhola", ils comprennent tout de suite, ils ne reçoivent pas des tonnes de colis en provenance de l'étranger.
Le paquet arrive, il est totalement ficelé par plusieurs tours de ficelle et..... scellé ! Ben oui, de la cire a été coulée sur les ficelles et un sceau apposé. De plus une plaquette en bois est attachée au colis et a subi le même sort ! Ca fait très moyen-âge, c'est exotique à souhait. Ce n'est qu'à ce moment là que nous avisons un espèce de pot de récupération dégoulinant de cire avec une cuillère plantée dedans ! C'est donc une pratique répandue que de sceller les colis.
On nous pèse le paquet afin que nous puissions vérifier que le poids à l'arrivée est le même que le poids enregistré au départ. Vérification des passeports, signature et hop ! Ca y est le paquet est à nous, rempli de victuailles dont les seuls rescapés à ce jour sont le pot de foie-gras et le Sauterne (qui ne passeront pas le week-end) et encore un morceau de saucisson... Quel bonheur quand même que la gastronomie française.

Aujourd'hui c'est l'inverse : nous avons tenté l'expédition de colis... Qui sera l'heureux gagnant ? Surveillez vos boîtes à lettres !!!! Bref, je suis chargé d'aller à la Poste du quartier pour y expédier une grosse enveloppe. J'arrive au minuscule bureau de poste passablement défraîchi de même que son personnel, au moins ça a le mérite d'être harmonieux !... C'est le même genre de guichet mais en un peu plus décomposé, il y a en revanche un peu moins de fouttoir (mais tout est relatif) mais un tas de papiers épinglés un peu partout.
Bien entendu le paquet ne convient pas mais ne me demandez pas pourquoi, je ne comprends pas tout. Elles parlent si mal le russe !!!! lol D'un coup de main la plus jeune, outrageusement maquillée, arrache l'adresse et décolle l'enveloppe ! Je dois alors en sortir le contenu pour vérification, et croyez bien que la fouille est faite dans le détail ! Elles craignent quoi ? Bref... Voilà qu'elle empoigne un petit sac de jute et y fourre tout ! Elle ouvre un tiroir et en sort.......... Une énorme pelote de fil et une aiguille ! La voilà transformée en coûturière puisque c'est en le cousant avec application qu'elle ferme le tout, et croyez moi, personne n'entrera dedans sans tout pèter ! Elle écrit ensuite les adresses directement sur le tissu.
C'est prêt à partir me dis-je.... Que nenni ! Elle sort maintenant le pot de cire et en badigeonne allègrement toutes les coutures qu'elle vient de faire ! Puis elle dégaine son sceau et l'applique vigoureusement un peu partout, faisant probablement doubler le poids du paquet ! Mais vu qu'il n'a jamais été nettoyé le sceau lui même est plein de cire et je doute que son empreinte soit très lisible, m'enfin bon..... Vient alors le remplissage de la déclaration de douane !
Puis c'est la panique pour trouver le prix. 250 soums m'annonce-t-on.... Je veux bien que l'Ouzbékistan ne soit pas cher mais quand même... Ca doit faire dans les 15 centimes, je me doute qu'il y a erreur ! La chef confirme. Elle regarde un papier et le prix passe à 8OOO soums, mais lorsque l'opératrice tape sur son vieux pc (qui tourne encore sous DOS...) le prix redescend à 5200 soum (soit 4,5 euros). Ca y est, le paquet est en route et ça ne m'a pris que 3/4 d'heures.

Tout ça pour dire que c'est rigolo la Pochta....

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Commentaires
M
moi qui ai soif d'harmonie je pense que je trouverai mon compte dans l'administration ouzbek non?
Z
J'ai la nostalgie d'un temps presque révolu en France.... Ah, la modernité nous fait passer à côté de choses authentiques bien sympathiques... Heureusement que l'on peut encore y goûter, à travers des récits plein de malice
Le rendez-vous ouzbek
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