Un vol inoubliable jusqu’à Delhi ! (03/01/2008)
5h30… La rue
de notre hôtel s’éveille et du coup plus personne n’a droit de dormir. Sau
Marion bien entendu : quelle marmotte ! (« je te jure que celle
là, oui hein ! » de qui est cette phrase célèbre ? lol). Moi je
reste allongé, les yeux fermés et au bruit je devine les scènes qui se déroulent
à l’extérieur m’apercevant avec stupéfaction que la crasse, ça s’entend !
7h30, ma belle
s’éveille aussi. Il faut dire que là, juste dehors, ils mettent le
paquet !!! Klaxons, moteurs pétaradants, voix, vaches, charrettes,
piétinements incessants, il ne manque rien ! Le temps de boucler les sacs
et nous nous précipitons en slalomant entre les mendiants, les rikshaws, les
marchands de légumes qui arrosent leurs légumes sur les étals avec l’eau du
caniveau, les immondices que les vaches broutent, les innombrables
sollicitations et les types qui pissent dans la rue jusqu’au seul refuge
connu de la ville : le resto dans le patio ! Et hop, c’est parti pour
le petit déj’, enfin, pour le repas de réveillon que nous nous offrons pour
retarder notre retour dans la rue. C’est l’occasion de détailler les normes
d’hygiène d’un restaurant indien moyen de gamme : un type pieds nus (d’une
couleur….) fait le ménage principalement avec ses pieds, le cuistot sort des
poubelles répugnantes et débordantes avec son tablier qui dût être blanc avant
de replonger illico ses mains dans la tambouille… Bref, de vrais porcs !
Vraiment aucune notion d’hygiène, fut-ce la plus élémentaire…
C’est l’heure
et nous sautons dans un taxi (cher) pour prendre la route de l’aéroport. Le
trajet est toujours le même : ça grouille dans la fange. Tout est
répugnant et fascinant à la fois. L’Inde des villes est un monde qui nous
échappe… Entre le trafic effroyable sur les routes où ça déboîte de partout,
les vaches pourtant couchées en plein milieu, les échoppes délabrées, les
détritus partout, la misère insupportable de ces vagues tentes de poubelles où
s’entassent des familles entières. – Mais maman ! Comment n’as-tu pu pas
voir tout cela lors de ton voyage en Inde ? C’est partout ! Comment
font-ils les Tour Opérateurs pour réussir l’exploit de cacher tout cela à leurs
clients pour ne leur montrer que le côté brillant et clinquant du pays. Je ne
comprends pas…. – nouvelle traversée d’une rivière envahie par une nuée humaine
misérable qui y entasse de vagues tentes, y lave son linge, ramasse des
caillasses, y fait sa toilette ou sa lessive, comme si cette eau noire et
parcourue d’immondices pouvait encore laver quelque chose.
L’aéroport de
Bagdogra est ceinturé de plantations de thé vert tendre superbes et offre un
havre de repos au voyageur ébranlé par le spectacle de l’Inde. Partout tout
n’est que militaires en armes tandis que les contrôles succèdent aux contrôles…
pour ma part je ne m’expliquerais jamais ce que le contrôle de passeport n°4
apporte de plus que le contrôle de passeport n°3 ? Mais bon, c’est comme
ça – Plus loin c’est le type qui nous enregistre qui est un peu au taquet avec
notre e-ticket mais comme il est plein de bonne volonté ça finit par marcher.
Comme souvent
en Inde notre décollage est bientôt retardé et nous en sommes quittes pour
attendre 1h00 de plus en sirotant un succulent thé de Darjeeling qui nous replonge un peu dans le
voyage ! Puis nous avançons vers l’embarquement pour un énième contrôle de
sécurité ! Ils sont débordants de connerie : c’est la fouille
intégrale ! Le moindre objet est observé sous toutes ses coutures et
manipulé du bout des doigts comme une bombe, l’appareil photo étant suspect
nous devons faire la preuve que c’est un appareil photo en l’allumant et montrant
1 ou 2 images. Le tout est étiqueté, tamponné, signé… C’est complètement
débile ! – Et au cas où la fouille aurait été un peu «légère», tandis que
nous poireautons dans la salle d’attente un chien déambule entre les voyageurs,
le flair aux aguets ! Un simple snif sur un bagage et il en connaît le
contenu et passe au suivant, l’air content et insouciant… Il est rigolo à
regarder ce chien.
L’aéroport
indien c’est aussi une rencontre avec l’autre Inde, celle de la minorité qui a
pris le bon wagon (ou est né dedans) et qui peut voyager en avion, où le saree
se fait rare dans cette quête de l’occidentalisation. N’y ont-ils pas troqué
leur âme indienne contre une certaine aisance matérielle ? Est-il si
incompatible que cela d’être riche et de rester attaché à ses racines et à ses
traditions ? Ce sont ceux la même que nous avons vu touristes au Sikkim,
dédaigneux et méprisants envers les gens simples de leur propre pays... Et nous
alors, où sont-elles passées nos traditions ?
Puis c’est
l’embarquement et le décollage avant de nous poser en escale à Guwahati,
capitale de l’Etat tribal de l’Assam. Escale à bord tandis qu’une hôtesse
ramasse les journaux, qu’un type ramasse les poubelles, et que 2 flics (dont
l’un pue plus qu’un troupeau de boucs !) fouillent de nouveau les bagages
à main des fois que des trucs y auraient poussé tout seul ! Complètement
paranos les autorités indiennes ! De nouveaux passagers embarquent dont un
se racle la gorge à s’en arracher l’oesophage… Il se la raclera tout le long du
trajet ce dégueulasse ! – Et nous repartons, cette fois en route pour
Delhi tandis que je note avec amusement que sur les notices e sécurité de
l’avion les personnages sont en saree.
Le vol sera
EX-TRA-OR-DI-NAIRE !!! Je le passerai scotché au hublot tandis que
nous longeons toute la chaîne himalayenne, un spectacle réellement
époustouflant. Il est évidemment très difficile d’identifier un paysage que
l’on ne connaît pas ou alors que de façon sommaire, et difficile d’identifier
des sommets que l’on n’a jamais vu qu’en photo et encore, prises d’en bas. Je
crois pourtant arriver à en situer certains à commencer par le Kanchenjunga
(8586) sublime dans son écrin de glaciers qui dégueulent sur toutes ses faces.
Ensuite c’est plutôt par déduction que j’essaie de deviner les autres monarques
du monde : difficile de se tromper je pense sur la succession rapproché
des Makalu (8463), Lhotse (8516) et bien sûr Everest (8848) tant ce dernier
semble écraser tous les autres malgré un sommet plus ou moins pris par les
nuages ! Il me semble même reconnaître l’hallucinante canine verglacée du
Nuptse (7900 et quelques). J’en déduis que la masse blanche suivante doit être
le Cho Oyu (8201)… Ca se calme un peu mais j’ai du mal à deviner lequel de ces
pics un peu lointain est le Shishapangma (8012) avant que l’ensemble de la
chaîne ne s’élève de nouveau vers le ciel érigeant sans fin une forêt des
sommets monstrueux tandis que nous nous éloignons peu à peu de la chaîne… Je
cherche l’élégante double pointe du Manaslu mais suis-je sous le bon angle,
celui des photos que je connais ? Je ne trouve pas avec certitude quoique
je sois certain de l’avoir quelque part sous les yeux, en revanche l’énorme
massif que je découvre ne peut être que celui des Annapurna (8091) ce que me
confirme la proche présence d’une énorme masse glacée qui doit correspondre au
Daulaghiri (8167) si mes souvenirs photographiques sont justes… Mais la route
de Delhi ne suit plus la chaîne qui finit par disparaître dans le lointain. Je
suis aux anges : en quelques heures je me suis mis pas moins de 8 des 14
sommets de 8000 mètres sous les yeux ! En prime l’immense zone bleutée que j’ai aperçue derrière
la chaîne alors qu’elle s’abaissait était obligatoirement le plateau tibétain.
Que de voyages en perspective !
Un nuage
brunâtre envahissant le ciel annonce notre arrivée sur Delhi et nous nous
posons à travers cet inamovible brouillard de pollution qui enveloppe toujours
la capitale indienne. Récupération des bagages et direction les taxis prépayés
pour éviter toute embrouille ou coup foireux et le chauffeur nous pose à
l’entrée de Main Bazar où nous nous dégotons un hôtel correct à un prix
correct. Le temps de poser les bagages et nous nous lançons dans une frénésie
d’achats : statuettes en bois, boite en bois rouge, bonnets, luminaires,
bijoux, tout y passe ! Ahlala ces filles ! (lol).
Le soir dans
la chambre nous retournons dans notre voyage et en tirons la conclusion que
nous avons seulement survolé le Sikkim car trop de voiture et pas assez de
marche pour pouvoir entrer réellement en contact avec un pays, une population,
une ambiance… La route fait rater bien des choses. Nous en concluons que le
vrai voyage est celui qui se fait au rythme de nos pas ! Mais encore
faut-il en avoir le temps !... Quand à moi je reste néanmoins plus que
ravi par ce voyage malgré une petite frustration : être si près des
sommets mythiques de l’Himalaya mais ne faire que les frôler et les regarder d’un peu trop
loin. Il me faudra bien un jour aller les toucher de plus près. Le Népal
s’impose toujours un peu plus…